Nous allons reparler de l’affaire Pénélope, épouse de François Fillon qui l’avait employée comme assistante parlementaire – pour peu. En mai 2022, la cour d’appel de Paris a condamné l’ancien Premier ministre à quatre ans de prison dont trois avec sursis, 375 000 euros d’amende et dix ans d’inéligibilité. Mais aussi de verser 126 167 euros de dommages et intérêts à l’Assemblée nationale, partie civile. Malgré ses efforts pour mettre en lumière une multitude de vices de procédure, la défense de l’ancien Premier ministre n’a pas obtenu l’annulation pure et simple de sa condamnation pour détournement de fonds publics, mais simplement sa future tempérance, possibilité d’un nouveau procès en appel. Les hauts magistrats l’écrivent clairement : « La cassation concerne les peines prononcées, les autres dispositions de l’arrêt seront donc maintenues. »
Selon l’article 132 du Code pénal, « toute peine d’emprisonnement sans sursis ne peut être prononcée qu’en dernier ressort, si la gravité et la personnalité de l’auteur rendent cette peine indispensable, et si toute autre sanction est manifestement insuffisante ». En lui infligeant un an sans apporter le moindre aménagement, donc en lui promettant d’aller effectivement en prison, la Cour d’appel s’était justifiée en raison de la « souci commun et constant des époux Fillon de financer leur train de vie, aussi substantiel soit-il, par des moyens illégaux ». Mais avait négligé d’écrire noir sur blanc la sentence rituelle sur l’insuffisance de toute autre peine alternative… Une formalité que la Cour de cassation, toujours minutieuse en la matière, n’a pas laissé passer.
La deuxième raison de rejouer le match concerne le montant des dommages et intérêts. La cour d’appel les avait fixés à la totalité des salaires perçus par Pénélope Fillon au service de son mari (de 1998 à 2002 puis en 2012 et 2013) et de son adjoint dans la Sarthe (2002-2007). En les jugeant « manifestement surévalué par rapport aux activités réellement exercées ». Cependant, si les enquêteurs n’ont trouvé que très peu de traces de son travail réel, il restait quand même quelques lettres : son emploi peut donc être qualifié de largement fictif, mais pas totalement. D’où ce rappel à l’ordre de la Cour de cassation : « Le montant du préjudice ne saurait correspondre à l’intégralité des salaires versés, qui, selon le tribunal, n’étaient pas dénués de toute contrepartie. » Au risque d’ennuyer les fans, la série Fillon n’est pas encore terminée.