C’est un événement scruté de toutes parts : la divergence de l’EPR de Flamanville qui marquera le démarrage officiel du 57ème réacteur nucléaire français. Très attendu, le moment s’annonce historique, la dernière opération de ce genre en France ayant eu lieu il y a 25 ans, à Vienne, avec le démarrage du deuxième réacteur de la centrale de Civaux. Mais il faudra s’armer d’un peu plus de patience…
Première réaction en chaîne
Initialement prévu en juillet, à Flamanville dans la Manche, le passage de cette étape clé au cours de laquelle se déroule la première réaction en chaîne au coeur du réacteur a dû être reporté, en raison, selon nos informations, d’un certain nombre de problèmes techniques rencontrés par EDF.
« Quand Luc Rémont (PDG d’EDF NDLR) a indiqué que la divergence était imminente, début juillet, elle l’était, mais le réacteur a dû être replié en raison d’un certain nombre de problèmes techniques », explique une source au fait des essais réalisés sur place, à Flamanville. « Des problèmes de capteurs ont été identifiés ainsi que des difficultés avec un doigt de gant dans le circuit primaire », précise une autre source qui pointe également un problème rencontré avec les bobines de mesure de position des grappes de contrôle du réacteur.
« Les essais et contrôles nous ont conduit à réaliser quelques opérations de maintenance pour fiabiliser certains équipements, comme les capteurs, et à refaire certains tests. Pour réaliser ces interventions, il a fallu placer le réacteur et les circuits dans les configurations adéquates en termes de température et de pression », confirme EDF.
Selon l’optimisme des équipes du groupe public, ces défauts ne bloquent pas le démarrage de l’EPR de Flamanville, toujours prévu pour « l’été », c’est-à-dire avant le 21 septembre. « Ce qui guide notre action, c’est la sécurité et la fiabilité industrielle. Nous prenons le temps nécessaire pour atteindre ces deux critères », affirme encore le groupe.
Une nouvelle fenêtre pour diverger
Extrêmement précis, le démarrage d’un réacteur nucléaire implique de réaliser une batterie de tests, à chaud et à froid, afin de vérifier le comportement adéquat de tous les équipements. Le tout avec des échanges très réguliers avec les équipes de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) qui devront donner leur feu vert pour amorcer cette fameuse divergence.
Une nouvelle fenêtre pourrait néanmoins s’ouvrir pour EDF, qui finalise actuellement ses essais sur son réacteur. Selon nos informations, les équipes de l’énergéticien public achèvent la rédaction de la demande d’autorisation de divergence qui doit être formellement adressée à l’ASN dans les prochains jours. Une fois cette demande reçue, l’Autorité de sûreté aura, au moins, quatre jours pour répondre et déclencher l’accélération des neutrons dans la cuve de l’EPR pour enfin ouvrir la voie à la production d’électricité.