pourquoi Dacia a fait appel après la disqualification de Sébastien Loeb (Autos)

Sébastien Loeb s’offre ce mercredi matin, sur le bivouac d’Al-Henakiyah, un luxe dont il se serait bien passé : une grasse matinée. Disqualifié mardi soir par les commissaires sportifs de la FIA après un rapport du délégué technique stipulant que son Sandrider n’offrait plus de garanties de sécurité suffisantes pour reprendre la course après avoir fait des tonneaux au kilomètre 12 de la spéciale du jour, l’Alsacien va rentrer en Europe. Dacia, qui a encore deux voitures en course – dont une toujours dans le coup pour la victoire (Nasser al-Attiyah est 2e du général, à 7’17 » de Lategan) -, poursuit évidemment sa route, avec une étape marathon programmée sur les deux prochains jours.

Avant de prendre la direction de Hail, Tiphanie Isnard, Team Principal de Dacia, a accepté de nous détailler les raisons de l’appel déposé la veille au soir. « Le montant de l’arceau de sécurité du côté de Fabian (Lurquin, le copilote) était déformé. Je précise bien déformé et non pas fissuré, commence-t-elle. C’est la raison pour laquelle la FIA a estimé que la voiture n’était plus en sécurité. Nous n’avons pas eu suffisamment de temps pour défendre notre point de vue puisqu’ils sont sortis de notre tente à 19h30 et nous étions convoqués à 20h45, ce qui ne nous a pas laissé l’opportunité de pouvoir faire nos calculs. Nous estimons donc que nous avons besoin de défendre notre point de vue et défendre le fait que, selon nos calculs, la voiture apparaît toujours en sécurité. Nous n’attendons rien de plus que de pouvoir nous exprimer pour que cela ne se reproduise plus et qu’on nous laisse l’opportunité, en tant que constructeur de notre châssis et personne responsable, de dire que notre voiture est en sécurité. Nous ne mettrons jamais en défaut nos équipages. On veut juste s’expliquer. »

Levé tôt lui aussi, avec une forte envie « d’aller faire la course dans le désert » qu’il ne pourra pas assouvir, Fabian Lurquin a lui aussi donné son analyse du dossier. « Chacun a son point de vue, d’un côté la FIA a une ligne très ferme qui est la même pour toutes les disciplines et qui dit que dès que quelque chose a bougé et a été déformé (sur l’arceau de sécurité), on ne peut plus y aller. D’un autre côté, objectivement, on sait que notre voiture est toujours « safe ». On aurait donc envie d’y aller. Le rallye-raid est une discipline ou faire un tonneau et repartir, ça fait cinquante ans qu’on le fait et on ne s’est pas tous tué au crash suivant donc j’ai l’impression qu’il faudrait que la ligne de la FIA bouge un peu pour éviter ce genre de situation, qui n’est pas la plus juste. Je comprends leur position, il y a une ligne tracée et ils la font respecter mais peut-être que pour notre discipline, différente du circuit, on pourrait faire évoluer la ligne. »

Dacia dispose de 96 heures, après avoir déposé son appel, pour constituer son dossier, qui sera examiné dans plusieurs semaines, sans doute par la Cour d’appel internationale de la FIA. Sans espoir d’obtenir une quelconque compensation sportive puisque c’est bien sans Loeb que le Dakar va se poursuivre et aller à son terme. « On sait que la procédure n’aura pas d’impact sur le sport, bien malheureusement, regrette Isnard. Mais elle peut avoir impact sur le futur, dans la manière dont on traite ces sujets très sensibles de sécurité, dont les conséquences sont terribles pour une équipe quand on l’arrête. »