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pourquoi les prix ne s’envolent pas malgré les tensions au Moyen-Orient

Faut-il craindre une flambée des prix du pétrole ? Les prix étaient en hausse ce vendredi, après s’être déjà envolés jeudi, portés par les risques de frappes israéliennes sur les infrastructures de production pétrolière en Iran. Vers 17 heures GMT (19 heures à Paris), le prix du baril de Brent de la mer du Nord, pour livraison en décembre, montait de 1,14% à 78,77 dollars, son plus haut niveau depuis plus d’un mois. Son équivalent américain, le baril de West Texas Intermediate (WTI), pour livraison en novembre, gagne 1,35% à 74,99 dollars.

Les cours du pétrole se sont accélérés après une déclaration, à la volée, du président américain Joe Biden, lors d’un bref échange avec la presse jeudi. Interrogé sur sa position concernant une éventuelle attaque d’Israël contre des sites pétroliers en Iran, le chef de l’Etat a répondu qu’il était « en discussion » avec le gouvernement israélien sur le sujet.

Bataille pour le pétrole « made in France »

Une hausse de prix modérée

Interrogé par La TribunePhilippe Chalmin, professeur d’histoire économique à l’université Paris-Dauphine et spécialiste des matières premières et de l’énergie, souligne cependant que la hausse des prix du pétrole est pour l’instant « relativement modéré par rapport aux 90 dollars le baril il y a deux mois ».

Olivier Gantois, président de l’Ufip Énergies et Mobilités, constate également qu’il n’existe actuellement aucun «pas de flambée des prix du pétrole»même si le prix du baril a augmenté de près de 10 % en dix jours. « Les variations de prix ont été bien plus violentes lorsque la Russie, troisième producteur mondial, a envahi l’Ukraine en février 2022 »constate-t-il, rappelant que le baril était passé de 70 à 120 dollars.

Cette augmentation ne s’arrête pas pour le moment « non pas sur des réalités mais sur des anticipations », analyse Francis Perrin, directeur de recherche et professeur à l’IRIS et spécialiste des questions énergétiques dans le monde arabe. « Il est presque certain qu’il y aura une réponse israélienne. Pour le reste, ce ne sont que des hypothèses : quelle sera l’importance de la réponse ? À quoi mèneront les discussions israélo-américaines ? »

En l’état, « les marchés pétroliers ne prédisent ni ne croient à une conflagration plus généralisée avec des conséquences qui seraient très importantes sur la disponibilité du pétrole brut au niveau mondial »analyse Olivier Gantois.

Une escalade dans laquelle personne n’a aucun intérêt

Pour Francis Perrin, «Les Américains n’accepteront pas nécessairement de frapper des cibles pétrolières, car cela entraînerait une hausse des prix du pétrole et donc des carburants. Ce n’est pas forcément bon pour Kamala Harris à quelques semaines de l’élection présidentielle américaine »souligne-t-il.

De leur côté, pour les Israéliens, « ce n’est pas très intéressant de s’attaquer à la production pétrolière »estime Thierry Bros, expert en énergie et professeur à Sciences Po. « Ce n’est pas très glorieux d’un point de vue énergétique. Il serait bien plus prometteur d’attaquer les raffineries. Cela aurait un impact sur la capacité de l’armée iranienne à se déplacer et à faire ressentir à la population iranienne ce que son régime génère. »

L’Iran, qui a produit 3,4 millions de barils par jour en août selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), n’a pas non plus intérêt à une escalade et « la première victime », selon Philippe Chalmin. « Notre opération est terminée et nous ne comptons pas continuer »a précisé le chef de la diplomatie iranienne Abbas Araghchi.

Pétrole : des prix hésitants après des données contradictoires en Chine

La demande chinoise fait baisser les prix

Si la hausse des prix du pétrole est pour l’instant contenue, c’est aussi parce que « Dans le même temps, les marchés craignent un ralentissement de la croissance chinoise, qui cesserait d’augmenter ses besoins en pétrole brut, ce qui ferait baisser les prix »explique Olivier Gantois. Pour rappel, la Chine est en proie à une crise sans précédent de son vaste secteur immobilier, à une confiance atone des ménages et des entreprises, qui pénalise la consommation, tandis que les tensions géopolitiques avec Washington et l’Union européenne menacent son commerce extérieur. Résultat, « Les craintes d’un ralentissement en Chine sont presque aussi grandes que les craintes d’une conflagration au Moyen-Orient »selon le président de l’Ufip Énergies et Mobilités.

Autre facteur baissier : l’Arabie Saoudite, qui dispose d’une surcapacité estimée à 3 millions de barils par jour, et qui n’a pas intérêt à ce que les prix augmentent trop vite, rappelle Thierry Bros. « Ce que vise l’OPEP (Organisation des pays exportateurs de pétrole, ndlr), c’est un prix de l’ordre de 80 à 90 dollars le baril : au-dessus de 90, cela permettrait de faire plus vite la transition énergétique et en dessous de 80, cela n’équilibre pas leurs comptes »il explique.

Résultat, « Si la production iranienne était supprimée, l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis remettraient sur le marché les 1,6 millions de barils par jour qui manquent aux exportations »il croit. Donc, « Le scénario le plus probable est que tant que les prix ne dépassent pas 80 à 90 dollars le baril, rien ne se passera »prédit Thierry Bros.

Ray Richard

Head of technical department in some websites, I have been in the field of electronic journalism for 12 years and I am interested in travel, trips and discovering the world of technology.

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