NARRATIF– Ce jeune homme est devenu la coqueluche du web francophone en 2017 après un live Facebook où sa mère le surprenait en train d’allumer un feu dans sa chambre. Un « mème » qui n’a pas échappé au comité d’organisation des Jeux olympiques de 2024.
«Nous sommes également très propres». Dans une vidéo postée sur X, le comité d’organisation des Jeux Olympiques de Paris 2024 annonce le nom d’un nouveau relayeur. Et pas des moindres. Baptiste Moirot, aujourd’hui âgé de 29 ans, est devenu une célébrité sur Internet en 2017 alors qu’il était jeune étudiant. Dans un live Facebook devenu viral, on le voit assis par terre dans sa chambre, en sous-vêtements, en train de jouer avec le feu.
Sous l’emprise de deux somnifères, le jeune homme se met à brûler du Kevlar dans une tasse, sous les yeux apeurés de son frère et de sa mère. La réponse de ce dernier, qui ouvre la porte à ce moment-là, est devenue culte : « Mais tu n’es pas clean Baptiste ! » proteste-t-elle. « Mais oui, je suis très clair », rétorque le jeune homme. Il devient alors, malgré lui, un « même » Internet, et sa vidéo est massivement reprise par les internautes de manière parodique.
Dans la vidéo publiée mercredi 10 avril par le compte Paris 2024, Baptiste Moirot se trouve devant les locaux du comité d’organisation des jeux (Cojo) à Saint-Denis et tient la flamme olympique à la main. En fond sonore, le fameux son « mais oui, je suis très clair. »
Dans les minutes qui ont suivi, le jeune homme s’est empressé de remercier ses fans du début, tous réunis sur Facebook, là où tout a commencé. « Nous l’avons fait ! Oui, nous sommes très propres ! »il poste dans le groupe intitulé « Pour que Baptiste allume la flamme olympique des Jeux Olympiques de 2024 à Paris », créé en 2021 pour soutenir une pétition du même nom. Il compte désormais 274 000 signataires.
Approché par Paris 2024
Une pétition est rapidement parvenue aux oreilles de Cojo, d’autant que Baptiste est revenu sur le devant de la scène médiatique. En novembre 2021, il racontait les coulisses de sa vidéo virale devant les caméras du média Brut, à son domicile dans la Drôme.
« Nous avons fait deux allusions (au mème Baptiste, ndlr) sur nos réseaux sociaux, en novembre 2021 et en juin 2023, pour tester l’enthousiasme du public », explique-t-on au comité d’organisation des JO de Paris. « De ces clins d’œil est née à chaque fois une mobilisation de toute une communauté pour que Baptiste porte la flamme ».
Il y a tout juste un an, en avril 2023, le compte TikTok Paris 2024 s’amusait même de la ferveur de sa communauté en mettant en scène Baptiste dans une courte vidéo intitulée « Quand il faudra choisir comment allumer la flamme olympique. » Un test concluant. La poste a collecté plus de 282 000 « J’aime ».
De fil en aiguille, Cojo décide de se rapprocher de Baptiste Moirot. « Nous l’avons rencontré et nous avons été séduits par ce jeune homme, pâtissier dans la vie, jeune père de famille et pour qui les Jeux représentent un grand moment de partage depuis qu’il est petit. »
Du 8 mai au 26 juillet, la flamme olympique passera entre les mains de 11 000 porteurs, de Marseille à Paris. Parmi eux, il y aura des sportifs, des personnalités engagées et des célébrités. « mais aussi des inconnus qui, à un moment donné, se sont mobilisés autour d’eux », précise le COJO. Outre Baptiste Moirot, on compte parmi ces rangs l’acteur Jean-Pascal Zadi, la réalisatrice Alice Diop et le footballeur Jean-Pierre Papin.
Enthousiasme sur les réseaux sociaux
L’histoire a de quoi faire sourire tant elle a surpris les internautes. Sur X, Instagram et TikTok, les références à Baptiste se sont multipliées. Et pourtant, le jeune homme avait laissé de nombreux indices. En juillet 2023, il change sa photo de profil Facebook pour une nouvelle, le présentant devant les locaux du COJO. Puis, le 1er août de la même année, il poste un simple emoji flamme qui avait déjà retenu l’attention de certains membres de sa communauté. « Le copain de la flamme olympique !!! », a alors commenté un utilisateur.
Enfin, en novembre 2023, il publie une nouvelle photo devant le siège de Paris 2024, cette fois-ci… avec un doigt devant la bouche, et le hashtag #secret. « Dire que j’ai signé une pétition pour que Baptiste allume la flamme… Ce serait tellement énorme si cela arrivait »écrit à nouveau un utilisateur sous le message.
A l’annonce officielle de Paris 2024, les réactions n’ont finalement pas été toutes aussi réjouissantes. « Un poisson d’avril un peu tardif », « il va mettre le feu à tout le stade », ironisent certains utilisateurs à propos de X. Mais une chose est sûre, l’initiative fait parler. La vidéo de Baptiste avec la flamme olympique a déjà récolté 25 000 « J’aime » en quelques heures seulement et a été visionné plus de 9 millions de fois.
Les mèmes, un outil de communication
Une ferveur numérique qui montre à quel point les mèmes Internet sont devenus un atout pour une campagne de communication, car ils provoquent toujours une immense vague de commentaires dès l’annonce de leur participation à un projet.
En Italie, le premier TikToker au monde, Khaby Lame (161 millions d’abonnés) s’est fait connaître pour ses sketchs parodiant des vidéos de trucs absurdes aux expressions caricaturales. Depuis, le jeune homme est devenu l’égérie de la marque Hugo Boss, a tourné une publicité télévisée pour Xbox, avant d’être approché par Mark Zuckerberg pour promouvoir son métaverse en 2021.
Pour Baptiste, ce buzz inattendu a fait de lui une icône de la culture web. Aujourd’hui, le jeune homme continue de plaisanter sur cet événement. Elle propose notamment des cours particuliers de cracheur de feu sur la plateforme Superprof, à 30 € de l’heure. Mais il réalise aussi des vidéos personnalisées au même prix pour les particuliers et 50 € pour les entreprises sur la plateforme Vidéoleo.
Si le jeune homme s’assure un petit revenu supplémentaire avec ces vidéos, il écrit que« une partie des gains est reversée à l’association L214, à l’association Sea Shepherd et à l’ONG de défense des océans ». Il précise d’ailleurs qu’une dédicace de sa mère est aussi possible avec la fameuse phase « mais tu n’es pas clean Baptiste ? ».