Les vautours sont des charognards et, pour cette raison, on les associe souvent à la décomposition et à la mort. Pourtant, ils jouent un rôle essentiel dans l’écosystème. Une étude a récemment révélé l’impact que la disparition des vautours peut avoir sur les humains.
La population de vautours en Inde décline
Malgré leur mauvaise réputation, les vautours font depuis longtemps partie de la culture et de l’écosystème du sous-continent indien. Dans un pays où la consommation de vaches est extrêmement faible, la présence de ces charognards est très importante en tant que système naturel de ces bovins que l’on retrouve également en abondance en Inde. Il faut cependant noter qu’actuellement, toutes les espèces de vautours existantes en Inde sont menacées d’extinction. En effet, s’il y avait encore plus de 40 millions de vautours en Inde dans les années 1980, il en reste aujourd’hui moins de 20 000.
Cette perte de 99 % de la population de vautours en Inde a commencé dans les années 1990, principalement en raison de l’utilisation généralisée de médicaments tels que le diclofénac, un anti-inflammatoire non stéroïdien autrefois couramment administré au bétail. Les experts pensent que le médicament a été ingéré par les oiseaux à travers les charognes de bovins morts à qui on avait administré du diclofénac dans leurs derniers jours de vie. Le médicament est très nocif pour les vautours et provoque une insuffisance rénale chez les oiseaux. Il convient de noter que l’utilisation vétérinaire du diclofénac a été interdite en Inde en 2006.
Comme on pouvait s’y attendre, le déclin du nombre de vautours en Inde n’a pas été sans conséquences. Ces charognards n’étant plus là pour dévorer les carcasses des animaux, l’Inde a rapidement connu une augmentation de la pollution et une propagation des maladies. En effet, les charognes constituaient un terrain fertile pour les germes infectieux. De plus, l’absence de vautours a favorisé la prolifération d’autres charognards nuisibles, notamment les rats.
Quel impact l’absence de vautours a-t-elle eu sur la vie humaine ?
Et, bien sûr, cela a eu des conséquences pour les humains. Dans une nouvelle étude, des chercheurs de l’Université de Warwick au Royaume-Uni et de l’Université de Chicago aux États-Unis ont étudié les conséquences démographiques de la quasi-extinction des vautours en Inde sur la population humaine locale. Selon les résultats de l’étude – qui seront bientôt publiés dans la revue Revue économique américaine –, la décimation involontaire de la population de vautours en Inde a entraîné plus d’un demi-million de décès humains supplémentaires au cours des cinq années précédant le début des années 2000.
Ils sont arrivés à ce chiffre en comparant les taux de mortalité humaine en Inde avant et après l’effondrement des vautours. Notre étude fournit des preuves solides que les rapports anecdotiques d’une crise de santé publique suite à l’effondrement de la population de vautours étaient un signal réel : la santé humaine s’est détériorée après l’extinction des vautours. » a déclaré le Dr Eyal Frank, auteur principal de l’étude. Les chercheurs ont expliqué que ces grands oiseaux remplissent une fonction très importante dans l’environnement, notamment leurs services d’assainissement naturel.
Pour rappel, les vautours sont en danger d’extinction et c’est une très mauvaise nouvelle pour les humains.