Bourse Entreprise

Pourquoi le volant futuriste de Peugeot inquiète-t-il autant qu’il fascine ?

Le constructeur a présenté son prototype au salon Vivatech. Un volant digne d’un vaisseau spatial, de forme rectangulaire, qui n’est pas sans rappeler le Yoke de Tesla. Rappelons que ce dernier fut un véritable échec tant son ergonomie était discutable. Un volant de ce type est parfait pour une F1 ou une voiture de course en championnat GT3, mais il n’est pas idéal pour emprunter un rond-point. Toutefois, si le volant de Peugeot, prévu d’intégrer leurs véhicules à partir de 2026, suscite des inquiétudes, ce n’est absolument pas pour les mêmes raisons.

Le volant de la discorde

Jérôme Micheron, chef de produit chez Peugeot, a annoncé la couleur : ce volant, à partir de 2026, sera « signer toutes les futures Peugeot développées par la suite « . Adieu la traditionnelle colonne de direction, bonjour les connexions électroniques. Un biais qui semble plutôt risqué.

En effet, si des tests auprès de plusieurs clients ont montré une adoption positive de cette technologie, les organisations syndicales restent préoccupées. Eric Peuultier, secrétaire adjoint du syndicat Force ouvrière du Territoire de Belfort, a fait part de ses inquiétudes : « Nous avons actuellement des postes dédiés à la fabrication des pièces nécessaires à la fixation des colonnes de direction. Avec le remplacement progressif de ces systèmes par des volants électroniques, que deviendront ces postes ? Nous craignons de nouvelles suppressions « .

Pour l’instant, aucune information n’a été donnée par le constructeur concernant le lieu de production de ce futur volant ni même l’origine des pièces. Pour Peuultier, cette innovation rime avec délocalisation.  » Ce ne sera pas en Franche-Comté, et probablement pas en France, ni en Europe.

Délocalisation et décentralisation : des craintes justifiées

Les préoccupations résonnent de la même manière parmi les autres syndicats. Benoît Vernier, délégué syndical central CDFT chez Stellantis, confirme ces inquiétudes : « C’est toujours la difficulté de ces nouvelles technologies. Nous savons qu’on ne peut pas réduire, que l’entreprise doit se renouveler. Mais nous n’avons aucune garantie que ce nouveau savoir-faire puisse être apporté en interne, et même en France. »

La grande crainte des syndicats est que Stellantis, maison mère de Peugeot, continue optimiser sa production en l’externalisant. Une stratégie inévitablement payante pour réduire les coûts, mais qui entraîne parfois de lourdes conséquences. Pour Peuultier, c’est un signe avant-coureur de suppressions d’emplois en France. Vernier confirme : « C’est vrai que si l’on regarde la politique générale de Stellantis, on va dans cette direction. L’entreprise travaille de plus en plus avec des pays à main d’œuvre peu coûteuse, et tente de décentraliser autant que possible. « .

Il est vrai que Stellantis a intensifié sa présence dans plusieurs pays ces dernières années. Maroc, Inde, Brésil, Turquie ou Pologne, le groupe s’est largement développé. Sa stratégie parle d’elle-même et on ne peut que comprendre la crainte des différents syndicats. Pour un constructeur automobile, maintenir la compétitivité est une nécessité car le secteur est devenu compétitif ces dernières années. Pourtant, d’autres solutions que la délocalisation sont à portée de main si l’on en croit Peuultier. La résolution de cette situation devrait passer par « des investissements lourds de l’État et de l’Union européenne pour développer et former aux technologies nécessaires, sur l’ensemble de notre territoire, tout en préservant nos emplois » « . Il y a une impression de déjà vu.

  • Peugeot a présenté au salon Vivatech un prototype de volant carré futuriste.
  • Celui-ci devrait équiper toutes les voitures de la marque d’ici 2026.
  • Les syndicats s’inquiètent cependant de cette innovation puisque, selon eux, sa conception constitue une menace directe pour l’emploi sur le sol français et européen.

📍 Pour ne manquer aucune actualité de Presse-citron, suivez-nous sur Google News et WhatsApp.

Ray Richard

Head of technical department in some websites, I have been in the field of electronic journalism for 12 years and I am interested in travel, trips and discovering the world of technology.
Bouton retour en haut de la page