Pourquoi devriez-vous sortir les liquides de votre bagage cabine

Certains aéroports français se sont équipés de machines dernier cri pour contrôler les bagages en cabine, d’où il n’est plus nécessaire de prélever les liquides. Mais une décision européenne impose à nouveau de les présenter dans un bac séparé. Explications.

Sortir ses affaires de son bagage cabine est un rituel bien connu des voyageurs en avion. Lors des contrôles de sécurité avant l’embarquement, les liquides et appareils électroniques doivent être présentés séparément de votre valise ou sac avant de passer au scanner de détection des marchandises dangereuses.

Sauf que depuis quelques mois, il n’est plus nécessaire de déposer ces produits dans une poubelle séparée. Certains aéroports, à Paris, Lyon et Marseille, se sont en effet équipés de machines à la pointe de la technologie, qui fluidifieront cette étape des contrôles et laisseront potentiellement passer aussi les liquides de plus de 100 millilitres, ce qui n’était pas encore appliqué en Europe.

Mise en garde olympique

Ce sont des cabines, dites EDS (« système de détection d’explosifs ») de norme C3, nous a indiqué la Direction générale de l’aviation civile (DGAC), qui permettent cette prouesse. Mais aura-t-elle été de très courte durée ?

Depuis début août, et même dans les aéroports équipés de ces cabines, il est désormais nécessaire de retirer à nouveau les liquides de ses bagages. La conséquence d’une décision prise au niveau européen.

« À partir du 1er septembre au plus tard, les aéroports devront à nouveau exiger des passagers qu’ils ne transportent pas de bouteilles de plus de 100 millilitres et qu’ils les retirent de leurs bagages lors des contrôles de sûreté », note un article du Monde. Une information que la DGAC nous a confirmée.

En France, la DGAC a donc anticipé cette mesure : les passagers doivent à nouveau sortir leurs liquides, à hauteur de 100 ml par bouteille et dans un sac transparent de 1 litre maximum depuis le 1er août.

« Cette décision a été prise notamment pour assurer le meilleur niveau de sécurité durant cette période des Jeux olympiques même si aucune menace particulière n’est apparue à ce jour », explique l’administration chargée de la sécurité et de la sûreté du transport aérien.

Une décision « temporaire »

Mais quel problème de sécurité posaient ces nouveaux scanners, alors même qu’ils sont autorisés par l’Union européenne depuis fin 2021 ?

« Nous avons eu des retours d’aéroports dans certains Etats membres, qui corroborent ce qu’avaient également observé les Américains et les Britanniques : dans certains cas très rares, au-delà d’une certaine quantité de liquide, (ces scanners) détectent mal les explosifs », a expliqué la Commission européenne au Monde.

De son côté, la DGAC évoque « une difficulté technique avec ce type d’équipement qui devrait trouver une solution dans les prochains mois ».

On peut donc espérer un retour au calendrier initialement prévu en Europe, avec une généralisation de ces nouveaux équipements prévue à l’horizon 2030.

« La décision devrait donc être temporaire et non définitive », nous a confirmé la DGAC.

Craintes d’espionnage chinois ?

L’administration française dément également les rumeurs de pressions américaines concernant les équipements de contrôle, dont l’un des principaux producteurs est chinois, avec des risques d’espionnage sur les données sensibles contenues dans les bagages :

« Il existe des producteurs (de ces scanners) de différentes nationalités, notamment américaines, et les décisions européennes et françaises s’appliquent à tous les équipements, qu’ils soient d’origine chinoise, américaine ou autre. Elle n’est donc pas motivée par des problèmes de sécurité liés à l’entreprise chinoise qui existe sur le marché des EDS au standard C3. »

Des conséquences à relativiser

Pour la DGAC, les conséquences de cette décision sont également à relativiser. Peu d’aéroports étaient encore équipés et parmi eux, il n’était pas garanti que les passagers passent par ces scanners de dernière génération. On compte par exemple 10 postes de dépistage sur 200 à l’aéroport de Paris-Charles-de-Gaulle.

« La probabilité qu’un passager puisse laisser des liquides dans son bagage à main était faible. »

Cela rassure également sur les investissements réalisés par les aéroports européens dans ces nouvelles machines, avec « des ordinateurs et autres équipements électroniques qui peuvent rester dans les bagages sous réserve d’être inspectés et filtrés » par ces machines de dernière génération, souligne la DGAC.

Cela permettra déjà de fluidifier cette étape des contrôles en attendant de pouvoir à nouveau laisser des liquides dans les bagages à main.