pourquoi les sommes placées sur les comptes d’épargne continuent d’augmenter
En un peu plus d’un an et demi, le montant total de l’épargne accumulée sur les Livrets A et LDDS a encore augmenté de 14 %. Il atteint 582 milliards d’euros et même 660 milliards si l’on y ajoute le compte d’épargne populaire.
C’est une surprise : le mois dernier, les Français ont placé plus d’argent sur leur Livret A qu’en juin. Depuis mars, ce que l’on appelle la collecte nette – la différence entre le montant des dépôts et des retraits effectués – n’avait cessé de baisser jusqu’alors.
Bien sûr, il est trop tôt pour dire s’il s’agit d’un renversement de tendance, mais ce rebond montre en tout cas que même si les vacances sont une période où les ménages ont tendance à se lâcher financièrement, ceux qui le peuvent ont quand même envie de mettre quelque chose de côté. De plus, même si elle a pu baisser au printemps, cette collecte reste largement positive. Les Français ont donc désormais plus d’argent disponible, en cas de besoin, que l’été dernier.
Livrets A + LDDS + LEP = 660 milliards d’euros
En additionnant les sommes placées sur le Livret A, le LDDS et les comptes d’épargne populaire, réservés aux ménages les plus modestes, on arrive à près de 660 milliards d’euros. Un constat s’impose donc : la guerre en Ukraine et la forte inflation qu’elle a provoquée n’ont pas empêché cet énorme magot de continuer à s’accroître.
Il faut rappeler que pendant la Covid, les Français ont pu mettre plus d’argent sur leurs comptes d’épargne, puisqu’ils avaient moins de possibilités de dépenser ce qu’ils gagnaient. Et ils ne s’en sont pas privés. Entre 2019 et 2022, le montant total de l’épargne placée sur les comptes d’épargne A et LDDS est passé de 411 à 510 milliards d’euros, soit près de 100 milliards d’euros de plus en seulement trois ans.
Des produits d’épargne parés de toutes les vertus aux yeux des Français
Mais l’impact du retour de l’inflation sur le pouvoir d’achat des ménages n’a pas empêché cette épargne de continuer à progresser fortement : 72,5 milliards d’euros d’épargne supplémentaire sur ces deux livrets d’épargne « cousins » en un peu plus d’un an et demi.
L’explication est double. Il y a d’abord le fait que ces livrets sont redevenus des placements parés de toutes les vertus aux yeux des Français qui n’aiment pas prendre de risques avec leur épargne. D’abord, ils les protègent de l’inflation, leur taux étant à nouveau supérieur à la hausse des prix ; ensuite, les revenus générés ne sont pas imposables et enfin, ce sont des placements faciles à gérer : en deux ou trois clics, vous pouvez recréditer votre compte courant ou faire fructifier une partie de votre salaire, ne serait-ce que pendant quelques semaines.
Lorsque les ménages s’inquiètent de l’avenir, ils cherchent à mettre plus d’argent de côté
La deuxième raison est que même si leur pouvoir d’achat a tendance à baisser avec l’inflation, une part non négligeable des Français préfère se serrer davantage la ceinture plutôt que de puiser dans leur épargne. Car il existe une règle intangible en économie : lorsque les ménages sont inquiets pour l’avenir, non seulement ils préservent leur bas de laine, mais ils essaient même de mettre plus d’argent de côté, pour se protéger.
C’est pourquoi le taux d’épargne augmente en période d’incertitude. Le taux d’épargne est la part de son revenu qui n’est pas consommée. Avant 2020, avant la pandémie de Covid, au premier trimestre de chaque année, il était autour de 13-14 %. Depuis, à cette même période de l’année, il est resté bien au-dessus, atteignant jusqu’à 21 % en 2021. Et la Banque de France le situait encore à 17,1 % sur les trois premiers mois de cette année.
Cela ne fait pas des Français les champions d’Europe, les Allemands épargnent encore plus que nous. Mais, par exemple, en Italie, le taux d’épargne est deux fois plus faible qu’en France. C’est aussi l’un des points qui rassure les marchés sur la capacité de la France à rembourser sa dette. L’Etat peut être une cigale tant que ses contribuables restent des fourmis.