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Pourquoi le Japon veut-il le « pirate » Sea Shepherd ?

Le fondateur de l’ONG de protection des océans a été arrêté dimanche au Groenland, où son bateau faisait escale. Il se dirigeait vers le passage du Nord-Ouest pour barrer la route à un baleinier japonais.

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Paul Watson, fondateur de l'ONG Sea Shepherd, lors d'une conférence de presse à Lyon, le 16 janvier 2016. (PHILIPPE DESMAZES / AFP)

Il a fait l’objet d’une « notice rouge » émise par Interpol à la demande de Tokyo depuis 2012. Le fondateur de l’ONG Sea Shepherd, Paul Watson, a été arrêté dimanche 21 juillet au Groenland, où se trouvait son bateau, le Jean-Paul DeJoriafaisait escale. Le « pirate » canadien de 73 ans a été placé en détention jusqu’au 15 août dans ce vaste territoire autonome danois.

Le Japon l’accuse de « complot d’embarquement » et accuse les militants écologistes qui l’accompagnent d’empêcher ses baleiniers d’opérer dans les eaux glace glaciaire de l’Antarctique. Malgré cet avis, Paul Watson a pu voyager librement dans plusieurs pays, comme la France, la Suisse, les Pays-Bas et l’Irlande, a rappelé dimanche Sea Shepherd France. sur XL’ONG craint désormais que le Danemark extrade l’activiste à la barbe blanche vers le Japon et « se tient sur le côté« États voyous qui violent les lois et les traités protégeant les mammifères marins » enfermant « L« Le camp baleinier japonais. »

Cette arrestation est le dernier épisode d’un long conflit entre les autorités japonaises et la figure de proue de l’émission « Whale Wars » (connue en France sous le nom de « Justiciers des mers »), diffusée de 2008 à 2015 sur la chaîne Animal Planet. Depuis la fin des années 1970, Paul Watson et son ONG tentent d’empêcher la chasse à la baleine. La technique employée se veut pacifiste, mais non dénuée de risques : s’interposer entre les cétacés et les imposants navires qui les traquent.

Ces militants dénoncent une activité illégale et s’appuient, entre autres, sur l’organisme international qui réglemente la chasse à la baleine depuis 1946 et auquel ont adhéré près de 90 pays : la Convention baleinière internationale (CBI). En 1986, cette dernière a interdit la chasse à la baleine la chasse commerciale à la baleine, qui a donné lieu à la création de deux sanctuaires (l’un dans l’océan Indien, l’autre dans l’océan Austral).

Or, La Norvège, l’Islande et le Japon, bien que membres de la convention, ont continué cette activité. L’archipel japonais (qui a quitté la CBI en 2019) la pratique même depuis longtemps dans les eaux sanctuaires de l’Antarctique, sous le couvert de missions scientifiques.Au cours d’une de ces missions, en janvier 2010, un baleinier japonais, le Shonan Maru n° 2, est entré en collision avec un trimaran de Sea Shepherd, leAdy Gil, qui a fini au fond de l’océan.

« Ils (Les Japonais) « Nous nous trompons s’ils imaginent que nos deux derniers navires se retireront du sanctuaire des baleines dans l’océan Austral. »puis a réagi Paul Watson, qui était sur un autre bateau. Un mois plus tard, le capitaine duAdy Gil, L’activiste néo-zélandais Pete Bethune a réussi à monter à bord du navire japonais, dans l’intention de procéder à une « arrestation citoyenne » de son capitaine. Pour cela, Pete Bethune a passé plus de cinq mois en prison au Japon, avant d’être condamné par un tribunal local à deux ans de prison avec sursis. Les deux incidents, survenus dans l’océan Antarctique début 2010, ont marqué le début d’une nouvelle phase du conflit entre Tokyo et l’ONG. C’est alors que le Japon s’est tourné vers Interpol pour combattre Paul Watson.

Sea Shepherd et les autorités japonaises se sont mutuellement accusées d’être à l’origine du choc et de la perte de l’équipage.Ady GilL’Autorité australienne de sécurité maritime, qui enquête sur la collision, n’a pas été en mesure de déterminer si des règles de navigation avaient été enfreintes par l’une ou l’autre des parties. « en partie parce que le Japon n’a pas coopéré à l’enquête », écrivent les chercheurs Alan D. Hemmings, Donald Rothwell et Karen N. Scott dans un livre sur les questions de sécurité en Antarctique. L’équipage japonais n’a pas non plus participé à une enquête distincte, menée par la Nouvelle-Zélande, qui a conclu que le comportement des deux navires a contribué à la collision, soulignent les trois auteurs du livre.

« Nous empêchons simplement les pratiques illégales », a martelé Paul Watson, cité en 2013 par franceinfo« Les Japonais s’attaquent à des cétacés en voie de disparition dans l’enceinte d’un sanctuaire de renommée mondiale, en violation de la loi régissant la chasse à la baleine. Je ne suis pas le criminel. »

Lors de sa sortie de la CBI en 2019, le Japon a assuré qu’il limiterait sa chasse à la baleine à ses eaux territoriales. Mais le Fondation du Capitaine Paul Watson ((CPWF) estime que le pays a l’intention de reprendre la chasse à la baleine en haute mer dans l’océan Austral et le Pacifique Nord d’ici 2025, malgré les dénégations de la compagnie baleinière Kyodo Senpaku. En mai 2024, le Japon a lancé un nouveau navire de 113 mètres de long et 21 mètres de large, le Kangei Maru, alimentant ainsi ces soupçons.

C’est alors qu’il tentait de rejoindre le navire par le passage du Nord-Ouest que Paul Watson fut arrêté au Groenland. « On dit depuis longtemps que les accusations du Japon sont avant tout politiques et ne reposent sur aucun crime. »dit le Monde Locky MacLean, le capitaine du navire Jean-Paul-DeJoria, présent lors de l’arrestation de son collègue.La raison de l’arrestation de Paul Watson ne fait aucun doute parmi ses partisans. CPWF voit une action « politiquement motivé, coïncidant avec le lancement du nouveau navire-usine »rapporte l’AFP.

Les accusations portées contre l’activiste par les tribunaux japonais n’ont pas été dévoilées. « Il risque sa vie. S’il va au Japon, on sait qu’on ne le reverra plus car le Japon est dans une logique de revanche », a alerté la présidente de Sea Shepherd France, Lamya Essemlali sur franceinfo. Selon elle, cette arrestation est également liée au fait que l’ONG a « Une histoire » avec le Danemark « sur la question des massacres de dauphins aux îles Féroé ». L’Elysée a assuré mardi qu’Emmanuel Macron suivait « la situation de près » et que la France intervenait auprès des autorités danoises « pour que Paul Watson ne soit pas extradé vers le Japon. »

Cammile Bussière

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