Pourquoi l’or bat des records : le scénario des années 1970
Le 9 avril, le prix de l’once d’or a dépassé les 2 350 $, atteignant un sommet historique après une série de records récents, et cette tendance à la hausse se poursuit !
Pour rappel, l’once de 31,1 grammes valait 35 dollars le 15 août 1971 lorsque Richard Nixon décida de sortir des accords de Bretton Woods, puis 280 dollars le 1er janvier 2000 avant de connaître une forte envolée. Faut-il saluer la hausse remarquable du prix de l’or ou plutôt envisager l’effondrement de la valeur du dollar ? Dans le même temps, les investisseurs qui ont parié sur l’or, notamment depuis le début des années 2000, ont réalisé de très bonnes performances.
Mais pourquoi l’or monte-t-il quand l’inflation baisse aux Etats-Unis et en Europe, quand les banques centrales se contentent de vouloir rassurer et annoncer qu’elles vont baisser leurs taux d’intérêt ? L’inflation a été maîtrisée sans tomber dans la récession, alors tout ne va-t-il pas bien ?
Si l’or monte malgré tout, c’est qu’il ne croit pas à ce scénario. On le sait, le métal jaune a du flair : il a entamé une longue hausse au début des années 2000, en réponse à la politique monétaire accommodante de la Fed qui a commencé à réduire ses taux d’intérêt suite au krach des valeurs technologiques en janvier 2000 et aux attaques de 11 septembre 2001. Anticipant « l’inflation des actifs » (limitée aux actifs réels comme l’immobilier, les actions, l’art), l’or protège parfaitement ses détenteurs. Plus récemment, on remarque que l’or a commencé à monter fin 2019, annonçant ainsi une inflation (concernant cette fois les biens de consommation) qui s’est envolée à partir de mi-2020.
L’inflation s’est certes calmée, mais reste à un niveau important, supérieur à celui de la période Covid. Surtout, le déficit budgétaire astronomique des États-Unis, ainsi que de plusieurs pays européens, dont la France, pourrait contraindre les banques centrales à relancer la planche à billets. La baisse des taux annoncée s’avère sans doute précipitée. L’inflation risque donc de repartir à la hausse. Les pays occidentaux ont connu une situation similaire dans les années 1970, avec une première flambée des prix en 1973-1974, rapidement contenue. À l’époque, beaucoup pensaient que le pire était passé. Cependant, l’inflation a recommencé à augmenter entre 1978 et 1980, culminant à 13,5 % aux États-Unis.
Le prix de l’or avait anticipé cette deuxième vague en commençant à remonter dès septembre 1976, après une période de baisse.
Inflation aux États-Unis
Le chef de la Fed de l’époque, Paul Volcker, a été contraint d’augmenter le taux directeur à 20 % afin de réduire considérablement l’inflation. Ne serait-ce que la moitié serait actuellement inconcevable étant donné l’augmentation de la dette publique et privée. L’économie entière s’effondrerait ! Alors, comment sortirons-nous d’une deuxième vague si elle se produit ? Personne ne le sait vraiment…
Les deux vagues d’inflation des années 1970 ont été déclenchées par les chocs pétroliers, celui de 1973 (suite à la guerre du Kippour) et celui de 1979 (lié à la révolution iranienne). Aujourd’hui, il n’y a pas vraiment de choc majeur, mais l’énergie reste chère, notamment pour l’Europe (peu de ressources, transition énergétique coûteuse, sanctions boomerang contre la Russie). De plus, le prix du baril augmente et vient de franchir les 90 dollars…
Il est encore trop tôt pour savoir si une deuxième vague inflationniste va se produire, mais l’or semble s’en douter…
La reproduction, totale ou partielle, est autorisée à condition qu’elle contienne tous les liens hypertextes et un lien vers la source originale.
Les informations contenues dans cet article sont purement informatives et ne constituent pas un conseil en investissement, ni une recommandation d’achat ou de vente.