pourquoi la campagne de vaccination est lente en France
Face à la recrudescence des cas de Mpox, anciennement connu sous le nom de monkeypox, en Afrique, l’Institut Pasteur a déclaré cette semaine qu’il était prêt à « tester et vacciner les patients à la demande des autorités Français « Au total, 18.737 cas suspects ou confirmés de Mpox ont été enregistrés depuis le début de l’année en Afrique, a indiqué samedi dernier l’agence sanitaire de l’Union africaine (Africa CDC).
Sur le Vieux Continent, la Suède a annoncé avoir enregistré un cas de sous-type clade 1b, la même souche apparue en République démocratique du Congo depuis septembre 2023, plus mortelle et virulente que le clade 2, endémique en Afrique de l’Ouest. Pour endiguer l’épidémie, un seul vaccin homologué est disponible et fourni par le laboratoire pharmaceutique danois Bavarian Nordic.
Ce dernier se dit confiant dans la fourniture de suffisamment de doses à l’Europe, avec une production qui pourrait grimper à 10 millions. À titre de comparaison, 7 millions de doses ont été produites au plus fort de l’épidémie en 2022. Le laboratoire s’inquiète en revanche de la lenteur des prises de décision concernant les commandes de ces doses en Europe. Et pour cause, elles tardent à arriver.
» A ma demande, le ministère de la Santé a saisi la Haute Autorité de Santé pour mettre à jour ses recommandations de vaccination d’ici fin août. « , a rassuré le Premier ministre démissionnaire, Gabriel Attal.
Cette dernière a également annoncé 232 centres de vaccination, déjà ouverts, en France. Dans son dernier avis datant de janvier 2023, la Haute Autorité de Santé (HAS) avait recommandé la vaccination uniquement pour les personnes ayant été en contact avec des personnes malades, si le nombre de cas restait élevé. « isolés ou dispersés « .
Identifier les populations à risque
« Nous ne recommandons pas la vaccination de masse. Nous recommandons l’utilisation de vaccins en cas d’épidémie pour les groupes les plus à risque »L’OMS a donné son accord mardi dernier. Or, c’est précisément l’un des points complexes de ce nouveau variant : identifier les personnes à risque.
Alors qu’en 2020, le sous-type clade 2b touchait principalement les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes ou les personnes se prostituant, le variant actuel semble particulièrement virulent sur les enfants. De son côté, le laboratoire bavarois Nordic affirme que le vaccin livré en 2022 est compatible avec ce nouveau variant.
Une autre inconnue demeure cependant, qui retarde de facto le lancement de la campagne de vaccination : les personnes vaccinées en 2022 doivent-elles se faire vacciner à nouveau ? Pour l’heure, les scientifiques manquent de données. A titre indicatif, plus de 50% des personnes cibles identifiées par la HAS avaient bénéficié de ce vaccin en France il y a deux ans.
Si les pays européens tardent à démarrer la campagne de vaccination, c’est aussi parce que la situation n’est pas comparable à celle observée pour le Covid-19. En effet, le mode de transmission du Mpox est très différent du coronavirus en 2020. La proximité nécessaire et prolongée pour être contaminé réduit sa propagation. Elle permet d’établir une estimation plus rapide des personnes en contact avec un cas infecté.
Il y a donc moins d’urgence à se précipiter dans une campagne de vaccination à grande échelle : il faut plutôt s’organiser et collecter un maximum de données sur le sujet, recommande l’Institut Pasteur.
Ne manquez pas la première détection de cas
» L’enjeu en France est de ne pas rater la première détection de cas « , insiste l’institut de recherche. Pour ce faire, certains hôpitaux, comme Necker, Bichat et le Salpêtrière Pitié à Paris, ont été chargées d’organiser des chambres d’isolement et de réaliser des prélèvements, et ainsi de mieux identifier le type de variant des porteurs du Mpox. Ces derniers jours, de nombreux cas ont été recensés en France alors que l’inquiétude grandit, mais aucun n’est pour l’instant un sous-type de clade 1b.
Les autorités sanitaires comptent aussi sur d’autres actions que la vaccination pour endiguer la maladie, comme la prise d’un antiviral appelé tecovirimat ou une meilleure prévention pour changer le comportement des individus et les inciter à s’isoler.
L’urgence sur le Vieux Continent est donc encore très faible, d’où une campagne de vaccination qui devrait être lancée dans les prochains jours seulement, alors que les cas se multiplient en Afrique. C’est sur ce continent qu’il faut agir le plus vite, rappelle l’Institut Pasteur. En effet, les conditions sanitaires dans les pays africains touchés conduisent à des surinfections au niveau des lésions causées par le monkeypox, voire à la mort des populations les plus fragiles.
Pour l’heure, Gabriel Attal a promis 100 000 doses de vaccins aux pays les plus touchés du continent et près de 215 000 doses seront envoyées grâce à un accord avec l’Union européenne (UE) et le laboratoire bavarois Nordic. Trop peu selon ce dernier :
» On estime que le continent a besoin de 10 millions de doses pour contrôler l’épidémie.