pourquoi l’EPR2 devrait être plus facile à construire que l’EPR de Flamanville
Ne pas reproduire les erreurs du passé. C’est ce à quoi travaille EDF, chargé de construire les six nouveaux réacteurs de forte puissance voulus par Emmanuel Macron sur les sites de Penly (Seine-Maritime), Gravelines (Nord) et Bugey (Ain). L’électricien entend s’appuyer sur les retours d’expérience des différents sites EPR dans le monde pour optimiser la construction de ses futures machines, baptisées EPR2.
« Nous avons beaucoup appris sur la construction de la famille EPR et le fonctionnement de ces réacteurs. » assure aujourd’hui Gabriel Oblin, directeur du projet EPR2 à EDF. « Le retour d’expérience du démarrage de l’EPR de Flamanville est pour nous essentiel, il continue. Nous serons particulièrement vigilant sur les performances de la chaudière et du groupe turbo-alternateur que l’on retrouvera dans l’EPR2. »
Toutefois, le groupe 100% public ne pourra pas profiter pleinement des effets de série entre l’EPR de Flamanville et ces EPR2, qui ne seront pas des copies exactes des premiers. En effet, leur conception générale, dont la finalisation est attendue dans le courant de l’été, doit être grandement simplifiée.
« L’EPR était un projet franco-allemand, explique Gabriel Oblin. Nous avons décidé de ne pas reconduire certaines options qui lui sont destinées, comme la possibilité de réaliser des opérations de maintenance dans le bâtiment réacteur lorsqu’il est à pleine puissance. Une pratique appliquée dans le fonctionnement des centrales nucléaires allemandes, mais pas françaises. » Il précise : « L’EPR2 n’aura alors qu’une seule paroi épaisse au niveau de l’enceinte du bâtiment réacteur, et non deux comme dans l’EPR. Ce choix améliore la constructibilité du réacteur sans aucun compromis sur la sécurité. »
Éléments préfabriqués
EDF prévoit également de rationaliser les références utilisées dans les futurs réacteurs. « Concernant les canalisations, il y aura 40 % de références en moins, dit Gabriel Oblin. Et sur les portes, qui sont des objets complexes, le nombre de références sera divisé par trois. »
L’électricien compte également sur la préfabrication de certains éléments, afin de désengorger le chantier. Sur le site de Penly, qui accueillera la première paire d’EPR2, « les colis de génie civil seront assemblés en marge du chantier, au sommet de la falaise, puis déposés par l’une des plus grandes grues du monde », nous expliquons. Un certain nombre de soudures doivent également être réalisées en atelier, « un environnement plus favorable à la qualité », assure «M. EPR2 ».
Au-delà de la simplification de la conception, EDF mise principalement sur le transfert de compétences pour optimiser ses futurs projets. « Plusieurs centaines de personnes actuellement mobilisées sur Flamanville 3 vont progressivement rejoindre le projet EPR2. » À Penly, les travaux préparatoires devraient débuter au cours de l’été, pour une mise en service d’ici 2035-2037. S’il n’y a pas d’échecs…
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