Le traité de libre-échange entre l’UE et le Mercosur cristallise le mécontentement des agriculteurs, également mobilisés sur la question des revenus. De nouvelles mobilisations à grande échelle sont prévues.
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Dix mois après les manifestations du début de l’année, le feu couve à nouveau dans le monde agricole. La perspective d’un accord de libre-échange entre l’Union européenne et les pays du Mercosur (Paraguay, Uruguay, Brésil, Argentine et Bolivie) cristallise la colère. Mais les agriculteurs, qui entendent faire pression sur le gouvernement pour qu’il respecte les engagements pris lors de la crise agricole, comptent aussi manifester pour des revenus plus décents.
Le président de la Fédération nationale des syndicats agricoles (FNSEA), Arnaud Rousseau, a lancé mercredi 13 novembre un appel à une mobilisation nationale des agriculteurs. « à partir de lundi »à l’heure actuelle du G20 au Brésil, où sera discuté l’accord avec le Mercosur. LLa Coordination rurale compte se mobiliser à partir du 19 novembre, date de son congrès national. Pour la Confédération paysanne, les mobilisations ont débuté mardi. Franceinfo fait le point sur l’acte II de la crise agricole.
Crainte d’un accord avec le Mercosur
De l’aveu de tous les syndicats, l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et les pays du Mercosur rassemble toutes les tensions. Les discussions, bloquées depuis 2019, ont repris depuis plusieurs mois. Le président de la FNSEA, syndicat majoritaire des agriculteurs, cité comme « une ligne écarlate » l’éventuelle adoption de cet accord commercial controversé. « Nous serons sur les ronds-points et les boulevards de l’Europe pour dénoncer cette incohérence européenne déclenchée par l’annonce du Mercosur »» a promis sur RTL Pierrick Horel, président du syndicat des Jeunes Agriculteurs, allié à la FNSEA.
Même ligne du côté de la Coordination rurale. «Le Mercosur est la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Nous ne voulons pas qu’il soit signé et nous voulons que M. Macron prenne une position claire sur ce sujet.» explique à franceinfo Patrick Legras, le porte-parole de ce syndicat connu pour ses actions musclées.
Cet accord, qui prévoit d’accroître les échanges commerciaux entre les deux marchés communs en supprimant de nombreuses taxes, devrait faciliter l’accès au marché européen pour les pays du Mercosur. Il devrait notamment permettre aux pays sud-américains d’exporter vers l’Europe quelque 99 000 tonnes de viande bovine bénéficiant de droits de douane de 7,5 %. Si la France est opposée à cet accord, ce n’est pas le cas de tous les pays européens, ce qui inquiète les syndicats. La Confédération paysanne, qui a commencé à se mobiliser mardi, sera mercredi à Paris et à Bruxelles pour protester contre l’accord.
Le revenu, toujours un sujet prioritaire
Comme pour l’accord avec le Mercosur, les syndicats sont unanimes sur l’urgence d’agir sur les revenus des agriculteurs. La FNSEA, la Coordination rurale et la Confédération paysanne, qui ont déjà mené des actions locales en octobre, entendent faire pression sur le gouvernement. Durant la crise agricole, Gabriel Attal a pris une soixantaine d’engagements. Certaines mesures sont actuellement discutées au Parlement dans le cadre du projet de loi de finances (PLF) 2025 et du budget de la Sécurité sociale.
Si Emmanuel Macron avait annoncé l’instauration de prix planchers dans chaque secteur lors du Salon de l’agriculture, la Confédération paysanne juge que « Les causes profondes de la crise n’ont pas été traitées. Après ces annonces, rien ne s’est passé structurellement, et la situation a même empiré pour les agriculteurs. avec Lactalis qui a rompu des contrats« , déplore auprès de franceinfo sa porte-parole, Laurence Marandola. « Des déclarations, des intentions, ça ne mord plus. Nous voulons des choses concrètes »Arnaud Rousseau, le patron de la puissante FNSEA, l’a récemment déclaré sur France Bleu Roussillon, alors que le projet de loi d’orientation agricole était suspendu en raison de la dissolution.
Une succession de crises
L’année 2024 a été marquée par une série de crises sanitaires et d’aléas climatiques. Ces derniers mois, les élevages ont été touchés par plusieurs épizooties : la grippe aviaire, dont le niveau de risque a été récemment relevé de « modéré » à « élevé », la maladie hémorragique épizootique des bovins et la fièvre catarrhale du mouton, qui a décimé de nombreux troupeaux. « Nous n’avons pas de solution pour gérer les risques sanitaires »déplore Laurence Marandola, alors que le gouvernement a annoncé, début octobre, des prêts garantis et 75 millions d’euros pour les éleveurs ovins touchés par la fièvre catarrhale du mouton.
Les viticulteurs et céréaliers ont connu une année de mauvaises récoltes en raison de conditions particulièrement pluvieuses au printemps et en été. « Avec la mauvaise année (climatique) et problèmes de santé, entre 40 et 45% des agriculteurs sont en difficulté », estime Patrick Legras, de la Coordination rurale. Son syndicat a déjà prévenu : sa mobilisation « ce sera plus important » celle du début de l’année, où ses membres ont notamment mené une action coup de poing près de l’Arc de Triomphe, à Paris.