pourquoi Eric Ciotti veut s’attaquer à « l’impôt sur la mort »
Publié le 23 mai dans Le Figarole titre de la colonne est explicite : « Nous voulons la mort de l’impôt sur la mort »écrivent Eric Ciotti, président du parti Les Républicains (LR), et François-Xavier Bellamy, tête de liste de droite aux élections européennes du 9 juin. En fait, le premier a passé la plume au second, dont les arguments pour défendre cette initiative sont autant économique et politique que philosophique. « Nous avons un système fiscal qui ralentit la transmissionaccuse le député européen. Je crois à la transmission, qu’il s’agisse de valeurs, de culture ou de biens. »
Dans son parti, l’idée n’est pas disruptive, mais Eric Ciotti revendique sa cohérence sur le sujet. « C’est une des thématiques qui m’a permis d’émerger lors de la primaire pour la présidentielle de 2021 », avoue l’ancienne finaliste surprise face à Valérie Pécresse. A l’époque, le député des Alpes-Maritimes cherche à incarner une droite plus libérale économiquement et prend le relais. la notion d’« impôt sur la mort » par l’économiste américain Milton Friedman (1912-2006). Après avoir défendu, dans les années 1960, l’idée qu’une économie de marché sans héritage était viable, Friedman dénonce ensuite un impôt qu’il juge immoral.
En 2021, la candidate Ciotti reprenait les travaux de l’économiste américain pour défendre l’idée de supprimer les droits de succession sur les patrimoines inférieurs à 5 millions d’euros. Il réclame aujourd’hui d’aligner le système des droits de succession sur le prélèvement le plus vendu en Europe, à savoir l’Italie, soit 1 million d’euros, contre 100 000 euros actuellement par héritier.
Coût élevé
Les droits de succession ont été réduits, voire supprimés, dans la majorité des trente-huit pays de l’OCDE, en partie à cause de leur impopularité. Un argument repris par M. Ciotti. « La gauche ne comprend pas, mais les Français ont du bon sens et disent qu’on ne peut pas avoir travaillé toute une vie et être à nouveau taxé sur ce patrimoine »il dit.
L’argument de l’impopularité fait sourire Guillaume Allègre, économiste à l’Observatoire français des conjonctures économiques et auteur de plusieurs ouvrages sur les successions. «La droite s’attaque aux droits de succession au motif qu’il s’agit d’un impôt impopulaire. Mais elle oublie de rappeler que l’ISF (l’impôt de solidarité sur la fortune) était l’impôt le plus populaire. Si nous acceptons cet argument, nous devrions rétablir les FSI. Mais ce n’est pas vraiment le souhait de LR. » Sans compter qu’en effet, une grande partie des Français ne sont pas concernés par les droits de succession, du fait des allègements et exceptions déjà en vigueur.
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