Pourquoi Emmanuel Macron ne cesse jamais de prendre son temps
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Pourquoi Emmanuel Macron ne cesse jamais de prendre son temps

Pourquoi Emmanuel Macron ne cesse jamais de prendre son temps
Emmanuel Macron à l'Arena Bercy, à Paris, le 10 août 2024.

LDe la fumée blanche, enfin. Ou presque. Cinq jours après la fin des Jeux olympiques (JO), entre deux cérémonies commémoratives dans le Var – à Saint-Raphaël jeudi et à Bormes-les-Mimosas samedi, pour le 80e anniversaire du débarquement en Provence –, Emmanuel Macron a dévoilé son calendrier : il recevra les chefs de parti et de groupe parlementaire le 23 août à l’Elysée, avant de nommer un Premier ministre la semaine suivante. L’Elysée explique qu’il s’agit d’une date « concerté » avec les intéressés, qui ne seraient pas tous revenus de vacances. Quelles que soient les explications avancées, le président de la République a clairement choisi de prendre son temps pour prendre acte du vote des Français, sept semaines après qu’ils se soient exprimés le 7 juillet. « Il faut faire les choses dans l’ordre, c’est-à-dire un temps de décantation avant celui de la coalition »il a argumenté en privé.

Au lendemain du second tour des législatives, son silence avait surpris, alors que la menace d’une arrivée au pouvoir de l’extrême droite venait d’être écartée, sur le fil. Après avoir brutalement mis le pays sous tension, en imposant des législatives précipitées, mal préparées, qui n’avaient pas laissé aux candidats le temps de se retourner, encore moins de débattre sur le fond, Emmanuel Macron avait semblé se désintéresser du verdict des urnes sitôt les élections passées.

Comme s’il s’en lavait les mains, peu pressé de reconnaître sa défaite et celle de son camp (rejeté à deux reprises, aux élections européennes et législatives), laissant les Français, pourtant nombreux aux urnes, affamés, en quelque sorte « snobés ». Soudain, parce qu’il l’avait décidé ainsi, il devenait urgent d’attendre…

Fais comme s’il avait gagné

Le mercredi 10 juillet, avec sa lettre aux Français, puis le mardi 23 juillet, sur France 2, il avait encore gagné du temps, imposant une « Trêve olympique » après avoir renvoyé les partis et les groupes parlementaires – qu’il a appelés à former une coalition dont il s’est permis de définir lui-même les contours – à leurs « responsabilités », oubliant que la sienne, constitutionnelle (article 8), l’oblige à tirer les leçons du vote et à nommer un Premier ministre, même si aucune majorité claire ne se dégage.

Un mois et demi après sa défaite, Emmanuel Macron fait comme s’il avait gagné et que tout dépendait encore de lui, et la France n’a toujours pas de nouveau gouvernement. Un retard inédit et inquiétant qui place le pays dans une situation totalement inhabituelle, avec des ministres chargés des « affaires courantes » mais qui continuent de prendre des décisions cruciales (la préparation du prochain budget, par exemple), tout en participant aux premiers votes dans l’hémicycle (sur la répartition des postes, en juillet), au mépris de la séparation des pouvoirs.

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