Le président Emmanuel Macron ne se rendra pas en Azerbaïdjan pour la COP29 qui s’ouvrira à Bakou lundi 11 novembre. Une première pour un chef d’Etat français depuis 2015.
Une absence inhabituelle. La ministre de la Transition écologique Agnès Pannier-Runacher a annoncé mercredi 6 novembre qu’Emmanuel Macron ne se rendra pas à la COP29 à Bakou, en Azerbaïdjan, qui débutera lundi 11 novembre. Une première depuis 2015.
« Aucun dirigeant français ne participera au segment de haut niveau », a-t-elle déclaré au Sénat, faisant référence à la deuxième semaine de négociations, lorsque les ministres s’adressent habituellement à la presse.
« C’est la première fois depuis l’accord de Paris (en 2015 NDLR) », a souligné la ministre, assurant qu’elle aurait préféré que la COP29 « ne se tienne pas à Bakou ».
« Pas de politique de chaise vide »
« Nous ne ferons pas la politique de la chaise vide parce que c’est faire la politique de nos adversaires » et « laisser la place à ceux qui pourraient pousser à un accord contre le climat », a toutefois soutenu Agnès Pannier-Runacher, alors qu’une Française la délégation doit se rendre à Bakou.
Des personnalités politiques de tous bords lui ont alors répondu le lendemain, jeudi, dans un article publié dans Le Figaro, dénonçant « le régime autocratique, polluant et corrupteur de l’Azerbaïdjan ». Ils ont appelé au « boycott » total de l’événement, alors que le ministre de la Transition écologique est attendu sur place.
De son côté, l’Élysée relativise l’absence du chef de l’État au sommet de l’ONU. Emmanuel Macron « ne participe pas systématiquement à toutes les COP », a assuré la présidence au HuffPost.
Un appel de Yannick Jadot
Agnès Pannier-Runacher a répondu mercredi au sénateur écologiste Yannick Jadot qui lui « a demandé de boycotter la COP pour le climat » en citant « les Arméniens » et les « droits de l’homme ».
« Loin de calmer le président Aliyev, cette COP29 le pousse à exacerber la répression contre les populations arméniennes, à menacer de plus en plus l’Arménie, à enfermer les opposants politiques », a assuré l’élu de Paris.
« Je suis le premier à défendre les COP et la coopération internationale sur le climat, mais quand un pays utilise une COP pour réprimer, quand un pays utilise une COP pour vendre sa diplomatie pétrolière, notre responsabilité, votre responsabilité, c’est de ne pas y participer, » a déclaré Yannick Jadot.
La question des droits de l’homme en Azerbaïdjan
Une centaine de chefs d’État et de gouvernement du monde entier doivent se réunir les 12 et 13 novembre à Bakou, en Azerbaïdjan, pour discuter de la lutte contre le changement climatique.
L’Azerbaïdjan et l’Arménie sont en conflit depuis des décennies à propos du Haut-Karabakh, une enclave montagneuse sous souveraineté azerbaïdjanaise. Peuplée majoritairement d’Arméniens, elle fut reprise militairement par Bakou en septembre 2023, et l’ensemble de la population, soit près de 120 000 personnes, se réfugia en Arménie.
Les négociations de paix entre les deux pays ne sont pas encore conclues malgré la pression croissante de la communauté internationale sur Bakou pour que l’accord de paix soit signé avant la COP29. A l’approche de ce sommet de l’ONU, la question des violations des droits de l’homme en Azerbaïdjan a été dénoncée notamment le mois dernier au Parlement européen.
Plusieurs absents
Emmanuel Macron ne sera pas le seul absent. Pour des raisons très diverses, liées à la crise politique que traverse l’Allemagne, le chancelier Olaf Scholz a annulé son voyage à Bakou, alors qu’il avait prévu d’y prononcer un discours.
La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen ne sera pas non plus du voyage afin de « se concentrer sur ses fonctions institutionnelles », selon l’un de ses porte-parole. Le président américain sortant Joe Biden et son homologue brésilien Lula seront également absents, ce dernier pour des raisons de santé, selon Reuters.
L’Arménie a été élue pour accueillir la COP17 sur la biodiversité en 2026. Elle était opposée à l’Azerbaïdjan.