Santé

Pourquoi la chaleur augmente les taux de criminalité

10 août 2024 à 09:47

Temps de lecture : 3 minutes

Alors que les températures augmentent, les menaces pleuvent et les balles volent. Une étude menée par le Dr.l Vivian Lyons, de l’université de Washington aux Etats-Unis, révèle qu’entre 2015 et 2020, environ 8 000 fusillades auraient pu être évitées dans 100 grandes villes américaines si les températures n’avaient pas été anormalement élevées. Ce constat n’est pas isolé : une vaste littérature scientifique établit un lien entre les chaleurs extrêmes, amplifiées par le changement climatique, et les comportements violents.

Déjà en 2013, une analyse menée par des chercheurs des universités de Berkeley et de Princeton (États-Unis) montrait qu’à l’échelle mondiale, une simple augmentation de 1°C par rapport à la norme saisonnière suffisait à multiplier par 4 le nombre de violences – telles que les violences conjugales, les meurtres, les viols %.

Ces résultats ont depuis été corroborés par des recherches récentes menées à Los Angeles et à Séoul, en Corée du Sud, où chaque degré supplémentaire de température accroît l’incidence de la criminalité. Une analyse réalisée en Espagne a également établi une corrélation entre les températures élevées et l’augmentation des appels aux services d’urgence pour violences conjugales.

L’agressivité est augmentée par la chaleur

Deux hypothèses principales peuvent expliquer cette corrélation. D’un point de vue physiologique, l’exposition à une chaleur croissante provoque une accélération du rythme cardiaque, une augmentation de la tension artérielle et une hausse du taux de cortisol, l’hormone du stress.

Ces effets sont susceptibles de rendre les individus plus irritables, d’altérer la maîtrise de soi et la prise de décision, et de diminuer la tolérance à la frustration. Les difficultés d’endormissement, exacerbées par la chaleur, contribuent également à une détérioration de la santé mentale et à une augmentation de l’agressivité.

Sur le plan social, les violences liées à la hausse des températures mettent en évidence l’impréparation de certains territoires aux effets du changement climatique. La plupart des études montrent que le poids de la criminalité est encore plus critique dans les quartiers défavorisés. Dans ces zones, les logements surpeuplés, souvent sans climatisation, et le manque d’espaces verts pour respirer, exacerbent les tensions et les frustrations.

À Los Angeles, par exemple, les scientifiques ont observé une augmentation de 2,54 à 4,45 % de criminalité dans les quartiers où la population vit en dessous du seuil de pauvreté, en période de forte chaleur, contre seulement 0,29 à 1,03 % dans les zones plus riches.

Ces données soulignent que si la chaleur est un facteur de risque, elle n’est pas le seul déterminant de l’augmentation de la violence. Les effets délétères du changement climatique sur les comportements humains sont exacerbés par les inégalités sociales. Ces conséquences, de mieux en mieux documentées, pourraient être largement atténuées par des politiques de répartition des richesses, une meilleure isolation des logements et la création d’espaces verts dans les zones urbaines défavorisées.

légende

Ray Richard

Head of technical department in some websites, I have been in the field of electronic journalism for 12 years and I am interested in travel, trips and discovering the world of technology.
Bouton retour en haut de la page