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Pourquoi les Jeux Paralympiques de Paris 2024 ont-ils lieu plus de deux semaines après les JO ?

Pourquoi les Jeux Paralympiques de Paris 2024 ont-ils lieu plus de deux semaines après les JO ?

La cérémonie d’ouverture a lieu 17 jours après la clôture des Jeux olympiques. Un retard habituel, qui s’explique principalement par des raisons logistiques et économiques.

Après deux semaines de fête pendant les JO, Paris remet ses habits de sport pour les Jeux paralympiques, qui s’ouvrent mercredi 28 août. La capitale et le comité d’organisation (Cojop) ont eu 17 jours pour se préparer à accueillir les 4.400 athlètes handicapés. « Nous sommes prêts, tout va bien »assure Ludivine Munos, responsable de l’intégration paralympique au Cojop, à franceinfo. Mais en attendant, n’y a-t-il pas un risque que la ferveur qui animait Paris se soit retombée, alors que la rentrée se profile et que l’actualité politique a largement réinvesti l’agenda médiatique ? Ce risque pose question sur le calendrier : pourquoi ce décalage entre les deux parties des Jeux ?

Après 15 jours de fête, tout le monde avait besoin d’une pause, dit Ludivine Munos : « Accueillir les Jeux Paralympiques dans un Paris vidé de ses habitants »à l’approche du 15 août, « n’aurait pas eu beaucoup d’intérêt« . Mais Cette pause est avant tout due à des raisons logistiques. Plus de 14 000 personnes vivaient au village olympique pendant les Jeux. Il a fallu dégager l’espace pour accueillir les 9 000 athlètes et le personnel des Jeux paralympiques. Nettoyage, entretien, mais aussi installation de solutions de mobilité et du centre de réparation de prothèses… Comme à Rome, tout cela ne se fait pas en un jour. « Il faut redimensionner le village, c’est un énorme travail de transition. Le fait que l’organisation ait réussi à faire cela en trois ou quatre jours est une prouesse logistique. »admire Jean Minier, directeur des sports au Comité paralympique et sportif français.

Toute la signalétique olympique a également été modifiée pour laisser place à la signalétique paralympique, avec les Agitos, ces trois grandes virgules rouges, bleues et vertes qui remplacent les anneaux olympiques. Le délai entre les deux compétitions donne aux équipes du monde entier le temps d’arriver quelques jours avant le début des épreuves et de digérer le décalage horaire.

Il a également fallu du temps pour intervenir sur certains sites de compétition, repensés pour s’adapter aux disciplines paralympiques. Ainsi, l’arène de beach volley au pied de la Tour Eiffel a changé de peau et de sol pour devenir le stade de cécifoot. « Nous avons décidé de ne pas enlever les 400 tonnes de sable »mais plutôt à eux « recouvrir d’un sol pouvant accueillir du gazon artificiel »explique à franceinfo sport Gautier Jourdet, responsable des infrastructures du site.

La place de la Concorde, qui accueillait le parc urbain et les épreuves de BMX, skateboard, breaking et basket 3×3, s’est à nouveau transforméeCe sera le théâtre du spectacle du mercredi soir. « C’est le plus grand projet : nous passons de trois sites sportifs à un site pour la cérémonie d’ouverture »explique Ludivine Munos.

Organiser les deux événements simultanément poserait un défi logistique d’une ampleur inédite. Les Jeux olympiques comptent 329 épreuves et les Jeux paralympiques, 549. « On s’est rendu compte que si on avait voulu le faire en même temps, il aurait fallu doubler le nombre d’infrastructures, puisqu’il y a deux fois plus d’athlètes avec des compétitions. Alors qu’ici, on optimise les infrastructures en les utilisant à des moments distincts. »a justifié Tony Estanguet, président du Cojop, sur RMC en 2021. Avec l’objectif d’organiser des Jeux responsables, cette possibilité ne tenait pas la route, selon Ludivine Munos : « On multiplie tout par deux, ce n’est pas raisonnable. »

La tenue simultanée des deux épreuves risquerait également de nuire à la visibilité des athlètes handicapés. Les stars des Jeux olympiques, plus connues du grand public, risqueraient d’accaparer toute la vedette et de ne laisser aux para-athlètes que des miettes sur les ondes des diffuseurs. « Rien qu’avec les épreuves olympiques, on est parfois un peu débordés et la télé ne peut pas tout diffuser en même temps. (…) Imaginez que, dans toute cette densité, on veuille ajouter des épreuves paralympiques. Pour moi, cela noierait totalement tous les sports »estime queLa championne de France de badminton Milena Surreau dans son podcast « Journal d’une parabadiste ».

« Aujourd’hui, ce serait la pire idée de mettre les Jeux paralympiques en même temps que les Jeux olympiques. »

Milena Surreau, championne de parabadminton

dans le podcast « Journal d’un parabadiste »

« Quand tu tombes le même jour que Teddy Riner, personne ne parle de toirésume Tony Estanguet sur RMC en 2021. Si nous voulons promouvoir les athlètes paralympiques, nous devons avoir un véritable espace médiatique séparé. Arrivés plus de deux semaines après les Jeux olympiques, les athlètes handicapés ont toute la place pour briller. Pendant 10 jours, « Quand vous allumez la télé, quoi qu’il arrive, vous verrez du parasport. Je ne vois pas comment on peut faire mieux en termes de visibilité »conclut Milena Surreau.

Mais pourquoi ne pas imaginer organiser les Jeux paralympiques avant les Jeux olympiques ? Selon Jean Minier, « Le CIO veut que les Jeux Olympiques soient la première partie, l’ouverture de la fête. » L’accord que ce dernier a signé en 2001 avec le Comité international paralympique inscrit dans le marbre l’organisation des Jeux paralympiques dans la même ville, mais à une date ultérieure, rappelle le site officiel des Jeux olympiques. Toujours sur RMC en 2021, Tony Estanguet a expliqué que le monde paralympique « estime pouvoir bénéficier du tremplin des Jeux Olympiques, qui lancent la dynamique autour des Jeux ».

« C’est une fausse bonne idée de les faire avantapprouve Ludivine Munos. Ce qui marche, c’est qu’on a toujours envie de faire la fête. Les Jeux paralympiques seront encore plus « Heureux d’accueillir ceux qui ont fui Paris à cause du « Olympic bashing » »assure-t-elle. La membre du Cojop constate que 54% des bénévoles engagés lors des Jeux olympiques reviennent pour les Jeux paralympiques, quand l’organisation tablait plutôt sur 40%. Ce qu’elle voit comme le témoignage d’un engouement toujours vivace.

D’autant que suivre les Jeux olympiques présente un avantage : la plupart des problèmes d’organisation ont été identifiés et résolus. « Les Jeux olympiques essuient le plâtre, sourit Jean Minier, le directeur sportif du Comité paralympique et sportif français. Q« Quand on arrive deuxième, on bénéficie de l’expérience acquise pendant les 15 jours par le comité d’organisation olympique. »

Le fait que le nombre de billets vendus pour les Jeux paralympiques approche la barre des 2 millions, en grande partie depuis le début des Jeux, suggère que cette formule est la bonne. Et il n’y a aucune raison pour que le succès enregistré au début du mois d’août ne se répète pas. Si l’on compte sur le soutien et la promotion des athlètes valides « pour réaliser le transfert de ferveur », Jean Minier est confiant : « Il y a le match retour. La grande réussite d’une édition olympique doit pouvoir emporter avec elle les Jeux paralympiques. »

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