Vingt-six hôtels de toute la France, de tous types, attribuent conjointement la plateforme de location Airbnb. Ils attaquent la multinationale américaine en pointant du doigt son non-respect de la réglementation. Parmi les plaignants, un hôtelier gardois, installé à Saint-Laurent-d’Aigouze depuis 30 ans.
« Il y a tellement de choses à dire… » Eric Bouget, gérant d’un hôtel en Petite Camargue, fait partie des 26 hôteliers qui ont décidé d’attaquer Airbnb en justice. Soutenus par l’UMIH, ils ont annoncé jeudi 20 juin attaquer l’entreprise américaine pour concurrence déloyale. « Nous ne sommes pas contre Airbnb, nous voulons juste qu’ils respectent la réglementation », explique le Gardois. Le procès est prévu le 6 septembre 2024, au tribunal de commerce de Lisieux (Normandie).
S’ils demandent 9,2 millions d’euros de dommages et intérêts, avec ce procès, ils espèrent surtout un encadrement plus renforcé de la plateforme. Les hôteliers dénoncent un non-respect de plusieurs règles. A commencer par le paiement de la taxe de séjour. « Airbnb ne collecte, ne déclare ni ne paie de taxe de séjour« , assène Eric Bouget, hôtelier et président de l’UMIH du Gard. Il y a aussi toutes les normes auxquelles il est astreint, contrairement au géant de la location.
Dans mon hôtel, par exemple, j’ai une piscine. Je suis contrôlé pour cela par l’ARS. Ce n’est pas le cas des logements Airbnb. Je dois aussi respecter l’accès aux personnes handicapées, la sécurité incendie, les permis de vente d’alcool… Ce n’est pas le cas.
Eric Bouget, gérant de l’hôtel Lou Garbin
Les plaignants soulignent également le fait qu’Airbnb n’affiche pas pas les numéros d’immatriculation des communes soumises à cette obligation, qu’il n’y ait pas de suppression des annonces datant de plus de 120 jours pour les résidences principales. Ou même que la plateforme Est « responsable de publicités illégales publiées sur sa plateforme, en violation de la réglementation applicable (code du tourisme, de la construction et de l’habitat ou encore code de l’urbanisme)« .
À Saint-Laurent-d’Aigouze, dans le Gard, on compte une centaine de logements Airbnb disponibles autour de l’hôtel d’Eric Bouget. « Tout le monde fait Airbnb maintenant, il soupire. Le 20 juin, je n’avais que trois chambres réservées. Il y a quelques années, c’était plus du double à cette époque. Évidemment, ils paient moins de charges, donc leurs prix sont plus bas. »
« Je dirige cet hôtel depuis 30 ans. C’est mon père qui l’a ouvert en 1962. J’aimerais aussi le transmettre à mon fils, c’est mon objectif », explique Eric Bouget. Un objectif qui semble compromis si la plateforme Airbnb n’est pas plus encadrée. « Je le répète, nous ne sommes pas contre son existence, mais il s’agit d’une concurrence déloyale.«