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Pourquoi parle-t-on d’un éventuel rachat de la Société Générale ?

Les déclarations d’Emmanuel Macron, se disant ouvert à un hypothétique rachat de la banque française Société Générale par le géant espagnol Santander, ont suscité l’émoi du monde bancaire.

La Société Générale est-elle à vendre ? C’est une courte déclaration d’Emmanuel Macron qui a ébranlé le secteur bancaire en début de semaine, laissant entendre qu’un rachat de la banque française par son concurrent espagnol Santander n’était pas un scénario impossible. Mais en réalité, il est peu probable qu’une telle possibilité se concrétise à l’heure actuelle.

• Pourquoi parlons-nous d’une vente ?

Lors d’une interview lundi soir, la chaîne financière américaine Bloomberg TV a interrogé Emmanuel Macron (en anglais) sur un exemple fictif du géant bancaire espagnol Santander souhaitant racheter le groupe bancaire français Société Générale. A cette question, le président de la République a répondu qu’il était ouvert à un potentiel rachat d’un établissement français par une autre banque européenne, sans avoir explicitement cité la Société Générale dans ses propos.

« Cela fait partie du marché, agir en tant qu’Européens signifie que vous avez besoin d’une consolidation en tant qu’Européens », a déclaré Macron, ajoutant que des fusions transfrontalières pourraient « certainement » être possibles dans le secteur bancaire.

• Pourquoi Société Générale a-t-il été mentionné ?

Si l’on se concentre sur les trois grandes banques cotées au Cac 40, la Société Générale est la moins valorisée par les investisseurs : à supposer qu’un établissement étranger veuille racheter une banque française, elle serait la proie la plus facile. Sa capitalisation boursière pèse 22 milliards d’euros, bien inférieure à celle de BNP Paribas (80 milliards d’euros) ou de Crédit Agricole SA (47 milliards d’euros) – ce dernier appartient d’ailleurs aux banques régionales du groupe Crédit Agricole.

Par ailleurs, la tendance actuelle n’est pas non plus favorable à la « SocGen » : le cours de l’action Société Générale est toujours inférieur de 15 % à son niveau juste avant la pandémie. Et le titre est moins cher que celui de ses concurrents. Selon une présentation de l’établissement en septembre, la valeur boursière de la Société Générale représentait 0,4 fois son bilan (pour simplifier), contre 0,8 fois en moyenne pour neuf autres grandes banques européennes. Or, en bourse, plus une action est bon marché, plus il est théoriquement intéressant de l’acquérir.

Les déclarations d’Emmanuel Macron, même si elles ne citent pas spécifiquement la Société Générale, ont redonné un élan aux spéculations sur la consolidation bancaire.

• Les banques européennes sont-elles trop petites ?

Des appels à la consolidation du secteur bancaire européen sont régulièrement lancés sur le Vieux Continent, notamment de la part de la Banque centrale européenne (BCE). Hormis le géant britannique HSBC, aucune banque d’Europe continentale ou du Royaume-Uni ne figure dans le top 15 des institutions bancaires mondiales en termes de capitalisation boursière, c’est-à-dire de valeur totale des actions.

De plus, après avoir traversé la crise sanitaire, de nombreuses banques ont enregistré des bénéfices records avec la hausse des taux d’intérêt, ce qui leur laisse davantage de marge de manœuvre pour de grandes manœuvres.

• Une telle opération est-elle réellement possible ?

Concrètement, à l’heure actuelle, une opération transfrontalière est une hypothèse peu probable en Europe. Le marché bancaire européen est éclaté entre différents pays où les règles ne sont pas les mêmes (taux fixes en France par exemple et variables dans d’autres pays), ce qui limite les synergies qui seraient générées par un rachat de banque. un pays européen par un autre établissement dans un autre pays. Or, les synergies sont tout l’intérêt d’une opération de rachat.

« Seul un acteur national peut acheter un autre acteur national », a rappelé mardi le directeur général de BNP Paribas, Jean-Laurent Bonnafé, lors de l’assemblée générale du groupe.

Les rachats de petits établissements par de grands groupes d’autres pays européens ne sont pas rares (BNP Paribas a par exemple racheté la banque polonaise BGZ en 2013), mais il est difficile de trouver des exemples entre deux grands acteurs européens.

Jérémy Bruno avec l’AFP Journaliste BFMTV

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Ray Richard

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