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Pourquoi la prière d’un ministre israélien est-elle considérée comme une « provocation » ?

Pourquoi la prière d’un ministre israélien est-elle considérée comme une « provocation » ?

► Que s’est-il passé le mardi 13 août ?

Itamar Ben Gvir, le ministre israélien de la Sécurité nationale, a prié, mardi 13 août, avec quelque 3.000 fidèles sur l’esplanade des Mosquées à Jérusalem-Est à l’occasion d’une fête juive. Ce ministre d’extrême droite, qui y avait déjà prié en 2023, est accusé de vouloir changer le statu quo en place depuis 1967 sur ce lieu saint des trois religions monothéistes.

C’est un « nouvelle provocation inacceptable « , selon un communiqué du porte-parole du ministère français des Affaires étrangères. L’ONU dénonce une « provocation inutile »Le chef de la diplomatie américaine fustige, pour sa part, « mépris flagrant » du ministre israélien de la Sécurité nationale qui est allé prier sur l’esplanade.

► Qu’est-ce que l’Esplanade des Mosquées ?

L’esplanade des Mosquées est une place de quatorze hectares surplombant la Vieille Ville de Jérusalem. Elle se situe dans le secteur palestinien, contrôlé par Israël depuis 1967 puis annexé. L’esplanade est construite à l’emplacement du Temple de Jérusalem détruit par les Romains en 70 après J.-C., et dont l’unique vestige, le Mur des Lamentations – ou Mur occidental –, se trouve en contrebas. Elle est appelée par les Juifs Har HaBayit (mont du Temple).

C’est le site le plus sacré du judaïsme car c’est là que se trouve « Premier Temple » du roi Salomon selon l’Ancien Testament, pour abriter l’Arche d’Alliance contenant les Tables de la Loi. Après la destruction du Temple lors de la prise de Jérusalem par les Babyloniens en 586 av. J.-C., un second temple fut construit sur le même emplacement à partir de 520 av. J.-C., puis agrandi par Hérode le Grand en 19 av. J.-C.

Appelé Al-Haram al-Sharif (Noble Sanctuaire) par les musulmans, le site de l’Esplanade abrite également le Dôme du Rocher et la mosquée Al-Aqsa (lointaine), car il s’agit du sanctuaire le plus éloigné vers lequel le prophète Mahomet s’est rendu, selon la tradition musulmane. Le site est le troisième lieu saint de l’islam après la Grande Mosquée de La Mecque et la mosquée du Prophète à Médine, en Arabie saoudite.

C’est aussi un lieu important pour les chrétiens puisque les Évangiles racontent que Jésus s’y rendit enfant et purifia le Temple en chassant les marchands.

► Quel est le statu quo que l’on reproche au ministre de vouloir changer ?

Le statu quo date de 1967. Après la guerre des Six Jours, gagnée par Israël, l’Esplanade des Mosquées est conquise par l’armée israélienne ainsi que la partie est de Jérusalem qui était jusqu’alors coupée en deux.

Le gouvernement de l’époque a établi le statu quo, qui est toujours en vigueur aujourd’hui : Israël est responsable de garantir la  » sécurité «  du lieu et de la fondation religieuse jordanienne waqf Elle l’administre. C’est elle qui autorise ou non les non-musulmans à s’y rendre. C’est elle aussi qui organise les heures auxquelles les non-musulmans ont le droit de s’y rendre sans prier. Les musulmans peuvent s’y rendre pour prier à toute heure du jour ou de la nuit.

Ce statu quo est reconnu par la plupart des juifs puisqu’ils ne s’y rendent pas. En effet, le rabbinat en interdit l’accès de peur que le Saint des Saints ne soit piétiné. Pourtant, les visites d’ultranationalistes juifs, en simples visiteurs sous protection policière, pour enfin y prier en catimini se sont multipliées, laissant craindre aux fidèles musulmans un changement de ce statu quo. En 2021, avant d’être annulé en appel, un jugement de justice avait toléré les prières silencieuses sur l’esplanade des Mosquées.

Les tensions autour de l’Esplanade des Mosquées sont régulières. En 2000, au lendemain de la visite d’un dirigeant de l’opposition de droite israélienne sur le site, des affrontements sanglants éclatent entre Palestiniens et policiers israéliens, marquant le début de la deuxième Intifada.

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