Pourquoi les Français en mangent de plus en plus
Si l’on regarde les vingt dernières années, les Français n’ont jamais consommé autant d’œufs qu’aujourd’hui, sous toutes les formes.
Les œufs gagnent du terrain en France. Toutes formes confondues, un Français a consommé en moyenne 224 œufs en 2023, selon une estimation récente du syndicat interprofessionnel (CNPO). Cela représente 24 œufs de plus qu’il y a vingt ans. Les « œufs coquilles » vendus tels quels représentent 45 % de la consommation globale d’un Français : à cela s’ajoutent aussi les œufs consommés au restaurant (omelette ou meringue à la carte d’une brasserie) ou ceux utilisés par l’industrie agroalimentaire et que l’on retrouve ensuite dans les produits de supermarchés.
« C’est un record » pour la période récente, estime Alice Richard, directrice du Comité national pour la promotion de l’œuf (CNPO), à BFM Business.
Rien qu’en magasin, les achats des ménages français ont augmenté de 3% en volume en 2023, tous modes d’élevage confondus. Une dynamique qui s’est confirmée au premier trimestre 2024 : sur les quatre premiers mois de l’année, les achats ont augmenté de 5,2% par rapport à la même période de l’année précédente, selon les chiffres de l’Institut technique de l’aviculture (Itavi) cités par l’interprofession.
Derrière ce succès se cache (entre autres) l’inflation. L’œuf n’a pas vraiment de concurrent prix en protéines animales, un bon argument quand un consommateur cherche à contenir son budget. S’il n’a pas échappé à la hausse des prix, il reste accessible – 1,37 euro en moyenne pour une boîte de 6 œufs sans étiquette en grande distribution le 20 août 2024, selon FranceAgriMer. Il bénéficie en même temps d’une bonne image nutritionnelle et est facile à cuisiner au quotidien, sans avoir besoin de réinventer ses recettes pour en manger davantage.
Rétrograder
Par ailleurs, si les prix des œufs augmentent en magasin, le consommateur français peut facilement descendre en gamme s’il ne veut pas réduire ses achats. L’agriculture biologique en a fait les frais : les œufs bio sont passés d’une part de marché de 20,3 % en 2022 à 11,9 % en 2023 selon les chiffres du CNPO, tandis que les œufs issus d’élevages en plein air ont grimpé à 47,2 % de part de marché en 2023, contre 37,1 % en 2022. C’est ce qui a également été observé, par exemple, entre les marques nationales, les marques de distributeurs et les marques « premier prix ».
Mais l’inflation n’est pas le seul moteur. S’il faut évoquer la demande croissante de la restauration, pour satisfaire les Français qui mangent beaucoup au restaurant, il ne faut pas oublier la communication efficace menée par le secteur auprès des consommateurs français. « L’argument du ‘produit anti-crise’ est mis en avant depuis plusieurs années », confirme Alice Richard. Près de 15 milliards d’œufs ont été produits en France en 2023, soit 930 000 tonnes pour le premier pays producteur de l’Union européenne, devant l’Espagne et l’Allemagne.