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Pourquoi le bilan de l’équipe de France est historique (mais pourquoi il n’est pas extraordinaire)

L'équipe de France de basket-ball, posant avec sa médaille d'argent après sa défaite en finale olympique contre les États-Unis, à l'Arena Bercy, le 10 août 2024.
DAMIEN MEYER / AFP L’équipe de France de basket-ball, posant avec sa médaille d’argent après sa défaite en finale olympique contre les États-Unis, à l’Arena Bercy, le 10 août 2024.

DAMIEN MEYER / AFP

L’équipe de France de basket-ball, posant avec sa médaille d’argent après sa défaite en finale olympique contre les États-Unis, à l’Arena Bercy, le 10 août 2024.

PARIS JO – Les Jeux Olympiques de Paris sont déjà derrière nous. Et à l’heure du bilan, difficile de parler d’autre chose que d’une réussite : une cérémonie d’ouverture célébrée et qui restera dans l’histoire, une ambiance animée et conviviale dans le public, des sites événementiels majestueux avec les monuments parisiens en toile de fond, des visiteurs étrangers charmés par ces Français qui ne se plaignent plus.

Et pour couronner le tout, plus de soixante médailles françaises en 17 jours, du jamais vu depuis plus d’un siècle. Mais c’est justement de ce dernier point que nous allons parler ici, avec cette question qui semble faire trouble dans cet océan de bonheur populaire : bien que deux fois plus nombreux qu’à Tokyo en termes de médailles, le bilan français est-il vraiment si exceptionnel ?

Pour tenter de répondre à cette épineuse question, concentrons-nous sur les chiffres, rien que les chiffres. L’équipe de France termine sa quinzaine olympique avec 64 médailles, dont 16 en or.

Certes, c’est presque le double de Tokyo (33 médailles) mais c’est presque vingt de moins que ce qu’espéraient la ministre des Sports Laura Flessel en 2017, lors de l’attribution des Jeux à Paris, ou Jean-Michel Blanquer, au même poste, lors d’une conférence de presse en 2021.

Si Emmanuel Macron lui-même n’a jamais évoqué devant la presse cette barre des 80 médailles à atteindre, le président s’était fixé publiquement un autre objectif au préalable : terminer dans le top 5 du classement des médailles. Mission accomplie pour la délégation française, qui est même la première nation européenne, devant les Pays-Bas et la Grande-Bretagne.

Un nombre record de médailles d’or, mais…

Mais il y a un autre chiffre qui frappe, c’est le ratio de médailles d’or. Dans ses prévisions préolympiques, l’institut Nielsen, qui fait référence, avait ainsi évoqué 60 médailles (une barre franchie) mais 27 titres. Si le record de titres olympiques a été dépassé cette année (16), ceux-ci représentent moins d’un quart du total des médailles remportées. C’est l’un des pires ratios dans le top 25 du classement des nations. Lors du précédent record à Atlanta en 1996 (15), le ratio était de 40%.

« Nous avons identifié 14 médailles d’or qui étaient accessibles et que nous n’avons pas obtenues »« Les Bleus ont malheureusement un peu trop misé sur l’argent : 25 médailles, pour une part de près de 40% de la moisson totale. Surtout, ils ont perdu 15 de leurs 21 finales disputées », a confirmé Claude Onesta, le responsable de la haute performance à l’Agence nationale du sport (ANS). L’équipeLe pire ratio depuis 30 ans pour la France aux Jeux olympiques d’été.

Quand on voit que deux ou trois titres supplémentaires auraient suffi pour atteindre une belle troisième place au tableau des médailles, derrière les intouchables Chinois et Américains, la frustration peut exister. Parmi les médailles d’or espérées qui se sont transformées en argent, on peut citer celles de Luka Mkheidze en judo, Lauriane Nolot en kitesurf ou encore Sofiane Oumiha en boxe. « Parfois, il y a trop de charge émotionnelle à la maison. Quand on est en finale et qu’on n’a pas encore vécu ça, on se retrouve dans des situations difficiles. »essaie d’expliquer en L’équipe Claude Onesta.

Pour ajouter à la déception, on peut aussi souligner l’absence d’athlètes russes – hormis une poignée sous bannière neutre – à Paris, qui avaient par exemple remporté 56 médailles à Rio et 71 à Tokyo. D’autant plus frustrant pour les Bleus que les Russes prennent habituellement des médailles dans des sports où les Français sont peu présents sur les podiums, hormis en escrime.

Des médailles dans 20 fédérations

Il faut aussi rappeler que la délégation française s’est présentée au départ avec 571 athlètes dans ses rangs, soit la plus importante de son histoire pour ces Jeux à domicile. A titre de comparaison, ils n’étaient que 378 à Tokyo et 399 à Rio.

Claude Onesta veut croire malgré tout à la réussite des JO. « Avec 60 médailles, j’ai le sentiment d’avoir accompli mon travail »il dit dans L’équipeIl met notamment en avant les médailles obtenues dans une vingtaine de fédérations. « Les Britanniques sont médaillés dans 16 fédérations, le Japon et l’Australie dans 11 »rappelle-t-il. De quoi positionner la France au troisième rang de ce classement officieux, toujours derrière la Chine et les Etats-Unis.

Ce qui n’empêche pas quelques zéros : en aviron, en gymnastique, en escalade et en tennis par exemple. En athlétisme, sport roi des Jeux, la France n’emporte qu’une médaille – plutôt inattendue – et une seule également en cyclisme sur piste – certes en or – dont on attendait un total plus élevé.

Enfin, la campagne française a été dominée par l’ouragan Léon Marchand la première semaine, qui a tout balayé sur son passage avec ses cinq médailles, dont quatre en or. Il faut y ajouter le titre olympique du rugby à 7 qui avait lancé une belle dynamique, les deux médailles d’or de Teddy Riner, le triplé inédit aux JO d’été depuis un siècle (en BMX racing) ou encore le nombre conséquent de médailles en judo, natation et escrime. La deuxième semaine, avec seulement une vingtaine de médailles obtenues, a clairement fait redescendre la température, qui est néanmoins remontée ce week-end avec la fin des grandes épopées en sports collectifs, dont la redoutable médaille d’or des volleyeurs.

A la lecture de tous ces éléments, on pourrait donc espérer encore mieux de la part des athlètes français, notamment en termes de nombre de titres olympiques, avec une préparation spécifique pour cet événement à domicile unique dans une vie. Ce qui est quasiment sûr désormais, c’est que ce total de 63 médailles devrait être très difficile à aller chercher pour les Bleus. Mais pourquoi pas au moins franchir régulièrement la barre des 45 ou 50 médailles tous les quatre ans. Un premier test a été annoncé à Los Angeles, en 2028.

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Jeoffro René

I photograph general events and conferences and publish and report on these events at the European level.
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