C’est l’un des cœurs battants du Off du Festival interceltique de Lorient : la place Aristide-Briand ! Une scène et un chapiteau partagés lancés par les patrons d’Eat Sushi, L’Aristide et Le Parisien et jusqu’à 5 000 personnes se sont rassemblées devant de superbes concerts. Mais cette année, on risque de ne pas vivre la même effervescence. La fan zone a été supprimée : « Il n’y aura pas de scène partagée, pas de chapiteau partagé. Des animations musicales douces sont tolérées, mais pas de concerts pour ne pas risquer d’attroupement », résume un gérant d’un des établissements de la place. Les raisons : les effectifs réduits de CRS, avec l’organisation des Jeux olympiques, ou le climat de tension en Nouvelle-Calédonie. « Des aménagements ont été réalisés pour réduire le nombre de fan zones. Pour cette édition 2024, il n’y aura pas de scène partagée. Toutefois, selon un cahier des charges élaboré avec l’ensemble des parties prenantes et partagé en amont avec les cafés concernés, les animations musicales sont autorisées au sein des cafés de la place, à condition qu’elles restent sobres, présentent un faible niveau sonore (privilégiant l’acoustique), et ne génèrent pas d’affluence sur la voie publique », explique la préfecture du Morbihan.
« Tout le monde a le droit, sauf chez soi »
Une décision préfectorale, « dure à prendre », pour Céline Conan, propriétaire du bar Le Bossa, même si elle « comprend et entend tout à fait les raisons, mais tout le monde a le droit sauf notre lieu. On ne comprend pas que ce ne soit pas pareil pour tout le monde ». La fan zone de la place Polig-Montjarret sera maintenue. Les gérants de bars et restaurants, dont certains, amers, ne préfèrent pas s’exprimer, ont pourtant cru pouvoir maintenir leurs événements. « En janvier, on nous a dit OK et deux ou trois mois après, ils ont dit non pour les groupes que nous avions choisis. Il fallait trouver quelque chose de plus soft », rapporte Céline Conan. Nicolas Ribaud, gérant du restaurant Eat Sushi, comprend la décision préfectorale mais déplore « une décision un peu tardive. On nous a proposé des groupes acoustiques mais cela n’a pas de sens pour nous ».
Une perte de revenus « énorme »
La décision a contrarié les bistrotiers car « l’ambiance sur la place est familiale. Il n’y a pas eu une seule intervention de la police ou des pompiers l’année dernière et on nous dit non ! On ne comprend pas », assure la gérante du Bossa. L’année dernière avait été une très bonne édition pour les commerçants, « l’un des plus gros festivals depuis des années », assure-t-elle. Alors les professionnels savent que cette année, « le manque à gagner sera énorme ». Le Parisien installera tout de même un chapiteau et assurera « un peu d’animation musicale, tous les soirs, à partir de 19 heures ». Le Bossa n’a pas non plus renoncé à la musique, avec des concerts prévus du mercredi 14 au samedi 17 août. « On veut qu’il y ait un peu d’ambiance ». Nicolas Ribaud est un peu pessimiste : « Je ne l’espère pas, mais je pense qu’à 21 heures, il n’y aura plus personne sur cette place. Cela montrera que ce qu’on a mis en place l’anime vraiment ». Et la préfecture de rassurer : « Ce format particulier, tant pour le FIL que pour le festival off, s’explique par le contexte particulier des JO et n’a donc pas vocation à se renouveler. »