Pourquoi la tentation d'une coalition avec les Républicains ébranle le camp présidentiel
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Pourquoi la tentation d’une coalition avec les Républicains ébranle le camp présidentiel

Pourquoi la tentation d’une coalition avec les Républicains ébranle le camp présidentiel

Plusieurs personnalités de Renaissance et d’Horizons « tendent la main » aux Républicains pour former un gouvernement. L’idée exaspère l’aile gauche du parti d’Emmanuel Macron.

La Macronie est entrée dans une zone de turbulences. Trois jours après le second tour des législatives anticipées, marqué par leur net recul, les partis du camp présidentiel sont divisés sur leur rôle et leur positionnement dans la nouvelle Assemblée nationale, privée de majorité absolue pour gouverner. Faut-il tendre la main à tous les républicains de bonne volonté, sans distinction ni préférence, comme l’a appelé Emmanuel Macron dans une lettre au peuple français mercredi 10 juillet ? Le MoDem, composante du camp présidentiel depuis 2017, est favorable à ce choix.

Faut-il au contraire choisir la droite au détriment de la gauche pour tenter de former un gouvernement ? Pour l’aile droite de Renaissance, cette seconde option est préférable, face au Nouveau Front populaire qui, fort de ses 180 sièges remportés (contre 163 pour la Macronie), presse le chef de l’État de lui confier la mission de former un gouvernement. Les Républicains, qui disposent avec leurs alliés de 66 élus, leur permettraient de former une coalition qui pèserait plus que la gauche dans l’hémicycle, sans toutefois leur assurer une majorité absolue de 289 députés.

Sans surprise, c’est la solution privilégiée par Horizons, le parti d’Édouard Philippe. Mardi soir, sur TF1, l’ancien Premier ministre a appelé à la signature d’un accord « accord technique » avec les républicains, en vue « avancer et gérer les affaires du pays pendant au moins un an ». « Les LR ne sont pas très loin de moi, sur beaucoup d’idées », ajouté mercredi à l’Assemblée nationale Laurent Marcangeli, qui dirigeait le groupe parlementaire Horizons avant sa dissolution.

Plusieurs personnalités du groupe Renaissance ont exprimé leur souhait de s’allier en priorité au parti de droite. « Peut-on s’entendre sur l’essentiel avec les députés LR, ou le NFP restera-t-il la force motrice de l’Assemblée, avec toutes les conséquences que cela aurait ? »a soutenu Maud Bregeon, mardi, sur X. Aurore Bergé, ministre déléguée chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes, a déclaré sur France 2 qu’elle souhaitait « une coalition de projets »seulement avec les Républicains.

Cet avis est partagé par le député Benjamin Haddad : « J’espère que nous travaillerons avec Les Républicains si nous voulons entendre la demande d’autorité, de renforcement de la souveraineté, de sécurité qui est exprimée par les Français depuis plusieurs années. »a détaillé l’élu de Paris sur BFMTV. Pour Mathieu Lefèvre, proche de Gérald Darmanin, « le chemin » est aussi « À droite »comme il l’a défendu mercredi sur franceinfo.

« Il est urgent de travailler avec la droite républicaine, puis éventuellement avec les sociaux-démocrates qui auront rompu avec LFI. »

Mathieu Lefèvre, député Renaissance du Val-de-Marne

à franceinfo

Dans l’esprit de certains élus, cette alliance pourrait même aller jusqu’à permettre à un membre des Républicains de s’installer à Matignon, alors que les députés LR viennent de nommer Laurent Wauquiez à leur tête. « Il pourrait y avoir un Premier ministre de droite, cela ne me dérangerait pas du tout »a assuré Gérald Darmanin, actuel ministre de l’Intérieur et réélu dans le Nord, mercredi sur Europe 1.

Le reste du groupe Renaissance ne s’aligne pas sur ces positions. Mercredi, en milieu d’après-midi, ces députés ont assuré dans un communiqué que :« Ils travaillent avec détermination et sincérité pour un projet de coalition allant des sociaux-démocrates à la droite de gouvernement »sans évoquer la priorité d’une alliance avec Les Républicains. Peu après, dans sa lettre aux Français, Emmanuel Macron demandait « à toutes les forces politiques qui se reconnaissent dans les institutions républicaines (…) de s’engager dans un dialogue sincère et loyal pour construire une majorité solide, nécessairement plurielle, pour le pays ».

