Très impressionnants depuis le début du tournoi WTT Champions à Montpellier, sur leurs terres, les frères Lebrun, Félix et Alexis, s’affrontent ce samedi en quart de finale (21 heures). Passionnante, l’affiche est époustouflante autour de la table. Tous les matchs pourront être suivis en direct et gratuitement sur les chaînes Twitch et YouTube de RMC Sport.
Un duel au sommet à Montpellier. Quel meilleur écrin que la Sud de France Arena pour servir de théâtre à ce nouvel affrontement fratricide entre les frères Lebrun, étoiles montantes du tennis de table ? Tout le monde en rêvait depuis le tirage au sort qui avait placé Félix (7ème joueur mondial) et Alexis (n°16) dans le même match, avec un potentiel quart de finale entre les deux frères, au cas où les stars de Le ping français serait impitoyable. L’Hypothèse n’est plus un film de science-fiction.
Le récent champion d’Europe Alexis Lebrun a confirmé vendredi avoir installé un duplex dans le cerveau du vice-champion olympique Truls Moregard (deuxième victoire en cinq jours contre le Suédois), après avoir résisté à la malice et au talent de sa bête noire, le Portugais Marcos. Freitas. Quant à Félix Lebrun, il n’a fait qu’une bouchée de son compatriote impuissant Simon Gauzy avant de dominer sans coup férir le Chinois Xiang Peng qui l’avait surpris lors de leur dernière rencontre en Chine, début octobre.
L’ascension fulgurante de Félix et d’Alexis Lebrun rendra ces rencontres plus familières, et bientôt le grand public et les connaisseurs s’y habitueront. Cette prochaine décennie pourrait être celle des frères. Mais en attendant de pouvoir observer comment ils comptent contester la domination de l’empire chinois sur le tennis de table, Félix et Alexis Lebrun nous offriront un duel passionnant qui s’annonce époustouflant, peut-être l’un des plus âprement disputés entre deux joueurs avec des styles diamétralement opposés. Si Félix Lebrun reste le mieux classé des deux, Alexis a tendance à grignoter son retard, rempli d’une confiance au zénith.
Une première en WTT
Pour la cinquième fois de leur carrière senior, les deux frères Lebrun s’affronteront ce samedi, à partir de 21 heures (sur les chaînes YouTube et Twitch de RMC Sport). Mais ils ne s’étaient jamais rencontrés à ce niveau sur le circuit international. Sur le circuit WTT, c’est une première.
Après une première demi-finale aux championnats de France, en 2022, en prélude à de nombreux affrontements, Félix et Alexis se croisent en finale des championnats nationaux en 2023. Puis de nouveau en finale l’année suivante, juste après un quart à le top 16 européen de Montreux, en janvier.
L’heure de la vengeance pour Félix ?
Quel est le point commun de tous ces affrontements ? Félix n’est jamais sorti vainqueur. La dernière fois qu’il a croisé le fer avec l’aîné, les larmes ont coulé en finale des championnats de France. Pendant ce temps, son frère rugissait, le torse bombé et les deux pieds sur la table. Félix Lebrun a beau être le mieux classé, celui qui est présenté comme étant le plus fort des deux, il n’a jamais battu son aîné en match officiel.
Cet ascendant psychologique peut-il jouer en faveur du triple champion de France ? Deux joueurs qui se connaissent par cœur et s’entraînent ensemble quotidiennement tout au long de la saison, voyagent ensemble et partagent le même staff peuvent-ils encore se surprendre ?
« Félix va regarder des vidéos, va préparer une petite tactique. Je sais qu’il essaie de me faire des petites surprises quand on joue, de changer un petit détail en début de match », souriait Alexis vendredi.
« Je vais voir ce qui se passe. Cela fait un moment que nous n’avons pas joué ensemble. J’espère que ce sera un bon match. J’ai aussi hâte de le surprendre et lui d’essayer de me surprendre. » , l’aîné s’impatiente, considérant son cadet qu’il « bat toujours » comme « un très grand joueur, qui reste le favori ».
Une Arena partagée, mais toujours aussi chaude ?
Capitale du tennis de table français pendant une semaine où le temps suspend son cours lors de chaque match des Français, médaillés de bronze à Paris cet été, Montpellier est l’épicentre des secousses qui secouent l’Arena Sud de France depuis cinq jours. Des milliers de supporters vibrent au coude à coude dans les allées des tribunes qui ressemblent parfois à des kops de supporters. Mais c’est pour le tennis de table que les Français se lèvent et vibrent à l’unisson, preuve que le ping a pris une autre dimension en France ces derniers mois. C’est aussi ça la Lebrunmania.
Alexis se nourrit de ses ambiances survoltées pour gonfler une confiance non négligeable. « J’adore ça! », a-t-il avoué avec un immense sourire, la gourmandise suintant de ses yeux, vendredi. « Ce n’est pas tant mon niveau que je veux retenir, c’est vraiment l’ambiance. Pour l’instant, c’est vraiment ce qui me motive à jouer ici. Je veux juste continuer à jouer dans cette salle de fou. »
Qui autour ?
Un grand absent sera remarqué ce soir. Il ne manquera pas de regarder le résultat une fois le match terminé, mais le vivre de l’intérieur serait cette fois trop douloureux. Le regarder, y compris à la télévision, serait comme un calvaire pour Nathanaël Molin, sélectionneur fédéral de l’équipe de France, qui revient au chevet de ses frères et sœurs depuis trois ans. La bouteille sera ouverte mais la télévision s’éteindra.
«Je n’aime pas ça, je ne veux pas vivre ça. Pour moi, ce n’est pas agréable», confiait-il après la victoire d’Alexis Lebrun. « Je regarderai le résultat, mais pas le match. Je pense que j’ai trois cents matches à analyser dans l’année, si je n’en prends pas un, ce n’est pas grave. » Conséquence directe de ce retrait, les deux frères vont devoir se débrouiller seuls. La maman, Dominique, sera sans doute en tribunes, même si l’affiche sera forcément moins agréable à vivre.
En revanche, comme Nathanaël Molin, Jérémy Surault, le préparateur physique qui remplaçait parfois Molin au coaching avec Alexis à Linz, va se retirer. « Comme tout notre personnel est partagé, personne ne va nous aider. On est vraiment seuls», a confirmé Alexis Lebrun. Ce soir, deux champions extraordinaires s’affronteront. Et au final, il n’en restera qu’un.