Pourquoi le lac Pavin est-il constamment sous surveillance ?

Suzanne et son mari Henri ont choisi le Sancy comme lieu de villégiature. « Nous sommes ici pour deux semaines. » Le couple belge a profité de leur premier séjour en Auvergne pour explorer le lac Pavin. « On dirait qu’il y a beaucoup de légendes ici. J’ai même entendu dire qu’au fond du lac, il y avait un village englouti. »

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Que Suzanne se rassure, le lac de 92 mètres de profondeur ne contient pas de ville. Les nombreuses études réalisées en attestent. Tout comme le fait que Pavin soit considéré comme un lac méromictique. « La première couche d’eau de 60 mètres se retourne au fil des saisons. S’il y a du gaz, il se dégage en continu. En revanche, dans la deuxième couche, l’eau reste stagnante », illustre Guillaume Boudoire, enseignant-chercheur à l’Institut Laboratoire Magmas et Volcans, unité mixte de recherche de l’Université de Clermont-Auvergne (UCA).Le lac Pavin est un site apprécié du Sancy.

En effet, entre 60 et 92 mètres, l’eau ne circule pas et se charge de gaz (principalement du dioxyde de carbone et du méthane). Gaz qui pourrait s’élever et provoquer une éruption limnique.

Une station pour mesurer les flux de CO2

Le sujet du dégazage du lac Pavin est suivi depuis 2008 par les services de l’Etat, « une zone d’émission de gaz a été mise en évidence », annonce la préfecture du Puy-de-Dôme. Des estimations ponctuelles de gaz ont été réalisées par le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) en 2008, complétées plus récemment par des mesures de débit. « Une station fixe permettant de mesurer en continu les flux de CO2 du sol vers l’atmosphère a été installée au printemps 2024 », ajoute la préfecture.

Une plongée unique dans les profondeurs du lac Pavin (Puy-de-Dôme)

Parallèlement, des scientifiques du laboratoire Magmas et Volcans de Clermont-Ferrand, dirigés par le Dr Victoria Rafflin, rédigeaient un article, publié en février dernier, sur les conséquences d’une éruption limnique. Guillaume Boudoire complète :

Une modélisation numérique de cette dispersion potentielle de gaz dans l’atmosphère a ainsi été réalisée et plusieurs scénarios envisagés. « Ce sont les modèles théoriques les plus probables qui permettent d’estimer les aléas », précise le chercheur clermontois. « Notre première question était de savoir si le gaz pouvait transiter vers la commune de Besse-et-Saint-Anastaise », insiste Guillaume Boudoire.

Des conditions stables depuis 40 ans

Le dioxyde de carbone (CO2) enfermé dans le Pavin étant un gaz lourd, s’il était libéré, il s’accumulerait à hauteur humaine près de la surface de l’eau puis se disperserait en fonction de la topographie. Pouvoir, en effet, franchir les portes de Besse. « La modélisation nous a permis de nous rendre compte que si le nuage pouvait bien atteindre la ville, il arriverait dans des concentrations qui ne seraient pas inquiétantes pour la santé de la population », rassure le scientifique.Le lac est constamment sous surveillance.

Les cartes probabilistes montrent cependant que les zones autour du lac (environs et sentiers de randonnée notamment) pourraient en revanche connaître des niveaux mortels de CO2 dans l’air dès 15 minutes après le début d’une éruption limnique et jusqu’à « deux heures ». après », explique Victoria Rafflin, médecin et auteur de l’article. Les scientifiques ont également identifié trois zones à proximité du lac qui pourraient permettre au public de se mettre en sécurité en cas de danger.

Éléments de précision supplémentaires

Les études des chercheurs du laboratoire auvergnat ont également permis de comparer les mesures réalisées ces dernières années au fond du lac avec celles réalisées depuis les années 1980. Guillaume Boudoire assure :

Les conclusions de cette modélisation numérique du laboratoire Magmas et Volcans devraient prochainement être présentées aux services de l’État. « Cela pourrait éventuellement apporter quelques éléments de précision supplémentaires d’ici là. Ceci afin d’échanger ensuite sur l’évolution du sujet », précise la préfecture du Puydôme. Et si nécessaire, les services de l’État pourraient travailler à la mise en place d’un système d’alerte, voire d’itinéraires de secours.Plusieurs études ont été réalisées dans les eaux de Pavin.

Mais rassurez-vous, ces modèles numériques restent théoriques. Une expertise réalisée par le BRGM et l’Université de Clermont-Auvergne a également permis d’exclure, à court terme, un dégazage spontané du lac.

. Suzanne et Henri peuvent poursuivre leur découverte du Sancy en toute sérénité.

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