pourquoi le groupe a pu échapper au procès
Le tribunal d’Epinal pourrait valider mardi une transaction qui mettrait fin aux procédures judiciaires visant la multinationale productrice de bouteilles Perrier, Vittel et Contrex.
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Y aura-t-il un jour un procès dans l’affaire des filtres interdits utilisés par le groupe Nestlé sur ses eaux minérales naturelles ? L’affaire a été révélée en début d’année par Le monde et la Cellule d’investigation de Radio France, mais ce mardi 10 septembre, le tribunal d’Epinal pourrait changer le cours des choses après que le procureur a engagé une procédure de conventionnement judiciaire d’intérêt public (CIJP).
Nestlé fait l’objet de deux enquêtes préliminaires : l’une concernant de potentiels forages illégaux dans la nappe phréatique, l’autre concernant des traitements interdits utilisés par Nestlé pour masquer la contamination de ses eaux minérales naturelles. Ces deux dossiers sont totalement distincts, mais le ministère public a néanmoins décidé de les réunir dans le cadre d’une procédure dite « CJIP » qui permettrait à Nestlé d’échapper aux jugements dans ces deux dossiers et à toute condamnation pénale, en échange du paiement d’une amende à l’Etat et aux associations.
Certaines associations plaignantes ont accepté de chiffrer les dommages mais critiquent la méthode. D’autres, comme Foodwatch, refusent catégoriquement toute transaction financière, accusant Nestlé de vouloir « faire payer » les dommages.balayer l’affaire sous le tapis » et s’en tirer sans aucune autre explication ni conséquence.
Ce n’est pas la première fois que Nestlé échappe à un procès grâce à cette procédure. En 2022, Nestlé avait déjà signé ce type d’accord judiciaire avec le parquet de Charleville-Mézières, après que la pollution d’une rivière eut provoqué une forte mortalité de poissons. Mais si cette procédure CJIP, créée en 2016 par la loi Sapin, a bel et bien été étendue en 2020 aux atteintes à l’environnement, elle ne peut être utilisée selon la législation pour des délits de tromperie, comme c’est le cas en cas d’eau contaminée traitée illégalement.
Des traitements interdits dont les autorités ont connaissance depuis plusieurs années. Informé par la multinationale elle-même en août 2021, le gouvernement a décidé de ne pas informer la justice ni les autorités européennes, comme l’exige la réglementation. Permettre à Nestlé d’échapper à un procès public dans cette affaire reviendrait également à priver les consommateurs d’eau en bouteille de réponses aux questions sur la responsabilité de l’État dans cette affaire.
francetvinfo