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Pourquoi est-ce important. Eurosatory, l’exposition des guerres modernes

La dernière édition s’est déroulée sous le choc de l’invasion de l’Ukraine par l’armée russe. Deux ans plus tard, c’est la course aux armements et le salon international de défense Eurosatory, qui s’ouvre ce lundi pour une semaine au parc des expositions de Paris Nord Villepinte, affiche logiquement complet.

Cet événement biennal, qui sera inauguré par le ministre des Armées Sébastien Lecornu, intervient alors que les dépenses mondiales de défense, en constante augmentation depuis 2014, ont encore augmenté de 9% en 2023. L’année dernière, elles ont atteint le montant de 2 200 milliards de dollars, dont la moitié va aux pays de l’Otan, selon l’Institut international de recherche sur la paix (Sipri). Un record, signe d’une demande énorme en armes et munitions, notamment dans la défense sol-air.

61 pays représentés

Pour Eurosatory, cette tendance se traduit en chiffres : 2 015 exposants contre 1 743 en 2022, qui marquait la première édition du salon après quatre ans d’absence pour cause de crise sanitaire. 61 pays seront représentés et 250 délégations officielles sont attendues à ce grand rendez-vous qui « se veut la vitrine technologique et internationale incontournable du secteur ».

« Le spectacle était complet, c’est historique. Il n’a jamais atteint ce niveau-là», se réjouit son commissaire général Charles Beaudouin. Le nombre d’entreprises présentes au salon des drones a augmenté de 71 %, l’offre de défense sol-air a bondi de 37 %, et celle du cyber de 20 %.

L’intelligence artificielle au centre du salon

Signe de l’évolution des techniques de combat, l’intelligence artificielle (IA) sera au centre du salon, à travers ses recherches sur le traitement de l’image (vidéosurveillance et suivi de cible), les données (consommation de carburant, température…) et le langage (synthèse des documents et renseignements). « La fiabilité de l’IA est encore empirique et nécessite un réel travail pour la fiabiliser et la standardiser », reconnaît Eurosatory au moment de « dresser un état des lieux exhaustif des avancées majeures » dans ce domaine technologique.

Par ailleurs, parmi les 43 pavillons nationaux représentés, ceux de l’Ukraine, de l’Arabie Saoudite et des Émirats sont présents pour la première fois. « Ces trois pays sont emblématiques d’États qui veulent se renforcer avec un objectif de relative suffisance nationale sur un horizon de temps assez court », explique Charles Beaudouin. Pour ce faire, ils doivent former des partenariats pour renforcer leur base industrielle de défense.»

Mais l’émission s’ouvre alors qu’en France, des doutes surgissent sur l’avenir des 413 milliards d’euros que la loi de programmation militaire prévoit de consacrer à la défense d’ici 2030, en cas d’alternance début juillet.

Réduire les délais de fabrication

C’est lors de l’émission précédente que le président Emmanuel Macron avait appelé la France à passer à une « économie de guerre ». Une annonce qui « commence à porter ses fruits avec une réduction du cycle de fabrication et une augmentation de la cadence de production dans un certain nombre de secteurs (canons César et missiles Mistral notamment) », souligne la direction d’Eurosatory.

Concrètement, il ne s’agit pas de mobiliser l’appareil de production et les richesses du pays vers les besoins militaires, de « passer de la production de poêles à frire aux B-17 », ces bombardiers américains de la Seconde Guerre mondiale. , comme le résume le commissaire général du spectacle. Mais plus modestement pour réduire les délais de fabrication et augmenter les capacités de production en cas de besoin soudain. Les industriels français de la défense ont entrepris les travaux, notamment pour l’artillerie, les obus et les missiles.

En 2022, le conflit en Ukraine a confirmé la tendance au retour des conflits de haute intensité, qui se gagnent sur la durée, l’endurance et la robustesse des hommes et des matériels, où fait également rage la guerre de l’information. « C’était un spectacle d’étonnement, trois mois et demi après l’invasion russe de l’Ukraine, le retour d’une guerre de haute intensité avec de très lourdes pertes humaines et matérielles », se souvient Charles Beaudoin. Deux ans plus tard, les Etats ont pris la mesure. »

Entreprises israéliennes

Le tribunal de Bobigny a ordonné vendredi l’interdiction de la participation des fabricants d’armes israéliens au salon de défense Eurosatory, une mesure que le gouvernement français avait déjà prise fin mai après un bombardement meurtrier d’un camp de déplacés à Rafah par l’armée israélienne. .

Quatre ONG avaient déposé une demande de mesures provisoires estimant que l’annulation des participants israéliens n’est pas suffisante pour mettre fin au « risque de dommages imminents et de troubles manifestement illégaux ». Ils estiment que la société Coges Event, organisatrice du salon, « n’a pas interdit aux vendeurs et acheteurs israéliens d’accéder au salon, ce qui caractérise le délit de complicité de crime ».

Le tribunal a ainsi ordonné à Coges Events d’interdire « la participation sous quelque forme que ce soit » de ces industriels et de tout employé ou représentant des sociétés d’armement israéliennes. Il interdit également « à d’autres sociétés ou exposants d’accueillir des représentants de sociétés d’armement israéliennes sur leurs stands, ou de vendre ou de promouvoir des armes israéliennes ».

Parmi les 2 000 exposants, 74 entreprises israéliennes, dont les principaux fabricants israéliens de défense, étaient attendues. Samedi, les organisateurs du salon ont annoncé qu’ils comptaient faire appel de cette décision.

William Dupuy

Independent political analyst working in this field for 14 years, I analyze political events from a different angle.
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