Pourquoi la France demande une régulation européenne des frais sur les cartes de paiement
Les frais générés par les cartes Visa et Mastercard qui ne comportent pas le logo CB sont plus élevés mais de nombreux commerçants l’ignorent.
Bercy passe à l’offensive. Le ministère français de l’Economie souhaite que la Commission européenne mette en place au cours de la prochaine législature un encadrement des frais facturés aux commerçants par les deux géants du paiement par carte, Visa et Mastercard.
La France accuse ces deux sociétés américaines d’abuser de leurs positions dominantes pour augmenter les frais qu’elles imposent aux commerçants. En fait, les consommateurs ont pu bénéficier d’une plus grande concurrence ces dernières années. Outre les cartes que les banques ont toujours proposées, avec le logo CB associé soit à Visa, soit à Mastercard, d’autres cartes de paiement ont vu le jour.
Refuser une carte Visa ou Mastercard, c’est comme se tirer une balle dans le pied
Ces derniers sont émis par des nouveaux venus dans le secteur financier comme Revolut ou N26. Il s’agit également de cartes Visa ou Mastercard mais sans le logo CB. Des cartes qui ne coûtent pas plus cher à leur titulaire mais qui génèrent plus de frais pour les commerçants. Et s’ils les acceptent quand même, c’est qu’ils n’ont pas vraiment le choix. Refuser les paiements par Visa ou Mastercard, contrairement aux cartes American Express, c’est l’assurance de perdre une grande partie de votre chiffre d’affaires.
Il y a encore bien sûr des commerçants, des restaurateurs, qui au moment de payer votre cotisation vous expliquent que leur terminal est en panne mais qu’un distributeur automatique n’est pas loin. Pourtant, refuser totalement les paiements par carte lorsqu’on dirige une entreprise sérieuse reste suicidaire.
Le paiement sans contact a changé la donne
Selon les derniers chiffres de la Banque de France, 62 % des transactions financières (hors espèces) ont été réalisées avec une carte bancaire. Et si cette dernière s’impose désormais, c’est en grande partie grâce à l’option sans contact, popularisée pendant la crise du Covid. Dans six cas sur dix lorsque vous payez par carte, c’est sans avoir à saisir votre code secret.
La décision est donc prise du côté des clients et le refus des paiements par carte constitue une exception. Les commerçants en sont bien conscients. Et en attendant d’obtenir un hypothétique cadre européen, ils réclament déjà plus de transparence sur ces coûts. Selon une récente enquête réalisée par YouGov pour Satispay, plus des deux tiers d’entre eux n’ont aucune idée précise de ce que leur coûtent ces moyens de paiement.