Laurent Boillot l’a d’abord annoncé aux partenaires sociaux de l’entreprise, réunis de manière informelle ce lundi 25 novembre matin. Puis le PDG de la maison de cognac l’a confirmé à la presse en milieu d’après-midi. Hennessy, la direction du géant français du luxe LVMH, suspend son projet expérimental d’exportation de cognac en vrac vers la Chine et de son embouteillage auprès d’un sous-traitant local.
L’initiative, qualifiée de « test », était censée contourner les surtaxes imposées par Pékin sur les eaux-de-vie européennes (1) depuis le 11 octobre 2024. Sa présentation aux salariés de l’entreprise a provoqué une grève massive la semaine dernière. Entre 500 et 600 salariés ont dénoncé un projet « aberrant et dangereux », assurant que le remède envisagé était pire que le mal. La direction, de son côté, s’est prononcée du bout des lèvres sur le lancement prochain d’une « étude » mais a réfuté toute idée de délocalisation.
En « dernier recours »
Ce lundi 25 novembre, la direction d’Hennessy a donc fait volte-face, précisant dans un communiqué suivre « de très près l’évolution de la situation politique et diplomatique ». La décision de suspendre le « projet test » intervient une semaine après les déclarations d’Emmanuel Macron le 19 novembre, en marge du sommet du G20 au Brésil.
Ce soir-là – au moment où le mécontentement des salariés du négociant grandissait à Cognac – le président de la République déclarait vouloir « trouver une issue favorable » à la surtaxation du cognac en Chine avec son homologue Xi Jinping. Emmanuel Macron a ajouté que le Premier ministre Michel Barnier devait effectuer un voyage spécial en Chine « au premier trimestre de l’année prochaine ».
« Nous étions dans une impasse. Là, il y a une lueur», a commenté Laurent Boillot lundi 25 novembre. Le PDG de la maison a ajouté que le «projet test» avait été imaginé comme un «dernier recours», au terme d’éventuelles négociations diplomatiques infructueuses. « Je veux remettre les pendules à l’heure et présenter les choses dans le bon ordre. Une étude prend du temps et mobilise beaucoup d’énergie. Rien n’a été décidé, rien n’a été lancé », a-t-il insisté.
La manifestation de jeudi maintenue
Les syndicats de l’entreprise en ont pris acte avec soulagement, estimant que « la forte mobilisation sociale de la semaine dernière avait eu son impact ». Matthieu Devers, délégué CGT et secrétaire du Conseil social et économique (CSE du commerçant), a déclaré : « La maison suspend son projet, mais ne l’enterre pas. Nous sommes à la fois soulagés et mitigés. Nous restons mobilisés. »
Aussi, la manifestation interprofessionnelle prévue jeudi 28 novembre en ville et notamment devant le Bureau National Interprofessionnel du Cognac (BNIC) est maintenue. La CGT, FO, la CFDT et la CFTC appellent tous leurs adhérents à descendre dans la rue pour exiger que l’embouteillage dans l’aire de production du cognac soit inscrit dans le cahier des charges de l’Appellation d’origine contrôlée (AOC). ).
(1) En effet, seuls les conteneurs de moins de 200 litres sont, pour l’instant, concernés par le dépôt d’une caution lourde ou la présentation de lettres de garantie bancaire. Hennessy est soumis à un supplément de 39 %.