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pourquoi les projections de sièges publiées entre les deux tours étaient si éloignées du résultat final

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Au second tour des élections législatives, dimanche 7 juillet, le Nouveau Front populaire a remporté 180 sièges à l'Assemblée nationale, le camp présidentiel 163, et le Rassemblement national 143. (BERTRAND GUAY / AFP)

Tous les sondages réalisés avant le second tour donnaient le Rassemblement national majoritaire à l’Assemblée. Bien qu’il ait recueilli davantage de voix, le parti d’extrême droite a finalement remporté moins de sièges que l’union de gauche et le camp présidentiel.

Un hémicycle différent de celui dessiné par les sondages. Le Nouveau Front populaire (NFP) est sorti vainqueur du second tour des législatives, dimanche 7 juillet, en remportant 180 sièges à l’Assemblée nationale, selon le ministère de l’Intérieur. Le camp présidentiel a réussi à sauver la mise avec 163 députés élus, tandis que le Rassemblement national (RN) et ses alliés, donnés comme les grands favoris du scrutin, n’ont finalement obtenu que 143 sièges, arrivant en 3e position.

Avant le premier tour, les instituts de sondage prévoyaient une vague bleu marine à l’Assemblée nationale. Une projection Ipsos-Talan pour France Télévisions, Radio France, France 24, RFI et LCP datée du 30 juin créditait le RN et ses alliés de 230 à 280 sièges. Le poids du RN dans l’hémicycle était ensuite sensiblement réduit dans les estimations. La dernière estimation avant le second tour, publiée vendredi, n’imaginait qu’entre 175 et 205 députés RN. Mais malgré ce réajustement, on est loin du résultat final.

Dimanche soir, « C’était une surprise totale. Je ne vais pas vous dire que nous l’avions prévu. »« Nous sommes très loin de la majorité absolue », a reconnu lundi sur RMC le directeur de l’institut Elbade, Bernard Sananès. Le 30 juin, l’institut de sondage avait estimé comme probable une majorité absolue au RN, lui donnant entre 255 et 295 sièges, avant d’abaisser cet intervalle à 200-230 cinq jours plus tard.

La raison de ce malentendu ? « LE Le front républicain a joué plus que ce que nous pensions, plus que ce que nous avions dans les modèles et dans les déclarations » des sondés, a justifié Bernard Sananès. L’institut Elabe avait en effet prédit, dans son sondage du 5 juillet, que 62% des électeurs du NFP voteraient pour Ensemble au second tour en cas de duel entre un candidat du RN et un concurrent du camp présidentiel. Ils étaient finalement 72% à reporter leur vote en faveur d’un représentant de la Macronie, selon une étude d’Ipsos-Talan, soit 10 points de plus qu’attendu.

Même chose pour les duels NFP-RN : le sondage Elabe prévoyait que 32% des électeurs d’Ensemble donneraient leur vote au candidat de l’union de gauche, tandis qu’ils étaient 43% à le faire lorsqu’il s’agissait d’un candidat LFI, et 54% lorsque le candidat portait l’étiquette PS, EELV ou PCF. « Le retour de la gauche n’est pas impossible car elle bénéficie du front républicain. Il y a une incertitude sur l’ordre d’arrivée »« C’est un chiffre qui ne devrait pas être exagéré », prédit Frédéric Dabi, directeur général de l’institut de sondage Ifop, dans « C à vous » vendredi. Le nombre de sièges obtenus par le NFP se situe d’ailleurs dans la fourchette haute des dernières estimations de l’institut.

Selon Hugo Touzet, sociologue spécialiste des sondages, le caractère inédit de ce scrutin a compliqué l’exercice de projections dans l’hémicycle. « Ces élections législatives ont été convoquées après une dissolution, annoncée au lendemain d’un scrutin où le RN était dynamique et la gauche séparée, le temps de campagne a été très court… On ne pouvait pas se référer à un scrutin précédent »il explique à franceinfo.

Pendant la campagne, « Nous avons assisté en très peu de temps à une « re-diabolisation » du Rassemblement national.Les médias ont relevé des propos racistes, des débordements et des signes d’incompétence de la part des candidats du RN. Mais il y a aussi eu une mobilisation massive de la société civile contre l’extrême droite.analyse Hugo Touzet.

« Ces dynamiques politiques sans précédent et très rapides n’ont pas été prises en compte dans les projections. »

Hugo Touzet, spécialiste des enquêtes

à franceinfo

Sans que l’on sache si cela leur a coûté leur place à l’Assemblée nationale, plusieurs candidats du RN pointés du doigt pour des propos racistes ou complotistes durant la campagne ont été battus au second tour, comme Françoise Billaud dans les Côtes-d’Armor ou Annie Bell en Mayenne.

Très tôt dans la campagne, la Commission de sondage avait d’ailleurs rappelé dans un communiqué que les projections de sièges devaient être prises avec des pincettes, en raison du mode de scrutin propre aux élections législatives. « Un tel exercice ne dispose pas des mêmes cadres méthodologiques que les sondages et reste dépendant d’un grand nombre de paramètres, souvent spécifiques à chacune des 577 circonscriptions ».

Autrement dit : les intentions de vote nationales ne se reflètent pas de la même manière au sein de chaque circonscription. Comme il n’y a pas une, mais 577 élections, « Même avec un échantillon représentatif, la dynamique politique est difficile à saisir dans les projections de sièges.estime Hugo Touzet. Surtout dans les circonscriptions où l’élection s’est jouée sur quelques centaines de voix. » Par exemple, dans la Sarthe, Marie-Caroline Le Pen (RN), sœur de Marine Le Pen, a été battue par la candidate Elise Le Boucher (NFP), qui a obtenu… 225 voix de plus.

Cammile Bussière

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