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La retraite surprise d’Antoine Griezmann et l’imbroglio autour de Kylian Mbappé ont fragilisé le sélectionneur de l’équipe de France, déjà critiqué pour son jeu.
Vous pouvez afficher sur votre CV le meilleur palmarès du football français, ayant battu le record de longévité à la tête des Bleus mais connaissant des zones de turbulences. « S’il y avait un environnement un peu plus serein, ce serait mieux pour l’équipe de France. » Didier Deschamps l’a même avoué devant la presse en annonçant sa liste pour les matches contre Israël (jeudi 10 octobre) et la Belgique (lundi 14 octobre). Côté sérénité, nous reviendrons.
Parce que « Grizou » lui a joué un mauvais tour
Personne n’avait vu venir la retraite internationale d’Antoine Griezmann, pilier de l’équipe de France pendant une décennie et âme de l’ère Deschamps. Une annonce au timing curieux, un lundi matin, trois jours avant l’annonce d’une liste pour les matches contre Israël et la Belgique. Selon l’émission « Téléfoot », « Grizou » avait déjà souhaité monter sur le terrain avec Deschamps en 2019, mais l’entraîneur avait fait le déplacement à Madrid pour le convaincre de poursuivre en sélection.
Quelques semaines avant cette annonce, le numéro 7 des Bleus assurait sur TF1 que « désir (était) toujours là »avec l’ambition de pousser jusqu’à la Coupe du monde 2026, organisée en Amérique du Nord. « C’est son choix et cela lui fait du bien d’avoir fait ce choix »» a lancé en touche Didier Deschamps, prévenu quelques heures avant l’annonce par Antoine Griezmann. « DD » a refusé de voir un lien avec le déclassement du joueur chez les Bleus.
Lors de l’Euro, Antoine Griezmann avait en effet été déplacé de poste en poste, jusqu’à se retrouver sur le banc lors de la demi-finale perdue contre l’Espagne (1-2), un énième serpent avalé par l’attaquant de l’Atlético Madrid, déjà touché par ne pas avoir été nommé capitaine au détriment de Kylian Mbappé. « Qu’il aurait pu avoir une déception passagère, c’est sûr »a tempéré le sélectionneur. « Ça l’a affecté »a répondu Olivier Giroud, autre retraité prestigieux, et proche d’Antoine Griezmann.
Parce qu’il a été obligé d’épargner Kylian Mbappé
L’autre leader de l’équipe de France a également défrayé la chronique ces derniers jours. Officiellement en convalescence, l’attaquant du Real Madrid a disputé deux matches en quatre jours avec son club, tout en étant exempté de l’équipe de France. De là à voir une prise de pouvoir des clubs sur la sélection, il n’y a qu’un pas. Dans un entretien publié sur les réseaux sociaux de la FFF, Didier Deschamps semble cautionner le déclassement de l’équipe nationale : « Il faut aussi rappeler que l’employeur, c’est le club. Ce n’est pas la fédération.
Un constat presque résigné qui tranche avec les propos du coach. « Il n’y a rien au-dessus de l’équipe nationale. Ce maillot bleu-blanc-rouge est sacré”il a argumenté dans Le Parisien après le titre mondial de 2018. Deux ans plus tôt, dans le magazine L’éléphantil érige en dogme le « contrat moral » entre les internationaux et la Fédération : « Vous êtes peut-être le meilleur joueur du meilleur club professionnel, mais il n’y a rien de plus beau que de jouer – et de gagner – le Championnat d’Europe ou la Coupe du Monde. »
Cette ligne de conduite l’a poussé en 2019 à tenir tête aux plus grands clubs du monde, le Bayern Munich et le Paris Saint-Germain, qui voulaient épargner Lucas Hernandez et… Kylian Mbappé (déjà) en sélection. « Il ne faut pas que les clubs pensent qu’ils vont me mettre un peu de pression, quoi qu’il en soit »rétorqua, bravade, le coach. Le discours a radicalement changé aujourd’hui.
Parce que le jeu proposé n’enthousiasme pas les foules
En attendant l’annonce du sélectionneur, aucun nom ne émerge vraiment pour mettre le brassard de capitaine en l’absence (longue durée) d’Antoine Griezmann et (temporaire) de Kylian Mbappé. Les deux candidats naturels, Adrien Rabiot et Aurélien Tchouaméni, sont encore dans une forme physique précaire et n’ont ni l’expérience ni l’aura de leurs prédécesseurs. Un flou artistique qui se reflète dans la tactique et le fond de jeu laborieux proposé par les footballeurs français depuis de longs mois.
Pendant longtemps, on a passé beaucoup de temps sur les Bleus sur l’autel des résultats, mais leur Euro soporifique avec un but inscrit dans le match pour accéder en demi-finale sans complètement convaincre a fini par lasser même leurs plus ardents supporters. « C’est très énervant à regarder, mais c’est comme ça, ça fait gagner »a reconnu Antoine Griezmann. Contrairement à son habitude, Didier Deschamps n’a pas pris le temps de débriefer la grande compétition avec un média durant l’été.
Selon RMC et L’équipecertains joueurs se sont même exprimés pour remettre en question le plan de jeu du sélectionneur début septembre, après la déroute contre l’Italie (1-3). Un fait rarissime sous le règne de Didier Deschamps, réputé comme un fin manager. Une légère amélioration a été constatée face à la Belgique (2-0) et demande confirmation lors des prochaines rencontres.
Parce que la Fédération n’a plus de capitaine
Ce n’est peut-être pas entièrement une coïncidence si le navire tangue lorsque son capitaine est en campagne. Philippe Diallo, initialement successeur par intérim de Noël Le Graët, est en campagne pour un mandat de quatre ans, et en attendant que sa légitimité soit pleinement établie, ses propos pèsent moins. Même s’il a appelé « préserver les sélections nationales » et à « trouver un équilibre » avec les clubs, certains comme le Real Madrid étant impliqué dans sept compétitions (et poussant ses joueurs appelés par d’autres sélections à se déclarer malades). « Nous devons convaincre le monde entier du football que rejoindre l’équipe nationale est un honneur »a-t-il admis.
Il en faudra plus pour que Didier Deschamps se sente sous pression. En dix ans de mandat, il a connu des bas et quelques crises extra-sportives gratinées (l’affaire de la sex tape, la chute de Noël Le Graët, etc.) et a toujours su rebondir : « La fonction que j’occupe est toujours exposée, il a admis il y a quelques jours. Je vis avec. Il y a des choses qui peuvent être agréables, d’autres moins quand ce ne sont pas des choses factuelles qui ne sont pas la réalité, mais je ne vais pas gaspiller d’énergie là-dessus.«