Pourquoi les images extrêmement rares de cette tribu indigène quittant la forêt au Pérou sont dérangeantes
Au Pérou, des membres de la tribu Mashco Piro ont été filmés en dehors de la forêt tropicale. Des images rares, mais surtout dérangeantes. Explications.
Ce sont des indigènes habitués à vivre en reclus dans la forêt amazonienne. Vivant dans le sud-est du Pérou, les Mashco Piro sont rarement aperçus. Malgré leur nature secrète, ils ont récemment été photographiés errant hors de la forêt et ces images ont fait le tour du monde.
Selon le journal Courrier International, les photos ont été qualifiées de « frappantes » par le Washington Post. Dans une vidéo partagée sur YouTube, on peut voir des membres de la tribu sur une zone sablonneuse au bord de la rivière, à la recherche de branches pour construire un abri temporaire.
Les personnes « non contactées »
Les images ont été filmées par l’organisation de défense des droits des autochtones Survival International. Ces vidéos sont d’autant plus frappantes que les Mashco Piro sont un peuple dit « isolé », c’est-à-dire qu’ils évitent tout contact avec le monde extérieur.
« Ces derniers jours, plus d’une cinquantaine de Mashco Piro sont apparus près du village de Monte Salvado, habité par des membres du peuple Yine, dans le sud-est du Pérou », indique l’association sur son site internet.
Pour Survival International, la cause de cette désertion est claire : la déforestation. « Plusieurs sociétés d’exploitation forestière détiennent des concessions sur le territoire appartenant au peuple Mashco Piro, la plus proche étant à seulement quelques kilomètres du lieu où les Mashco Piro ont été filmés. »L’association milite notamment pour que la certification FSC, qui garantit un bois durable, soit retirée à l’une des entreprises opérant sur le territoire de la tribu, explique-t-elle.
Des « maladies » susceptibles de les décimer
Outre la déforestation, la principale crainte est que cette tribu, coupée de tout contact avec le monde extérieur, soit particulièrement sensible. « Les travailleurs peuvent apporter de nouvelles maladies qui pourraient décimer la Mashco Piro, et il existe un risque de violence des deux côtés. C’est pourquoi il est crucial que les droits territoriaux de la Mashco Piro soient reconnus et protégés légalement. »dénonce Alfredo Vargas Pio, président de l’organisation indigène locale FENAMAD, cité dans le communiqué de presse de Survival International.
« Nous sommes au bord d’une catastrophe humanitaire, il est vital que les bûcherons soient expulsés et que le territoire de Mashco Piro soit enfin véritablement protégé »a déclaré Caroline Pearce, directrice de Survival International au Royaume-Uni, le 16 juillet.