La procédure de destitution a peu de chances d’aboutir, car elle ne bénéficie que de peu de soutiens. Elle pourrait même avoir l’effet inverse : renforcer Emmanuel Macron.
La procédure de destitution du président de la République lancée par La France Insoumise sera bel et bien votée à l’Assemblée nationale. « Une excellente nouvelle » pour Jean-Luc Mélenchon, a-t-il écrit sur X. Cette procédure a toutefois très peu de chances d’aboutir. Elle pourrait même avoir l’effet inverse : renforcer la position d’Emmanuel Macron.
Si l’ensemble du Nouveau Front populaire a voté pour l’examen de la procédure de destitution – première étape nécessaire pour qu’elle soit soumise au vote des députés – tous n’y sont pas favorables. Le Parti socialiste s’est d’ores et déjà engagé à voter contre, allant ainsi à l’encontre de ses alliés. Seuls les Insoumis ont indiqué pour l’instant qu’ils voteraient en faveur de la destitution du chef de l’Etat, rappelle-t-on. Humanité.
Un vote de légitimité pour le président ?
Mais pour que ce processus aboutisse, il faut l’approbation des trois quarts de l’Assemblée nationale. On est donc loin du compte, avec seulement 71 députés sur 570 au total. Si toutefois la procédure devait passer par l’Assemblée nationale, il faudrait qu’elle obtienne l’approbation des trois quarts du Sénat. Attention : le vote se fait à bulletin secret. Benjamin Morel, maître de conférences en droit public à l’université Paris-Panthéon-Assas, résume la motion de destitution dans un article de Public Sénat : Il est « plus facile de modifier la Constitution pour supprimer la fonction de président de la République que de le destituer ».
« Cette procédure, qui nécessite 2/3 des voix dans les deux assemblées, n’aboutira pas, tout le monde le sait », réagit Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste, sur X. Et il ajoute : « A terme, ce rejet offrira au PR (président de la République, NDLR) une relégitimation qu’il ne mérite pas ». Si la décision du bureau de l’Assemblée nationale de déclarer recevable la motion de destitution est une première historique, elle pourrait ne pas s’avérer suffisante pour avoir un réel impact politique contre Emmanuel Macron. En effet, voter contre la destitution du président pourrait équivaloir à voter pour son maintien en fonction. Plus qu’un vote de destitution, le vote pourrait devenir un véritable vote de confiance au chef de l’Etat.
GrP1