Pourquoi Norris a dû laisser son coéquipier Piastri remporter sa première victoire en F1
Le pilote britannique Lando Norris, confortablement en tête du Grand Prix de Formule 1 en Hongrie, a cédé à contrecœur aux exigences de son ingénieur et c’est son coéquipier chez McLaren, Oscar Piastri, qui a remporté sa première victoire.
Toutes les conditions étaient réunies pour un week-end parfait pour McLaren. Sur le papier, oui, puisque l’écurie orange a signé un doublé dimanche 21 juillet au Grand Prix de Hongrie. Partis de la première ligne – une première depuis 2012 – les monoplaces de Lando Norris et Oscar Piastri ont mené la course de main de maître, sans être poussés dans leurs retranchements, sauf au départ. Au vu des récentes performances de McLaren, la grande inconnue est vite devenue l’identité du vainqueur sur le Hungaroring.
Après 70 tours, c’est finalement le plus jeune pilote du plateau, âgé de 23 ans, qui monte sur la plus haute marche du podium. Une première pour Oscar Piastri, qui l’obtient dès sa deuxième saison dans l’élite. Il doit sa première place non seulement à son talent, mais aussi à l’altruisme de Lando Norris.
« Tu vas avoir besoin d’Oscar »
À deux tours de l’arrivée, le natif de Bristol a cédé à contrecœur son avance à son jeune coéquipier, après les supplications répétées de son ingénieur.
Lando Norris contrôlait la course depuis le 50e tour. Il s’était arrêté cinq tours plus tôt et avait chaussé des pneus médiums. Oscar Piastri, auteur d’un premier tiers de course solide, était rentré aux stands après le Britannique. La stratégie de McLaren semblait alors claire : miser sur une victoire de Lando Norris, deuxième du classement général.
Mais rapidement, vers le 51e tour, la direction de l’écurie Angalise invite Piastri à attaquer son partenaire. Puis appelle Norris à économiser au maximum sa gomme. A cet instant, plus de trois secondes séparent les deux hommes.
Malgré les appels répétés de son ingénieur, le vainqueur du GP de Miami joue la carte du silence et continue de creuser l’écart. Nouvel avertissement au 62e tour. « Dites-lui de se rapprocher », lance le Britannique, estimant qu’il n’a pas besoin de ralentir. Mais Piastri manque de rythme et ne parvient pas à le rattraper. « Tu vas avoir besoin d’Oscar », lui annonce son ingénieur au 66e tour pour éteindre le début d’incendie. Norris accepte finalement de laisser Piastri combler leur écart de six secondes.
Un succès contrasté
Dans ce contexte de frictions internes, la joie du jeune pilote australien a semblé particulièrement mesurée après son passage sous le drapeau à damier. Il s’est essentiellement contenté de remercier le staff McLaren, avant de communiquer davantage sa joie quelques minutes plus tard.
Gagner une course, « c’est très, très spécial », savoure Oscar Piastri. « C’est le jour dont j’ai rêvé. (…) C’est vraiment génial de piloter pour McLaren ». « La fin », admet-il tout de même, a été « compliquée ». A l’entendre, son équipe a pris « la bonne décision ». La stratégie « a été bien exécutée par l’équipe ».
Lando Norris s’est montré mécaniquement moins souriant au moment de répondre aux questions. Pourquoi a-t-il laissé Oscar Piastri rayer la victoire ? « L’équipe m’a demandé de le faire. C’est tout », s’est-il contenté d’évacuer, saluant toutefois « une journée incroyable en équipe ». Et d’ajouter : « Oscar a fait un bon départ. Il mérite sa victoire ».
Laver le linge sale et faire sauter le champagne
McLaren a ainsi réussi l’exploit de réaliser un doublé dans la lumière et la nuit. Sur le plan comptable, l’équipe a toutefois réalisé un superbe résultat au classement des constructeurs. Avec 338 points, McLaren domine désormais la Scuderia Ferrari (322 points).
Du côté du classement individuel, la stratégie mise en place par le constructeur orange pourrait susciter davantage de débats. Avec 189 points, Lando Norris reste pour l’instant loin derrière le leader, Max Verstappen, et ses 265 points. Mais la dynamique est de son côté. Que se passerait-il si le Britannique se retrouvait à seulement six points du Néerlandais à l’issue de la saison ?
Avant le Grand Prix de Belgique à Spa-Francorchamps, l’écurie McLaren aura une semaine entière pour laver son linge sale en privé, loin des caméras. Et pour sabrer le champagne.