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Pourquoi le président Kaïs Saïed a-t-il limogé son Premier ministre, Ahmed Hachani ?

Le président tunisien Kaïs Saïed a limogé, mercredi 7 août au soir, son Premier ministre Ahmed Hachani. Un limogeage plutôt inattendu, alors que l’économie tunisienne est à l’arrêt, avec un taux de chômage atteignant 16,4% en 2023.

Coup de tonnerre en Tunisie. Ce mercredi 7 août au soir, les services du président tunisien Kaïs Saïed ont annoncé le limogeage du Premier ministre Ahmed Hachani dans le cadre d’un « remaniement » souhaité par le chef de l’État. Une annonce inattendue par la plupart des médias tunisiens qui se sont également étonnés de la décision du président.

L’annonce est intervenue à 22h47 heure de Tunis (23h47 heure de Paris) lorsque l’agence de presse tunisienne, Tunis Afrique Presse (TAP), a publié un communiqué faisant état de la nomination de Kamel Maddouri, ministre des Affaires sociales, à la tête de la Kasbah (siège du Premier ministre : ndlr) succédant à Ahmed Hachani.

Cinq minutes plus tard, le compte X de la présidence tunisienne confirmait l’information, en publiant une photo de Kaïs Saïed aux côtés de son nouveau Premier ministre. Pour l’heure, aucune explication officielle n’a été donnée au limogeage d’Ahmed Hachani. Il est toutefois probablement lié à la crise économique traversée par ce pays, berceau du Printemps arabe en 2011.

En effet, l’économie tunisienne est à l’arrêt avec seulement 0,4% de croissance en 2023. Le taux de chômage dans ce pays s’élève à 16,4% en décembre dernier, contre 15,2% en décembre 2022. La Tunisie est également endettée à hauteur de 80% de son PIB, ce qui a provoqué des manifestations massives contre la crise socio-économique.

Plusieurs autres facteurs auraient également précipité la chute d’Ahmed Hachani. Parmi eux, l’augmentation du pouvoir d’achat.

Une crise migratoire sans précédent

Selon la radio tunisienne Mosaïque fm, Kaïs Saïed a présidé un Conseil de sécurité nationale quelques minutes après l’officialisation du limogeage d’Ahmed Hachani. Au cours de la réunion, le président tunisien a déclaré que « la hausse des prix était inacceptable, tout comme l’absence soudaine d’un certain nombre de produits alimentaires des marchés, ou encore le déversement d’eaux usées dans la mer, comme cela s’est produit hier à Sousse ».

A cela s’ajoute la crise migratoire à laquelle la Tunisie est confrontée. Le 23 juillet 2024, le ministère tunisien de l’Intérieur a publié des chiffres sur le nombre de migrants présents sur son sol. Selon les autorités, depuis le début de l’année jusqu’au 14 juillet, plus de 74 464 migrants ont été interceptés alors qu’ils tentaient de « franchir les frontières maritimes vers l’Europe », soit plus que sur toute l’année 2023 (environ 70 000).

Suite à un discours xénophobe du président Kaïs Saïed en février 2023, dénonçant l’arrivée de « hordes de migrants subsahariens », des dizaines de milliers d’entre eux se sont retrouvés sans logement ni travail.

Aujourd’hui, plus de la moitié des migrants, réfugiés et demandeurs d’asile originaires d’Afrique subsaharienne vivent dans des conditions jugées « inadaptées » par une ONG tunisienne spécialisée.

Selon une étude du Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES), «plus de la moitié» de ces migrants survivent dans «les rues, les parcs publics, les campements (de fortune) et autres espaces à ciel ouvert».

Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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