« Pourquoi les gens souffrent-ils de la maladie d’Alzheimer ? C’est un mystère, nous ne le savons pas »
A l’occasion de la Journée mondiale de la maladie d’Alzheimer, le Dr François Renaudin, neurologue au centre de gérontologie (hôpital Colbert) de Nevers, présente la maladie et son traitement.
Qu’est-ce que la maladie d’Alzheimer ?
Elle fait partie d’un groupe de maladies dites dégénératives. La protéine Tau, qui fait partie de la structure de la cellule humaine, notamment du neurone, change de configuration pour une raison inconnue. Elle finit par obstruer le neurone et provoque sa mort. Comme si c’était un peu contagieux, l’anomalie va se transmettre au neurone d’à côté. Elle démarre dans le cortex temporal interne, un des lieux de la mémoire, de sorte que les gens oublient des choses récentes. Le processus de propagation atteint ensuite d’autres zones du cerveau, d’autres symptômes apparaissent (langage, fonctions cognitives, déglutition, etc.). C’est une maladie qui va durer 8 à 10 ans. Au final, on ne peut plus rien faire.
Qui est concerné ?
Pourquoi les gens souffrent-ils de cette maladie ? C’est un mystère, nous ne le savons pas. Elle touche tout le monde, mais plus on vieillit, plus on a de risques d’en être atteint. Après 65 ans, elle touche 5 % des humains. Après 85 ans, 20 % des humains. Elle commence généralement entre 75 et 85 ans.
En France, il semblerait que 900 000 personnes soient concernées. Ce chiffre ne compte pas vraiment car le baby-boom arrive. Les personnes nées en 1945-1946, la tranche d’âge la plus nombreuse en France, n’en sont pas encore atteintes. L’épidémie d’Alzheimer va arriver dans les années à venir. Qui les verra en consultation ? Pourra-t-on le faire ?
Comment diagnostique-t-on cette maladie ?
Il est important de poser un diagnostic précis pour dire aux gens ce qu’ils ont. Il faut d’abord qu’ils viennent faire une consultation mémoire. Il ne faut pas hésiter à consulter dès qu’on sent qu’on a un problème cognitif. On les interroge, on regarde leur histoire. Ensuite, on fait des tests neuropsychologiques, des petits tests de mémoire. Cela permet d’avoir une idée du dysfonctionnement neuropsychologique. On se fait aider par d’autres personnes, notamment des neuropsychologues, pour les bilans neuropsychologiques de 2 heures pour évaluer le problème. Mémoire ? Langage ? Concentration ? Ensuite, on fait une IRM pour voir s’il y a autre chose (AVC, tumeur). Deux autres examens sont disponibles : le PET cérébral au FDG (médecine nucléaire) et la ponction lombaire. On mesure notamment la protéine Tau anormale.
prime L’association France Alzheimer Nièvre organise des ateliers de mobilisation cognitive et des groupes de parole
L’objectif de la recherche est de réussir à détecter les personnes le plus tôt possible afin que, le jour où il existe un traitement efficace qui arrête le processus, nous puissions le leur proposer.
Quelles sont les mesures pour soulager les symptômes de la maladie ?
La prise en charge comporte deux volets : un volet médicamenteux et un volet médico-social. Le volet médicamenteux est limité. On ne peut pas empêcher la maladie de progresser. Quand les patients sont un peu déprimés, on leur donne des antidépresseurs. Quand ils sont un peu agités, on leur donne d’autres psychotropes.
Ensuite, il y a tout l’accompagnement médical et social. Ici, on propose des séances de rééducation cognitive. La Croix-Rouge, avec son équipe spécialisée Alzheimer (ESA) propose aussi 15 séances de rééducation cognitive. Il peut y avoir un accueil de jour, une aide à domicile, des maisons de retraite, etc. Toute stimulation cognitive est bonne pour lutter contre cette maladie.
Propos recueillis par Élisa Zejm