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Pourquoi le locataire de Matignon tient-il tant à garder le contrôle de ces ministères ?

SARAH MEYSSONNIER / AFP Pourquoi Barnier (ici en septembre 2024) tient tant à garder le contrôle de ces ministères

SARAH MEYSSONNIER / AFP

Pourquoi Barnier (ici en septembre 2024) tient tant à garder le contrôle de ces ministères

POLITIQUE – Un Barnier bien occupé. Après quinze jours de tractations et de négociations, le secrétaire général de l’Élysée Alexis Kohler a annoncé ce samedi 21 septembre la composition du premier gouvernement de l’ère Michel Barnier à Matignon.

L’équipe est élargie, avec 39 ministres, et renforcée sur son aile droite comme jamais depuis la présidence de Nicolas Sarkozy. Au sein de cette nouvelle équipe, le chef de l’Etat Emmanuel Macron a su garder son propre territoire avec la reconduction de Sébastien Lecornu (Renaissance) aux Armées et la nomination de Jean-Noël Barrot (MoDem) aux Affaires étrangères. Plus significatif encore, Michel Barnier a veillé à avoir le sien.

Au total, six ministres dépendent directement du chef du gouvernement. A titre de comparaison, Gabriel Attal avait la supervision de trois ministres délégués, dont le porte-parole et les relations avec le Parlement. Michel Barnier, lui, prend en charge des sujets très politiques. Un choix qui ne doit rien au hasard.

Barnier l’Européen

Parmi ces domaines  » réservé « , il n’est pas étonnant que les affaires européennes soient placées en premier. Alexis Kohler a en effet annoncé que le nouveau ministre délégué aux Affaires européennes, Benjamin Haddad (Renaissance), sera désormais rattaché à Matignon, en plus du Quai d’Orsay, comme d’habitude.

Une manière pour Michel Barnier, ancien négociateur du « Brexit », de garder un œil sur les dossiers qui lui sont chers, malgré la volonté d’Emmanuel Macron de garder la main sur les dossiers internationaux. Comme une sorte de continuité pour cet europhile convaincu, ancien député européen, commissaire européen à deux reprises, ou ministre chargé des Affaires européennes (sous Jacques Chirac).

Au-delà de cet appel personnel, le choix est d’autant plus prégnant dans la période actuelle, que le gouvernement français a des tests à passer devant la Commission européenne. Il doit en effet présenter rapidement son plan de réduction du déficit, après avoir demandé un premier délai début septembre sur fond de nouveaux dérapages des comptes.

Barnier le trésorier

C’est donc dans ce contexte périlleux que Michel Barnier a choisi de prendre la tête du ministère du Budget. Traditionnellement, le garant des comptes publics (en l’occurrence Laurent Saint-Martin, ancien député macroniste) est à Bercy, auprès du ministre de l’Economie et des Finances (devenu Sylvain Armand, un élu de la Renaissance). Ce fut le cas du duo Bruno Le Maire et Thomas Cazenave ou de Gabriel Attal et Olivier Dussopt avant lui.

Ce ne sera plus le cas. Sujet de  » négociations  » jusqu’à la dernière minute, selon Le mondecette partition est un moyen pour le Premier ministre d’avoir une emprise significative sur l’élaboration du budget 2025, priorité numéro un dans un contexte de dérapage budgétaire et de croissance atone.

Une tâche particulièrement délicate qui a déjà pris un retard sans précédent, malgré la pression de l’Assemblée nationale. Difficile aussi de ne pas voir derrière ce choix très singulier la volonté de Michel Barnier d’éviter « l’impunité » une forteresse  » à Bercy, avec deux ministres qui ne sont pas de son camp.

Barnier l’Outremer ?

Finalement, le locataire de Matignon reprend sous sa tutelle le ministère (à part entière cette fois) des Outre-mer. Sous Gabriel Attal, il était rattaché au ministère de l’Intérieur, un choix dénoncé par plusieurs élus et acteurs locaux, comme le reflet d’une approche trop sécuritaire.

Il faut dire aussi que ce portefeuille est ultrasensible et émaillé d’urgences, en Nouvelle-Calédonie – où treize personnes sont mortes dans des violences depuis mai. Mais aussi en Martinique – en proie à des tensions ces derniers jours –, en Guadeloupe – touchée par des grèves d’employés d’EDF – ou encore à Mayotte. Les dossiers du nouveau ministre, le sénateur LR François-Noël Buffet, sont donc nombreux. Ceux de Michel Barnier aussi.

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Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides

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