Les résultats des élections législatives de 2024 révèlent un paradoxe frappant dans le paysage politique français. Si le Rassemblement national (RN) a remporté plus de voix que le Nouveau Front populaire (NFP), cette avance ne s’est pas traduite en sièges à l’Assemblée nationale.
Une victoire en voix, mais pas en sièges. Au premier tour des législatives, le RN a récolté 9,3 millions de voix contre 8,9 millions au NFP. L’écart s’est creusé au second tour avec 8,7 millions de voix pour le RN contre 7 millions au NFP. Le Rassemblement national arrive donc effectivement en tête en termes de voix. Malgré cette avance significative, le RN n’est pas parvenu à convertir sa popularité en sièges parlementaires.
sièges indépendamment du nombre de voix
La clé de ce paradoxe réside dans le mode de scrutin utilisé pour les élections législatives en France. Le scrutin majoritaire à deux tours, bien qu’ancré dans la tradition politique française, présente des particularités qui peuvent créer des distorsions entre le vote populaire et la représentation parlementaire.
Dans ce système, chaque circonscription élit un seul député. Le candidat qui obtient la majorité des voix (au premier ou au second tour) remporte le siège, quelle que soit l’importance de sa victoire. Ce mode de scrutin ne permet pas de proportionnalité entre le nombre total de voix obtenues au niveau national et le nombre de sièges attribués.
Alliances stratégiques et transferts de voix pour bloquer le RN
Le système majoritaire à deux tours favorise les alliances. Le NFP a su tirer parti de cette caractéristique en formant des coalitions stratégiques avec d’autres partis de gauche, écologistes et parfois même centristes.
Face à la perspective d’une majorité absolue de candidats RN à l’Assemblée, 130 candidats de gauche et 80 macronistes se sont retirés, contribuant ainsi à isoler le parti arrivé en tête. Sur 158 cas de courses à trois, 149 se sont transformés en duels.
Par ailleurs, la pratique du retrait au profit du candidat le mieux placé pour battre le RN a joué un rôle crucial. Cette stratégie a contribué à consolider le vote anti-RN et à augmenter les chances de victoire du NFP dans plusieurs circonscriptions.
Au total, 386 personnes se sont présentées sous l’étiquette RN, dont 88 ont été largement élues. En comparaison, 146 candidats du NFP ont été élus parmi les 281 présentés sur les listes.