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pourquoi il faut minimiser l’orientation post-bac

Combien de joies et de peines se joueront derrière les écrans d’ordinateurs à partir de ce jeudi 30 mai à 19 heures ? A cette date, les formations de l’enseignement supérieur commenceront à déposer leurs réponses aux souhaits des lycéens de terminale sur Parcoursup, la plateforme de missions de l’enseignement supérieur.

Ce moment, préparé depuis le CE2, est souvent perçu par les élèves et leurs familles comme un moment de vérité : qu’est-ce que je vaux vraiment ? Que vais-je faire de ma vie ? Il ne s’agit pourtant que d’une étape, tant les passerelles et les équivalences se sont multipliées ces dernières années dans l’enseignement supérieur.

Exemple avec Samy, désormais étudiant en 3ème annéee année de licence « master génie mécanique » à la Sorbonne. Longtemps, Parcoursup et l’été 2021 lui ont laissé des souvenirs amers. Cette année-là, il croit que son rêve de devenir ingénieur s’est brisé lorsque les premiers résultats de Parcoursup apparaissent : une vague de refus d’admission en prépa scientifique.

« Il est tombé de haut, se souvient de sa mère, Meriem. Avec une moyenne générale d’environ 16 sur 20 en dernière année, il repart convaincu de sa réussite. » Après un été « horrible, où il a fini par se décider et a accepté à contrecœur une place au collège, la veille de la rentrée, une place s’est enfin libérée en prépa », elle témoigne encore. Mais le jeune homme refusa. « Il était tellement épuisé émotionnellement ».

« Rien n’est gravé dans le marbre en matière d’orientation »

Un choix douloureux, mais finalement gagnant. « Avec le recul, on se dit même que cet échec en prépa était une bonne chose » reconnaît Meriem. Son fils n’a aucun regret. « Il a trouvé un très bon cursus à l’université, avec moins de pression. Il a pu continuer à faire du sport et partir en stage à Singapour. » Ses amis pris en prépa ne sont pas tous aussi épanouis. Certains ont jeté l’éponge.

« Rien n’est figé en termes d’orientation », confirme Frédérique Alexandre-Bailly, directrice de l’Onisep. Ces dernières années, les passerelles et les admissions sur diplômes se sont multipliées dans l’enseignement supérieur, et il existe différentes manières de réaliser son rêve professionnel. y compris entrer, par exemple, dans une école d’ingénieurs, longtemps réservée aux classes préparatoires. « A cet âge où l’on peut se rendre compte que ce qu’on a choisi ne correspond pas à ce qu’on pensait, où on change aussi, il est possible de se réorienter chaque année, car des ponts existent », insiste celui qui appelle donc à « dédramatiser Parcoursup ».

Formation privée à but lucratif

Ainsi, à l’université, dès la Toussaint, une phase de réorientation est organisée, qui permet de frapper à une autre porte. « Puis, après chaque année validée, des réorientations sont également possibles, mais dans certaines limites qui tiennent à la compatibilité des programmes », explique Frédérique Alexandre-Bailly. Même chose en BTS et en prépa. De nombreux étudiants passent d’un cours à un autre, en fonction de leurs besoins. Il ne faut donc pas céder aux sirènes des formations privées à but lucratif et coûteuses qui ont fleuri ces dernières années, bâtissant leur succès sur une promesse : éviter Parcoursup et ses éventuelles désillusions.

Samy, de son côté, est désormais suspendu des résultats d’une autre plateforme : Mon master, car il souhaite poursuivre ses études l’année prochaine. Il a placé en haut de ses vœux « formation en mécanique des fluides, entre la Sorbonne et l’Université de Rome », cite sa mère. Mais cette fois-ci, en cas de refus, il n’y aura pas de drame, car l’étudiant sait que toute la formation de master qu’il a sollicitée lui garantira un titre d’ingénieur. Son rêve d’enfant est désormais bel et bien à portée de main.

William Dupuy

Independent political analyst working in this field for 14 years, I analyze political events from a different angle.
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