Nouvelles

pourquoi la proposition de loi du RN est en difficulté avant même son examen dans l’hémicycle

Le député Thomas Ménage a déposé une proposition visant à abaisser l’âge légal de la retraite à 62 ans et la durée de cotisation à 42 ans. Mais ces mesures ont été rejetées en commission, puis jugées irrecevables par le président de l’Assemblée nationale.

Publié


Mis à jour


Temps de lecture : 5min

Le député RN Thomas Ménage s'exprime à l'Assemblée nationale, le 27 mai 2024. (XOSE BOUZAS/HANS LUCAS/AFP)

Le Rassemblement national comptait sur ce jour pour voter l’abrogation de la réforme des retraites. Mais son projet de loi, discuté jeudi 31 octobre dans l’hémicycle, semble voué à l’échec, avant même le début de son examen. Le groupe de Marine Le Pen marquait cette date depuis plusieurs semaines, souhaitant profiter de sa « niche parlementaire » pour faire adopter son texte. Mais rien ne s’est passé comme prévu : les amendements du RN visant à réduire l’âge d’entrée à 62 ans et la durée de cotisation à 42 ans ont été jugés irrecevables par la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, mercredi, a appris franceinfo auprès de son entourage.

Ces mesures phares figuraient dans le projet de loi proposé par le député RN Thomas Ménage. Mais les deux articles en question ont été rejetés la semaine dernière en commission des Affaires sociales par la droite et les macronistes, ainsi que trois élus de gauche. Le communiste Yannick Monnet a en revanche voté pour, tout en reconnaissant les divisions au sein de son groupe.

Si le texte avait été totalement rejeté en commission, le RN aurait pu exploiter sa niche parlementaire jeudi pour le proposer à nouveau, dans sa version initiale et complète. Plusieurs élus (macronistes, gauche, droite) présents ce jour-là ont donc imaginé un défilé. Ils ont fait adopter opportunément plusieurs amendements, sous prétexte d’exiger une série de rapports sur le paritarisme ou la diversification des ressources. Le projet de loi a ainsi été adopté en commission. C’est donc privé de ses deux articles initiaux et vidé de sa substance qu’il sera examiné dans l’hémicycle jeudi.

Pour obtenir un vote sur l’âge de la retraite et la durée de cotisation, le RN a donc été contraint de déposer des amendements rétablissant ces deux demandes. Mais ces textes, envoyés et examinés au préalable, ont été rejetés par le président de l’Assemblée nationale. Cette décision s’appuie sur l’article 40 de la Constitution, qui interdit aux parlementaires de proposer des mesures ayant pour conséquence « la création ou l’aggravation d’une charge publique ». Ce n’est pas la première fois qu’une telle décision est prise sur le dossier des retraites : en juin 2023, le groupe Liot avait déposé des amendements pour rétablir sa proposition initiale d’abrogation, mais ceux-ci ont été rejetés pour le même motif.

Le RN a cependant choisi de maintenir sa proposition de loi, même si elle était devenue une coquille vide. « Les gens ne comprendraient pas si nous l’abandonnions. Nous ne retirons pas le texte, et même si nous devons débattre six heures, nous prendrons six heures »confie Thomas Ménage à franceinfo, en colère contre les voix manquantes de la gauche lors de la commission d’examen. « À un moment donné, il faut montrer leur duplicité, l’alliance du parti unique »poursuit-il, déterminé à exploiter politiquement ce qu’il interprète comme un déni. « La gauche, avec le soutien des macronistes, a sciemment saboté ce projet de loi »a estimé sur BFMTV Jean-Philippe Tanguy, vice-président des députés RN, ironisant sur la « petite politique » de ses adversaires.

Le passage en commission le 23 octobre a une nouvelle fois illustré les réticences de la gauche à voter un texte aux côtés du RN, alors que le Nouveau Front populaire avait fait campagne sur l’abrogation de la réforme des retraites. La gauche, qui entend mener son propre combat, a déposé mardi des amendements au budget de la Sécurité sociale, visant à financer le coût d’un éventuel retour à 62 ans avec une cotisation supplémentaire pour les hauts revenus. Mais cette mesure a été rejetée, y compris par le RN, qui a estimé que les amendements du PFN n’abrogeaient pas la réforme mais « augmenter(avoir) juste les contributions ». « À jeudi », ont lancé les élus RN Thomas Ménage et Laure Lavalette.

Comment interpréter ces votes divergents sur des objectifs communs ? « Nous n’avons jamais fait preuve d’hypocrisiea défendu le vice-président des députés RN, Jean-Philippe Tanguy. L’hypocrisie est de faire croire qu’en taxant quelques hauts revenus, on réussira à financer les retraites. »

Les députés LFI, de leur côté, ont déjà les yeux tournés vers le 28 novembre : cette journée, qui leur est réservée pour présenter des textes, doit être consacrée à leur propre projet de loi abrogeant la réforme des retraites.

Cammile Bussière

One of the most important things for me as a press writer is the technical news that changes our world day by day, so I write in this area of technology across many sites and I am.
Bouton retour en haut de la page