« Le discours du Président de la République clarifie le fait que le dialogue doit avoir lieu avec la droite républicaine et la gauche républicaine »décrypte le député Marc Ferracci. Pour l’élu, proche du chef de l’Etat, les positions d’Emmanuel Macron et celles de ses troupes à l’Assemblée ne sont pas contradictoires.

« Négocier avec les républicains ne signifie pas négocier uniquement avec les républicains. »

Marc Ferracci, député à la Renaissance des Français de l’étranger

à franceinfo

Ce dialogue plus ou moins avancé avec la droite suscite cependant des doutes chez une partie des troupes macronistes, sceptiques sur les chances de succès de cette main tendue. D’autres sont encore plus irrités par ce choix de se tourner en priorité vers le groupe dirigé par Laurent Wauquiez. Ils hésitent désormais à poursuivre l’aventure au sein du groupe Renaissance. « Le seul message que beaucoup d’entre nous défendent, c’est : LR, tout seul, on n’en veut pas, ça ne marchera pas ! »insiste Ludovic Mendes, qui a conservé son siège de député de Moselle.

En revanche, Les Républicains ne semblent plus enclins à construire des ponts avec l’ancienne majorité présidentielle. Laurent Wauquiez a prévenu que son groupe ne participerait pas à un « coalition gouvernementale »considérant qu’il est impossible de répondre à la « crise d’un pays par une combinaison de dispositifs ». CONTRECertaines personnalités de droite se sont toutefois montrées ouvertes à l’idée, comme le président LR des Hauts-de-France, Xavier Bertrand, ou l’ancien chef de file des députés LR, Olivier Marleix, qui ont plaidé pour la nomination d’un Premier ministre issu de leur camp qui prendrait la tête d’un « ralliement du gouvernement ».

Enfin, une partie des députés macronistes envisage un départ pur et simple de Renaissance. Sacha Houlié, ancien président de la commission des lois, a annoncé mercredi après-midi à l’AFP qu’il refuserait de siéger au groupe : « Évidemment, nous cherchons à créer un groupe qui aille de la droite sociale à la gauche socialiste pour que la France soit gouvernable. » C’est aussi ce que tente de faire Stella Dupont, une autre membre de l’aile gauche. « Notre sensibilité de centre-gauche doit être visible et lisible. Cela nécessite un groupe qui suive toujours une logique de cohérence et de cohésion. »a souligné mercredi l’élu du Maine-et-Loire à l’Assemblée nationale.

« Pour moi, il y a un chaînon manquant entre le Nouveau Front populaire et le camp présidentiel. Ce groupe de centre-gauche peut être un outil de convergence et un espace de dialogue utile. »

Stella Dupont, députée de Renaissance

lors d’un point de presse à l’Assemblée nationale

« Il faut faire quelque chose qui montre que nous pouvons rassembler les gens, mais rien n’est sûr à ce stade. Nous voulons construire avec des forces extérieures, construire comme une sorte de sas. »poursuit Ludovic Mendes, qui prendra jeudi matin sa décision d’appartenir ou non à Renaissance.

Divisé, le parti d’Emmanuel Macron tente tant bien que mal de préserver son unité avant la date limite de formation des groupes parlementaires, le 17 juillet. « Nous devons arrêter de nous prendre les uns les autres et veiller à ce que les initiatives d’élargissement soient perçues favorablement »insiste Olga Givernet. « Certains sont prêts, d’une manière ou d’une autre, à aller à gauche, d’autres veulent juste prendre leur indépendance, pouvoir dire ‘merde’ quand ils veulent.note Florent Boudié, élu de la Gironde. Le député estime cependant que la « Le groupe peut rester uni si les voix les plus fortes, comme celles de Gabriel Attal, Elisabeth Borne, Gérald Darmanin, Yaël Braun-Pivet ou Aurore Bergé, adoptent une démarche collégiale ».

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