Étienne, un Orléanais de 18 ans, dit vivre sa foi concrètement grâce à un modèle : Carlo Acutis. Il y a deux ans, son équipe de scouts a effectué un pèlerinage à Assise, où il a découvert la tombe de ce jeune Italien décédé en 2006, à l’âge de 15 ans, d’une leucémie dévastatrice, béatifié en 2020 et enterré au sanctuaire de Santa Maria Maggiore. Depuis, Étienne est resté attaché à la figure de celui surnommé « le Missionnaire 2.0 », « le Cyber-Apôtre » ou encore « l’Influenceur de Dieu » car il a utilisé Internet pour découvrir la puissance de l’Eucharistie.
» Si Carlo a pu vivre sa foi et annoncer l’Évangile, je peux le faire aussi, avec mes propres talents. » confie Étienne, qui dit prier « maintenant régulièrement pendant la semaine ». « On se sent proche de lui à travers toutes les références, soutient une autre étudiante passionnée par Carlo Acutis, Noémie, 22 ans, à Paris. Il jouait au football, il portait des baskets, il avait un téléphone, un ordinateur…Cela montre que nous sommes tous appelés à être saints. »
Biographies, bandes dessinées et visites de reliques
Ces deux exemples sont loin d’être uniques. Carlo Acutis, dont le pape François vient d’annoncer qu’il sera canonisé lors du Jubilé de l’adolescent qui se tiendra à Rome du 25 au 27 avril 2025, est très apprécié des jeunes catholiques de France. Des comédies musicales lui sont dédiées, des écoles sont rebaptisées d’après son nom, tandis que les livres et bandes dessinées racontant sa vie connaissent un grand succès.
Sa biographie, publiée en 2019 par Father Will Conquer (Un geek au paradis, Éd. Première partie), vendu à 30 000 exemplaires. « Les lecteurs sont séduits par son histoire car il rend accessible la sainteté, c’est une figure contemporaine et les jeunes s’identifient facilement à lui », explique Mathilde Mahieux, responsable du secteur religieux à la librairie La Procure à Paris.
Sa renommée s’est répandue notamment grâce à une première tournée de ses reliques en France, peu après sa béatification, en 2020 : le diocèse de Monaco fut le premier à les accueillir, puis le lycée Saint-Bonnet de Châteauneuf-de-Galaure (Drôme ), suivis par des dizaines d’aumôneries… « De Pontoise à La Rochelle, de nombreux locaux, communautés et groupes scouts portent son nom. » précise Will Conquer.
Un groupe scolaire à son nom
Créé en 2021, le groupe scolaire Carlo-Acutis, à Fondettes, près de Tours, comptera 200 élèves à la rentrée. Sur leur uniforme est brodé le visage du jeune italien, qui est « invoqué quotidiennement » et leur est présenté comme « leur grand ami et modèle »explique Anne Jaubert, responsable de la communication de cette école sans contrat. L’école a également accueilli ses reliques il y a quelques mois, et les élèves ont parlé en ligne avec sa mère. « L’Eucharistie et l’adoration étaient très importantes pour Carlo, c’est un modèle pour mieux aimer Dieu et les autres » témoigne Vianney, en sixième.
Une des phrases du geek est également régulièrement rappelée : « Nous naissons tous originaux, mais beaucoup d’entre nous meurent photocopies. » Ce mot éclaire les jeunes car « l’effet de groupe à l’adolescence peut parfois entacher la singularité de chacun »note Anne Jaubert, avant de confier que « Le rêve de nos étudiants serait que toute l’école se rende à Rome pour la canonisation de Carlo. »
Développer l’évangélisation sur Internet
Carlo Acutis a également donné son nom à un groupe d’influenceurs catholiques (le réseau Acutis), créé à l’initiative du dominicain Paul-Adrien d’Hardemare en 2022, dont Victor, le « service catholique » (48 000 abonnés sur Instagram), sœur Albertine, de la communauté du Chemin-Neuf (215 000 abonnés) ou encore le prêtre traditionaliste Matthieu Raffray (81 000 abonnés). Sa mission ? Aidez ces influenceurs qui touchent des millions de personnes – et notamment les jeunes de 15 à 25 ans – à se connaître et à développer l’évangélisation sur Internet.
Parmi ceux qui ont contribué à populariser le futur saint figurent Jean-Baptiste et Marie Maillard, organisateurs d’une nouvelle tournée de ses reliques entre 2023 et 2024 dans plusieurs villes de France. Plusieurs centaines de jeunes ont répondu à chaque étape : « Ils sont touchés par son exemple et essaient aussi de se lier d’amitié avec lui », note Marie Maillard. Elle et son mari ont créé un site, miraclesdecarlo.com, qui présente les miracles attribués à l’intercession de Carlo Acutis, ceux que l’Église a officiellement reconnus, mais aussi les « fioretti » (anecdotes, histoires merveilleuses) dont témoignent les chrétiens qui l’ont prié.
Lui-même était allé en France de son vivant, tandis qu’il effectuait plusieurs voyages à travers le monde, grâce au soutien de ses parents, pour documenter les miracles eucharistiques qui se sont produits au fil des siècles et auxquels il avait consacré un site Internet. « La France est l’un des pays qu’il a le plus visité au cours de sa vie. » indique le Père Will Conquer, convaincu que le jeune Acutis entretient une relation privilégiée avec la jeunesse française : « Carlo aime la France et la France aime Carlo. »