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Pourquoi l’hexane, ce solvant hydrocarboné dont les résidus peuvent finir dans nos assiettes, suscite-t-il des interrogations ?

Une nouvelle étude doit être lancée au niveau européen afin de vérifier l’absence de toxicité des résidus de cette « aide technologique » plébiscitée par les industriels. Un député français tire également la sonnette d’alarme.

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Gaufrettes de margarine dans une usine de pâte à tarte en France, en 2022. (Illustration) (SEBASTIEN BOZON / AFP)

Vous n’avez probablement jamais entendu son nom : l’hexane. Or, ce solvant invisible issu des hydrocarbures se retrouve partout autour de vous. Sur vos meubles, dans vos chaussures, sur vos vêtements, mais aussi… dans votre assiette. Parce que cette substance permet notamment d’extraire de l’huile végétale à partir de graines de colza, de soja ou de tournesol broyées, comme expliqué Libérer. L’hexane est ainsi utilisé comme « aide technologique » dans la fabrication de certaines margarines, laits infantiles, beurres de cacao et aliments pour animaux.

Sa présence dans nos assiettes, sous forme de résidus, inquiète le député MoDem du Loiret, Richard Ramos. Vendredi 25 octobre, l’élu a déposé un amendement dans le cadre du projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS), afin de demander la mise en place d’une taxe sur les producteurs d’hexane. « La sécurité des consommateurs n’est pas assurée »il croit, à cause de ça « hydrocarbure caché dans nos assiettes ».

Derrière sa formule C6H14, l’hexane se cache un mélange d’hydrocarbures dérivés du pétrole qui peut présenter des risques. Selon l’Institut national de recherche et de sécurité (INRS), l’hexane « peut être mortel en cas d’ingestion et de pénétration dans les voies respiratoires », « provoque une irritation cutanée », « peut provoquer somnolence ou vertiges » et est « susceptible de nuire à la fertilité ». Des risques sérieux mais pas surprenants pour un produit à base d’hydrocarbures. L’enjeu de santé publique est en réalité de savoir si ses résidus, que l’on retrouve dans notre quotidien, sont également dangereux pour l’homme, et à quelle concentration.

Car si l’hexane n’est pas un ingrédient que vous verrez inscrit sur l’emballage de votre barre chocolatée ou de votre sachet de margarine, c’est l’un des « aides technologiques » autorisé par la directive européenne de 2009 sur les solvants alimentaires (PDF). Et comme toutes ces substances adoptées pour le traitement ou la transformation des matières premières, « leur toi« L’utilisation peut entraîner la présence involontaire, mais techniquement inévitable, de résidus de cette substance ou de ses dérivés dans le produit fini. »précise l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses). Une présence limitée à 1 mg/kg dans les graisses, les huiles ou le beurre de cacao, et jusqu’à 30 mg/kg dans les produits dégraissés à base de soja, selon la directive européenne.

Ces limites pourraient s’avérer insuffisantes pour éviter tout risque de toxicité chez les plus jeunes, compte tenu de leur alimentation. « Une évaluation de l’exposition basée sur les limites réglementaires a montré que l’exposition des nourrissons, des tout-petits et des autres enfants pourrait être plus élevée que prévu »relève l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA), dans un communiqué publié le 13 septembre. Par ailleurs, les informations fournies par l’étude de référence sur le sujet, réalisée en 1996 sur des rats, « n’étaient plus considérés comme suffisants pour conclure de manière adéquate sur la sécurité de l’hexane technique »poursuit l’EFSA.

Un jeune chercheur a également alerté sur les risques potentiels de ces résidus retrouvés dans le corps humain. « Il semble plus que nécessaire d’évaluer clairement les risques associés à cette exposition cachée »conclut Christian Cravotto dans sa thèse, citée par Libérer. Message reçu, côté européen. « L’hexane étant absorbé par l’homme, des études de toxicité supplémentaires explorant davantage de paramètres pourraient être nécessaires »déclare l’EFSA.

En attendant, les constructeurs ne semblent pas pressés de changer leurs habitudes. « S’il y a des résidus, ils sont dans le strict respect du cadre fixé par la Commission européenne »» déclare Nathalie Lecocq, présidente de Fediol, qui représente l’industrie européenne des huiles végétales et des farines protéinées, à Libérer. La situation pourrait changer en cas de revirement des institutions de contrôle européennes. Et, comme indiqué La nouvelle usineDes alternatives « biosourcées » commencent déjà à être validées par les autorités afin de remplacer l’utilisation controversée de l’hexane dans les produits alimentaires.

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