Pourquoi la bourse semble-t-elle considérer qu’une majorité absolue du RN à l’Assemblée s’éloigne ?
La probabilité d’une majorité absolue à l’Assemblée nationale pour le Rassemblement national semble s’éloigner pour les Bourses européennes, en hausse lundi après le premier tour des élections législatives en France. Le CAC40 progressait de 1,6% en fin de matinée après avoir bondi de 2,8% en début de séance.
Sur le marché des changes, la monnaie unique européenne gagne 0,33% face au billet vert, à 1,0748 dollar pour un euro, portée par le scénario « selon lequel le Rassemblement national ne pourrait pas obtenir la majorité absolue au second tour », commente Ipek Ozkardeskaya, analyste de Swissquote Bank.
« Le moins pire des scénarios »
« Le risque d’un changement radical de politique en France a diminué et le soupir de soulagement des marchés boursiers se fait clairement sentir », commente Jochen Stanzl, analyste de marché chez CMC Markets.
Le camp présidentiel est arrivé en troisième position dimanche avec 20,04% des voix, derrière le Nouveau Front populaire (27,99%) et Le Rassemblement national, largement en tête avec 33,14% des voix. Pour les marchés, c’est donc la victoire du « moins pire scénario » qui a eu lieu dimanche, commente John Plassard, spécialiste en investissement pour Mirabaud.
« Cela donne au parti RN une majorité relative, mais pas absolue, ce qui nécessiterait au moins 289 des 577 sièges de la chambre nationale », commente Samy Chaar, chef économiste de Lombard Odier.
Il subsiste une « grande incertitude »
« Cependant, les résultats du premier tour suscitent beaucoup d’incertitude quant à la composition finale de l’Assemblée nationale », en raison d’un nombre très élevé de trois, « rendant très difficile la prévision du résultat », a-t-il déclaré. a continué. Les candidats encore en lice ont jusqu’à mardi 18 heures pour décider de continuer ou non.
Si le RN obtenait néanmoins la majorité absolue, ce qui n’est pas à exclure, « la question clé serait de savoir comment ils choisiraient de gouverner », explique Samy Chaar. « Adopteraient-ils une approche conflictuelle et rompraient avec l’Union européenne sur des questions telles que le budget, ou une approche plus conciliante, à l’image du gouvernement d’extrême droite italien dirigé par Giorgia Meloni, se rapprochant ainsi du centre politique sur de nombreux sujets ? » , explique l’économiste.
Plusieurs valeurs en hausse
Parmi les autres indicateurs « rassurants » à prendre en compte ce lundi, l’écart entre le taux d’intérêt de l’emprunt à dix ans de la France et celui de l’Allemagne, référence en Europe, se resserre après avoir touché la semaine précédente un plus haut depuis 2012. Cet écart, appelé « spread », est un indicateur qui mesure la confiance des investisseurs dans un pays, ici, la France.
Les actions françaises, qui ont souffert de l’instabilité politique après l’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale le 9 juin, ont été surreprésentées dans les principales hausses de l’indice paneuropéen Stoxx 600. Les banques hexagonales ont fortement rebondi : Société Générale a gagné 5,06%, Crédit Agricole 4,12% et BNP Paribas 3,85%.
D’autres entreprises malmenées depuis la dissolution en raison d’inquiétudes de nationalisation ou d’encadrement plus strict de certaines activités étaient également en hausse : Vinci prenait 3,32%, Eiffage 3,94%, TF1 6,52% et Engie 3,49%.