Santé

pourquoi ils sont de retour

Coqueluche, rougeole, tuberculose, choléra… On pensait que ces maladies appartenaient au passé et pourtant elles continuent de circuler activement à travers la planète, y compris en France, où l’on observe depuis quelques années une recrudescence des maladies infectieuses.

Dernier exemple en date : la coqueluche, qui fait un retour inquiétant en France. Selon l’agence sanitaire Santé publique, cette maladie bactérienne très contagieuse, souvent bénigne mais qui peut entraîner de graves complications respiratoires et neurologiques, a déjà provoqué la mort de 20 enfants et 8 adultes depuis le début de l’année.

L’OMS tire la sonnette d’alarme

Une épidémie qui fait suite à la recrudescence de la rougeole qu’a connue le pays en 2023 – 117 cas déclarés – et à la flambée de cas de tuberculose – près de 4 800 malades déclarés -, sans compter le choléra qui a frappé Mayotte au printemps – une soixantaine de malades recensés dont un enfant de 3 ans décédé.

Au niveau mondial, la situation est encore plus préoccupante selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), qui avait tiré la sonnette d’alarme en janvier 2024. L’organisme international a dénombré 30.000 cas de rougeole en 2023 en Europe, soit trente fois plus que l’année précédente, alors que la maladie avait pratiquement disparu en 2021.

Même chose pour la tuberculose, qui a vu une augmentation des cas mortels enregistrés sur le Vieux Continent – ​​une première depuis vingt ans – alors qu’au total 1,3 million de personnes dans le monde sont mortes de cette maladie bactérienne qui touche les poumons.

« Un décès sur quatre est dû à des infections »souligne l’Institut Pasteur. Une proportion deux fois supérieure à la mortalité provoquée par les cancers. D’où l’importance de comprendre les raisons de la résurgence de ces maladies.

La faute au Covid ?

« Les explications varient selon les pathologies, mais on peut quand même pointer la responsabilité, au moins indirectement, du Covidsouligne la professeure Odile Launay, spécialiste des maladies infectieuses à l’Université Paris Cité. La mise en place des gestes barrières pendant l’épidémie a réduit la circulation des agents pathogènes et leur levée crée une sorte d’effet rebond. Longtemps protégés des contacts, les organismes ont perdu en réactivité et sont donc, temporairement, moins bien protégés.

« La crise du Covid a également eu pour effet de perturber les systèmes de santé partout dans le monde, ce qui a réduit l’accès aux soins et aux vaccins – notamment pour les enfants – pour d’autres pathologies. »rappelle l’infectiologue Anne-Claude Crémieux, présidente du comité technique des vaccinations à la Haute Autorité de santé (HAS).

Insuffisance vaccinale

Cette baisse de la couverture vaccinale est l’autre cause majeure de la recrudescence de certaines maladies infectieuses. En France, cette baisse n’a pas été observée chez les nourrissons, probablement parce que le ministère de la Santé a rendu 11 vaccins obligatoires pour les enfants nés après le 1er janvier 2018. Mais l’insuffisance vaccinale reste flagrante, notamment pour la vaccination contre la coqueluche.

« La maladie revient par vagues, tous les trois à cinq ans, en partie parce que la protection immunitaire diminue après quelques années. »explique Anne-Claude Crémieux. Une façon d’éviter cela serait de vacciner les femmes enceintes pour protéger en même temps leur nourrisson. « Mais cette recommandation formulée en 2022 par la HAS reste insuffisamment connue des professionnels et du public »elle admet.

A ces explications médicales, il faut ajouter des causes plus économiques et sociales. « Comment parler du choléra à Mayotte – une maladie provoquée par l’ingestion d’aliments ou d’eau contaminés par des bactéries – sans évoquer la pauvreté de la population et la dégradation des réseaux de distribution d’eau potable et d’évacuation des eaux usées ? »souligne Odile Launay.

Faire reculer la maladie et la mort

La grande précarité et l’exclusion sociale qui touchent certaines catégories de population – sans-abri ou migrants avec ou sans papiers – peuvent également favoriser le retour de maladies d’un autre âge comme la tuberculose ou la gale. « D’où l’importance de prendre soin de ces personnes. Pour des raisons humanitaires mais aussi de santé publique. »elle insiste.

Parce que nous ne sommes pas condamnés à subir virus, bactéries et autres parasites, qu’ils soient anciens ou émergents, sans réagir. « La crise du Covid a révélé l’extrême fragilité du monde et la vulnérabilité de nos sociétés. Mais elle a aussi montré que nous pouvions réagir et contrer la menace en un temps record.se souvient Anne-Claude Crémieux. Et si nous regardons les choses sous un angle différent, nous pouvons seulement constater que la science et l’humanité ont fait des progrès spectaculaires au cours du siècle dernier pour réduire les maladies et les décès dus aux infections sur la planète.

Ray Richard

Head of technical department in some websites, I have been in the field of electronic journalism for 12 years and I am interested in travel, trips and discovering the world of technology.
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