Nous avons posé la question à Charente Nature. Jean Bernaben est l’un des coprésidents de cette association qui veille à la préservation de l’environnement et à la promotion de la biodiversité. Il explique que tout simplement, « le vol en V est favorable à la pénétration dans l’air ». En réalité, c’est une question d’aérodynamisme et de « rendement énergétique ».
« Spiraler pour prendre de l’altitude les met sur des courants porteurs dans la bonne direction… ». Jean Bernaben compare ainsi les grues aux cyclistes : « le phénomène est le même dans un peloton ». On considère généralement que le cycliste suivant qui roule dans la roue économise 30 % de son énergie. Une étude réalisée par un professeur d’aérodynamique de l’Université d’Eindhoven a révélé que ceux qui se trouvent au milieu et à l’arrière du peloton économisent le plus.
En volant en V, chaque grue bénéficie des courants d’air générés par le battement des ailes de l’oiseau qui la précède. Cette formation crée une sorte de coussin d’air qui réduit la résistance de ceux qui suivent, diminuant ainsi l’effort nécessaire pour maintenir leur vol.
Cette position permet aux grues d’économiser jusqu’à 20 à 30 % d’énergie par rapport à leurs pairs qui préfèrent voler en solo. Si l’on les observe attentivement, les oiseaux volant en escadrons changent régulièrement de place, permettant à chacun de prendre le relais au front, là où l’effort est le plus important.
«C’est une question d’efficacité énergétique»
Chaque oiseau passe ainsi en moyenne « 32 % du temps à bénéficier du courant ascendant produit par les battements d’ailes de ceux qui le précèdent », précise Marc Duquet, biologiste et rédacteur en chef de la revue de référence Ornithos dans son ouvrage Plumes et Ailes : pourquoi et comment les oiseaux volent. Et de résumer : « Le vol en V répond à la loi du moindre effort qui régit la vie sauvage ».
Selon les sites spécialisés, la formation en V facilite également la communication visuelle et audio entre les membres du groupe. En se positionnant de manière décalée, les grues maintiennent un contact visuel entre elles, ce qui est crucial pour coordonner le vol, ajuster la vitesse et réagir rapidement en cas de danger ou de changement de direction.
Un indice pour savoir si les oiseaux que vous voyez dans le ciel sont des grues ou des oies : dans un article de 2015 intitulé « Oies et grues en migration », la Ligue de protection des oiseaux déclare que « les oies forment des vols dits en « V » sont plus réguliers. que les grues car leur vol est plus direct. « Les grues cendrées interrompent régulièrement leur formation pour prendre de l’altitude lorsque l’air chaud monte, ce que ne font pas les oies cendrées. »