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Pourquoi l’Allemagne réduit de moitié son aide militaire à l’Ukraine

L’Allemagne va-t-elle abandonner l’Ukraine ? Alors que l’armée ukrainienne tente actuellement de consolider ses positions sur le territoire russe, Berlin a annoncé qu’elle allait réduire de moitié ses dépenses militaires en faveur de Kiev.

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Le chancelier allemand Olaf Scholtz en février 2024, lors d'une conférence de soutien à l'Ukraine, à Paris. (FRED DUGIT / MAXPPP)

« La fête est finie »Une source gouvernementale a résumé dimanche 18 août cette information, confirmant une information parue dans la presse un peu plus tôt. Cette année, l’Allemagne a alloué 8 milliards d’euros de crédits à l’Ukraine. Dans son budget 2025, ce sera quatre milliards, en 2026, trois milliards, et en 2027, l’objectif est de ne pas dépasser les 500 milliards d’euros.

Même si quatre milliards doivent revenir au montant de l’année 2023 (après une année 2024 exceptionnelle qui a vu un doublement des aides),La chute est brutale. Et il est vain d’espérer négocier des enveloppes exceptionnelles. En juillet, après le bombardement de l’hôpital pour enfants de Kiev, le ministre allemand de la Défense avait souhaité doter Kiev d’un système de défense antiaérienne supplémentaire. Il avait déjà eu droit à un « Non » retentissant. Après plusieurs années de dérapage, Berlin veut revenir au fameux « frein à l’endettement », cette règle inscrite dans la Constitution qui limite le recours à l’endettement public. Ce qui n’est pas sans créer de fortes tensions entre les trois partenaires de coalition.

Ces derniers mois, les arbitrages budgétaires ont été très difficiles, les écologistes refusant par exemple de valider des coupes dans les dépenses sociales ou la transition écologique, afin de préserver leur capital politique avant plusieurs élections régionales importantes en septembre. Au ministère de la Défense, le social-démocrate Boris Pistorius, ardent défenseur du soutien militaire à l’Ukraine (et accessoirement personnalité politique préférée des Allemands), se heurte aussi au ministre libéral des Finances, Christian Lindner, qui tient fermement les cordons de la bourse.

Cette réduction de l’aide militaire allemande à l’Ukraine aura un impact important : selon le classement de l’Institut de Kiel, qui reste une référence, l’Allemagne est le deuxième fournisseur d’armes de l’Ukraine, derrière les États-Unis (et loin devant la France). Entre le début de la guerre en février 2022 et le 30 juin 2024, sa contribution s’élève à plus de 14 milliards d’euros d’aide directe. Berlin a notamment fourni 76 chars Leopard, trois systèmes antiaériens Patriot et 24 systèmes de missiles antiaériens à courte ou moyenne portée Iris-T.

Berlin, qui veut passer le flambeau, lorgne l’intérêt que susciteraient les 300 milliards de dollars d’actifs russes gelés dans les banques européennes. En juin, plusieurs pays du G7 ont accepté de les utiliser. Mais il faut maintenant discuter des détails techniques de mise en œuvre, ce qui pourrait prendre encore plusieurs mois.

Le recul allemand alimente d’autant plus les inquiétudes que l’aide américaine risque également d’être remise en cause en cas d’élection de Donald Trump. Très agacé, l’ambassadeur ukrainien à Berlin rappelle qu’il s’agit « la sécurité de l’Europe« tout qui »dépend (aujourd’hui) de la volonté politique de l’Allemagne« À Berlin, les critiques pleuvent sur ces coupes drastiques, considérées comme «« imprudent ».

Le meilleur avocat des Ukrainiens ce lundi matin est russe, il s’appelle Gary Kasparov. Cet opposant à Vladimir Poutine, aujourd’hui exilé aux Etats-Unis, a une page entière dans le quotidien Image. Sur la photo d’une femme dans un cimetière de combattants rempli de drapeaux jaunes et bleus, on peut lire cette phrase : «Anciennement, L’Allemagne a conduit le monde au bord du gouffre. Chancelier Scholz, ne laissez pas cela se reproduire. Donnez à l’Ukraine l’aide militaire dont elle a besoin » Le compromis budgétaire sera examiné au Parlement à la rentrée, des ajustements sont encore possibles, les débats s’annoncent houleux.

Eleon Lass

Eleanor - 28 years I have 5 years experience in journalism, and I care about news, celebrity news, technical news, as well as fashion, and was published in many international electronic magazines, and I live in Paris - France, and you can write to me: eleanor@newstoday.fr
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