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Pourquoi Kamala Harris a-t-elle choisi Tim Walz comme colistier ?

À moins de trois mois du scrutin, le duo veut se présenter comme complémentaire pour tenter de ratisser le plus large possible, avec pour objectif ultime de conquérir des États clés.

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La vice-présidente américaine Kamala Harris et son colistier, le gouverneur du Minnesota Tim Walz, à Philadelphie, en Pennsylvanie, le 6 août 2024. (BRENDAN SMIALOWSKI / AFP)

Sa nomination est une surprise. Tim Walz a été choisi comme colistier par la candidate démocrate à l’élection présidentielle américaine, Kamala Harris, mardi 6 août. Pourquoi a-t-elle choisi un quasi-inconnu au détriment de Josh Shapiro, qui était pourtant le grand favori ? Franceinfo présente les principales explications.

Un duo complémentaire, pour ratisser large

À moins de trois mois du scrutin, le duo Harris-Walz veut se présenter comme un ticket complémentaire capable d’attirer un très large électorat. Kamala Harris, une femme noire et sud-asiatique originaire de la côte californienne, n’avait sélectionné que des hommes blancs parmi les finalistes au poste de colistier, la plupart d’entre eux originaires de l’intérieur du pays. Parmi eux figuraient Josh Shapiro, gouverneur de Pennsylvanie, Andy Beshear, gouverneur du Kentucky, et Mark Kelly, ancien astronaute et sénateur de l’Arizona.

Selon les informations de New York TimesLes sondages internes menés par l’équipe de Kamala Harris avaient indiqué qu’elle pouvait remporter la Maison Blanche avec n’importe lequel des trois finalistes à ses côtés. Le choix s’est alors porté sur Tim Walz, qu’elle aime appeler « Coach Valse ». « Un gars du Midwest » qui n’a pas « Ce n’est pas vraiment le profil d’une démocrate côtière, comme Kamala Harris, qui est de San Francisco », « , souligne sur franceinfo l’historien Lauric Henneton, maître de conférences à l’université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines. Autre complémentarité : elle a été procureure, lui est ancien sénateur.

Les « États clés » dans le collimateur

Un élément de compréhension important dans cette décision : Tim Waltz est gouverneur du Minnesota, un État convoité par Donald Trump pour l’échéance de novembre. Il peut parler à « l’Amérique blanche, rurale, mais aussi l’Amérique des petites villes, l’Amérique rurale, ce qu’on appelle aussi le « flyover country », au-dessus duquel on vole entre les côtes, qui se sent oubliée et méprisée par les élites démocrates des grandes villes », poursuit Lauric Henneton sur Franceinfo.

Le choix de Tim Walz est donc « intelligent parce qu’il s’adresse à des électeurs qui ne sont pas des électeurs démocrates typiques », « en particulier dans les États clés », il explique. Comme il y a quatre ans, tout pourrait bien se jouer en novembre sur l’issue incertaine de quelques États indécisEn 2016, Donald Trump avait créé l’événement en remportant plusieurs de ces territoires avec seulement quelques dizaines de milliers de voix d’avance.

Ensemble, Kamala Harris et Tim Walz se rendront dans plusieurs États clés d’ici samedi pour une tournée qui devrait donner le ton de leur entente et de leur complémentarité.

Un fervent défenseur du droit à l’avortement avec un bilan positif

Dès la nomination de Tim Walz, l’équipe de campagne de Donald Trump a tenté de le qualifier de « Un extrémiste de gauche dangereux ». « Le bilan de Tim Walz est une blague »a taclé JD Vance, colistier républicain de Donald Trump. Son bilan en tant que gouverneur du Minnesota a cependant plutôt joué en sa faveur pour obtenir le poste. Il a notamment permis l’interdiction locale des thérapies de conversion et même la gratuité universelle des repas pour les étudiants.

Élu en 2019, Tim Walz a également été contraint de jongler avec deux crises majeures : la pandémie de Covid-19 et la mort de l’Afro-Américain George Floyd sous le genou d’un policier blanc, le 25 mai 2020. Minneapolis, la plus grande ville de l’Etat, s’est embrasée, point de départ d’un immense mouvement de protestations antiracistes qui a secoué l’Amérique pendant de nombreux mois.

Les républicains accusent le gouverneur d’être trop laxiste dans sa gestion de la criminalité, tandis que les démocrates, au contraire, louent son bilan en matière de protection du droit à l’avortement. Après la décision de la Cour suprême en juin 2022, invalidant la protection constitutionnelle de l’avortement, Tim Walz s’est en effet engagé à faire de son État un sanctuaire pour les femmes souhaitant avorter. Une clinique, située dans l’État voisin du Dakota du Nord, beaucoup plus répressif, s’est alors installée de son côté de la frontière. En mars 2024, le gouverneur a participé au premier déplacement d’un vice-président dans une clinique pratiquant des avortements.

Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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